Ouverture de pourparlers interlibyens en Tunisie, l'ONU "optimiste"

Des représentants libyens de tous bords ont débuté lundi 9 novembre des pourparlers directs en Tunisie, sous l'égide de l'ONU, relançant l'espoir d'un accord sur un nouveau gouvernement unifié et l'organisation d'élections, après neuf ans de conflit.

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Des représentants libyens participent à une série de négociations à Gammarth, près de Tunis, le 9 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, s'est dite "optimiste", évoquant "une lueur d'espoir". En ouverture, le président tunisien Kais Saied a appelé à saisir ce "rendez-vous avec l'Histoire".

Dans le sillage d'une embellie diplomatique, ce Forum de dialogue politique réunit durant environ une semaine 75 Libyens de tous bords à Gammarth, près de Tunis.

Ces participants ont été sélectionnés par l'ONU, y compris parmi les deux principaux camps rivaux : celui de l'Ouest, le gouvernement d'union (GNA) reconnu par les Nations unies et basé à Tripoli, et celui de l'Est, incarné par le maréchal Khalifa Haftar qui dispose du soutien d'un Parlement élu et de son président, Aguila Saleh.

L'objectif est de sortir la Libye du chaos dans laquelle elle a sombré après la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le contexte du Printemps arabe.

Toutes les initiatives diplomatiques des dernières années ont échoué à résoudre ce conflit qui a vu l'implication croissante de puissances étrangères : le GNA est soutenu militairement par la Turquie tandis que le camp Haftar est notamment appuyé par les Émirats arabes unis, la Russie et l'Égypte.

"Entre vos mains" 

Pour Peter Millett, ancien ambassadeur britannique pour la Libye, le but premier est d'obtenir un accord sur un calendrier électoral de court terme. Ceci exige "un message clair de la communauté internationale" sur le fait  "qu'elle sanctionnera quiconque entravera les processus".

Un consensus est réalisable "si les forces étrangères s'abstiennent de toute ingérence", a relevé le président tunisien.

"Le futur de la Libye est entre vos mains", a exhorté Antonio Guterres, dans un message vidéo adressé aux participants. Le patron de l'ONU a appelé au respect de l'embargo sur les livraisons d'armes vers la Libye.

Le président tunisien Kais Saied s'exprime à l'ouverte de pourparlers libyens à Gammarth près de Tunis, le 9 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les forces rivales ont cessé les combats en juin, après l'échec de l'offensive lancée en avril 2019 par les pro-Haftar pour prendre Tripoli.

Cette accalmie a permis aux camps rivaux de retourner à la table des négociations.

Depuis septembre, des réunions thématiques se sont succédé au Maroc, en Égypte et en Suisse.

En octobre, les deux principaux camps ont conclu un accord de cessez-le-feu permanent, ouvrant la voie notamment à une reprise de la production pétrolière, économiquement vitale pour un pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.

"Longue souffrance" 

À Gammarth, un accord sur l'organisation d'élections nationales à court terme doit favoriser la fin d'un période de transition interminable qui a miné les institutions et leur capacité à répondre aux besoins des Libyens.

Les participants sont aussi chargés de choisir un conseil présidentiel de trois membres représentant la Cyrénaïque (Est), la Tripolitaine (Ouest) et le Fezzan (Sud) -les trois grandes régions libyennes-, et un chef de gouvernement.

Ils devront s'accorder sur la façon de faire valider ces nominations par les institutions libyennes.

Ce Forum de Gammarth comprend 26 membres désignés par le Parlement pro-Haftar et le Haut conseil d'État -l'équivalent d'un sénat- basé à Tripoli. Les 49 autres participants ont été invités par l'ONU de façon à représenter les différents pôles du pouvoir et de la société : villes, tribus, forces politiques...

Ils ont tous renoncé à briguer un mandat dans les institutions résultant de ces pourparlers qui se déroulent dans un hôtel cossu en banlieue de Tunis, hors d'atteinte des journalistes, officiellement pour limiter les risques de contagion du COVID-19.

L'ambassadeur européen pour la Libye, Jose Sabadell, qui a suivi l'ouverture en visio-conférence parmi de nombreux autres diplomates, a souligné le "soutien ferme" de l'UE.

"Il y a sur le dossier libyen des signaux encourageants", "une dynamique positive", a jugé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Rabat.

Le pape François a exprimé dimanche l'espoir que ce dialogue mette fin à "la longue souffrance du peuple" libyen.

Mais celui-ci demande à voir. Si certains médias qualifient ces pourparlers de "dernière chance", d'autres redoutent une nouvelle transition prolongée.


AFP/VNA/CVN

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