Naufrage d’un bateau de réfugiés rohingyas au Bangladesh : au moins dix morts

Au moins dix personnes sont mortes et des dizaines d’autres sont portées disparues après le naufrage au large du Bangladesh d’un bateau transportant des Rohingyas, qui continuent de fuir la Birmanie en masse pour échapper à ce que l’ONU qualifie d’épuration ethnique.

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Des réfugiés rohingyas, après le naufrage d'un bateau, le 16 octobre 2017 à Shah Porir Dwip, au Bangladesh.
Photo : AFP/VNA/CVN

Commencé fin août, l’exode de cette minorité musulmane persécutée en Birmanie ne semble pas avoir de fin : quelque 12.000 personnes ont trouvé refuge au Bangladesh ces dernières 24 heures, a indiqué le major Iqbal Ahmed, porte-parole des gardes-côtes bangladais.

Ils sont venus rejoindre les 537.000 Rohingyas ayant déjà franchi la frontière, d’après les chiffres des Nations unies.

Cette marée humaine a submergé ce pays pauvre d’Asie du Sud, qui a maintenant à sa frontière l’un des plus grands camps de réfugiés au monde, où les organisations humanitaires luttent pour nourrir tout le monde.

Certains arrivent à pied mais beaucoup doivent emprunter des bateaux, au péril de leur vie en cette période de mousson où le fleuve est agité. Les deux pays ont une frontière commune longue de 278 km, et un quart de celle-ci est constituée par le fleuve Naf.

Lundi matin 16 octobre, à l’heure de la prière, un nouveau navire a fait naufrage et au moins dix personnes se sont noyées - six enfants et quatre femmes - et des dizaines d’autres sont portées disparues.

L’embarcation, un petit bateau de pêche, comptait plus de 50 personnes à bord quand il a coulé dans l’estuaire de la rivière Naf.

Le bateau a sombré car il était surchargé et n’a pu résister aux fortes vagues, a expliqué le lieutenant-colonel Ariful Islam, qui a indiqué que 21 personnes avaient réussi à nager jusqu’à la côte.

D’après un autre garde-côtes, le bateau a sombré à seulement 200 m de la rive bangladaise à cause des remous du fleuve.

«L’accident s’est produit pendant les prières du matin», a raconté Shams Uddin, un habitant qui a assisté à la tragédie. «Le bateau s’est renversé au moment où les membres d’équipage essayaient d’atteindre la côte contre les forts courants».

Des années de crise

La semaine dernière, un autre naufrage avait fait 34 morts, en majorité des enfants. Les familles rohingyas, souvent de simples fermiers, qui ont tout quitté et marché pendant des jours pour rejoindre un point de passage, dépensent des sommes considérables pour pouvoir traverser.

Et ils seraient encore des dizaines de milliers sur les routes, fuyant maintenant les intimidations et le manque de nourriture, davantage que les combats qui semblent avoir baissé en intensité.

La crise a débuté en Birmanie quand les rebelles de l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), dénonçant les mauvais traitements subis par la minorité rohingya en Birmanie, ont attaqué des postes de police fin août.

Pour l’ONU, la répression de l’armée qui a suivi était «bien organisée, coordonnée et systématique» et elle avait pour but «non seulement de les chasser de Birmanie mais aussi d’empêcher tout retour».

Les Rohingyas représentent la plus grande population apatride au monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous la junte militaire.

Victimes de discriminations, ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.

L’ex-patron des Nations unies Kofi Annan a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter avec la Birmanie une «feuille de route» sur le règlement de la crise, faute de quoi elle pourrait durer des années.

La commission dirigée par l’ex-secrétaire général de l’ONU, établie en 2016 à la demande de la chef de la diplomatie birmane Aung San Suu Kyi, recommande dans son rapport publié en août de donner davantage de droits aux Rohingyas, installés en Birmanie depuis des décennies.

Mais l’armée birmane qui est à la manœuvre dans la région et qui reste une force politique incontournable avec laquelle la dirigeante birmane doit composer ne semble pas prête à un compromis.

Le chef de l’armée a estimé jeudi que la communauté internationale exagérait le nombre de réfugiés et rappelé que les Rohingyas ne faisaient pas partie de la nation birmane.


AFP/VNA/CVN

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