Pénurie de main-d'œuvre au Canada, même les pères Noël manquent à l'appel

Des urgences partiellement fermées, des restaurants qui n'ouvrent plus le midi et des centres commerciaux sans père Noël : au Canada, de nombreux secteurs sont confrontés à une pénurie de main-d'œuvre sans précédent, qui handicape la reprise post-COVID.

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Une affiche sur la boulangerie Le Toledon à Montréal le 11 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

À quelques semaines des fêtes de fin d'année, Jeff Gilroy, de l'agence Just Be Claus, s'arrache les cheveux: il a recruté seulement 24 pères Noël quand il lui en faudrait dix fois plus. "J'ai dû dire non à 200 événements, et je continue d'en refuser tous les jours", regrette-t-il.

De son côté, Eric Igari a tout tenté : faire appel à des amis et même à des clients réguliers pour combler les trous dans le tableau de service de son restaurant mexicain, Corazon de Maiz, à Ottawa. Sur sa devanture, comme devant beaucoup de commerces dans la capitale canadienne ou à Montréal, une affiche vante : "ici on embauche". "C'est très difficile", explique le restaurateur, pendant que sa femme lave des tomates en cuisine. Tous deux ont les traits tirés.

Cet été, la levée des restrictions liées à la pandémie dans les restaurants a entraîné le retour des clients. Mais, avec deux employés toujours manquants, le couple n'est pas en mesure de répondre à la demande. Il y a peu, un cuisinier tout juste recruté a travaillé trois heures avant de démissionner, estimant que le travail était trop difficile et le salaire insuffisant. "Maintenant, nous sommes contraints de fermer plus tôt parce que ma femme et moi sommes épuisés", déplore M. Igari.

"Catastrophe"

Au total, le Canada recensait en août 871.600 postes vacants, dont 156.800 dans la restauration et 121.300 dans la santé, soit près de deux fois plus qu'en 2019, selon les chiffres de Statistiques Canada publiés en octobre.

Globalement, 55% des entrepreneurs affirment avoir des difficultés à recruter, ce qui les oblige à travailler de plus longues heures et à reporter ou à refuser des commandes, d'après une étude de la banque des entrepreneurs canadiens. Et plus du quart d'entre eux peinent à retenir leur personnel.

Les industries les plus touchées sont la santé, l'alimentation, les entreprises manufacturières et la construction, notamment en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique

Une affiche sur la porte du restaurant La Panthere Verte à Montréal le 11 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au Québec, les grandes fédérations patronales ont lancé la semaine dernière un cri d'alarme : parlant de "crise sans précédent" et de "catastrophe économique", elles ont appelé le gouvernement à ouvrir davantage les vannes de l'immigration.

Plusieurs facteurs expliquent la situation, dont le vieillissement de la population et la baisse récente de l'immigration en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie, levées en septembre seulement, explique Travis Stratton, économiste chez Deloitte Canada.

Dans la restauration, comme ailleurs dans le monde, de nombreux employés ont opté pour une reconversion et sont "maintenant à la recherche de plus de stabilité", ajoute-t-il.

Les tensions dans le secteur médical sont particulièrement problématiques. Dans le sud-ouest de Montréal, l'hôpital de Lachine a récemment fermé son service d'urgence après 19h30 en raison d'un "manque critique d'infirmières", explique une de ses porte-parole, Gilda Salomone.

Cette pénurie de main-d'oeuvre a poussé les provinces du Québec et de l'Ontario à renoncer à imposer aux soignants la vaccination contre le COVID.

Seuls des ados postulent

Dans certains secteurs, les salaires s'envolent pour attirer les candidats mais ce n'est "pas une option pour de nombreuses petites entreprises qui peinent encore à récupérer les pertes attribuables à la pandémie", estime Jasmin Guénette de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

En moyenne, une PME au Canada a accumulé 170.000 USD canadiens (119.000 euros) de dettes au cours de la pandémie, selon un sondage de cette fédération. Et environ 180.000 entreprises, soit une sur six, risquent de mettre la clé sous la porte.

"On n'est pas compétitif car on ne peut pas se le permettre", reconnaît Romain Beiso, patron du café Mère-Grand, dans le centre-ville de Montréal.

En 21 semaines, il a reçu à peine cinq candidatures, dont celles de trois adolescents, pour des postes de barista et de cuisinier. "Là, ça fait un moment que je n'en ai plus", déplore-t-il, évoquant un "désastre".

Pour son établissement quatre étoiles, Benoit Pretet, directeur de l'hôtel Place d'Armes dans la métropole québécoise, recherche environ 25 employés à tous les postes, de la réception à l'entretien des chambres, en passant par les cuisines. "On a du mal à ouvrir l'hôtel à 100% lorsque la clientèle est là", déplore M. Pretet, se disant "préoccupé par la saison des fêtes" et le printemps 2022.


AFP/VNA/CVN

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