Moon à Pyongyang pour aider à sortir de l'impasse sur la dénucléarisation

Le président sud-coréen Moon Jae-in est attendu mardi 18 septembre à Pyongyang pour son troisième sommet depuis avril avec Kim Jong Un, avec pour objectif d'aider la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les États-Unis à sortir de l'impasse diplomatique.

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Un homme passe devant une photographie géante de la poignée de main entre le président sud-coréen Moon Jae-in (droite) et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un lors d'un précédent sommet, à l'hôtel de ville de Séoul le 13 septembre 2018.

Avec ce voyage de trois jours, M. Moon qui sera accompagné de plusieurs patrons sud-coréens marchera dans les pas de ses prédécesseurs Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, lesquels avaient, en 2000 et 2007, participé aux deux premiers sommets intercoréens de l'histoire.

Le programme de cette nouvelle rencontre n'a pas été annoncé, mais il est probable que la RPDC mette les petits plats dans les grands pour faire la meilleure impression, avec potentiellement des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour acclamer le président sud-coréen.

Cette visite interviendra moins de dix jours après l'organisation par la RPDC de ses premiers "jeux de masse" en cinq ans, tels que sont désignés ces spectacles gigantesques soigneusement chorégraphiés impliquant des dizaines de milliers de figurants.

Ce spectacle avait notamment évoqué le sommet intercoréen du 27 avril dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui coupe la péninsule en deux, et l'on avait pu assister à cette scène rarissime où l'image du président sud-coréen était applaudie par des milliers de Nord-Coréens dans le Stade du Premier-Mai de Pyongyang.

Une source diplomatique estimait auprès de l'AFP qu'un triomphe similaire pourrait être réservé à MM. Kim et Moon au cours de cette visite.

Le dirigeant de la RPDC, Kim Jong Un (gauche), et le président sud-coréen, Moon Jae-in, le 27 avril au village frontalier de Panmunjom.
Le dirigeant de la RPDC, Kim Jong Un (gauche), et le président sud-coréen, Moon Jae-in, le 27 avril au village frontalier de Panmunjom.

Demande de progrès concrets

Le sommet d'avril dans la partie sud du village frontalier de Panmunjom, première rencontre des plus hauts dirigeants coréens en 11 ans, avait été fort en symboles. Le président sud-coréen avait même brièvement franchi la ligne de démarcation à l'invitation de M. Kim.

Mais, cette fois, la demande de progrès concrets est forte. M. Moon avait joué un rôle clé pour permettre la tenue du sommet historique du 12 juin à Singapour entre le président américain Donald Trump et M. Kim.

Ce dernier s'était alors engagé en faveur de la "dénucléarisation de la péninsule", un euphémisme sujet à toutes les interprétations. Les deux parties s'écharpent depuis sur la signification exacte de cet engagement. Washington et Séoul ont en outre deux approches différentes vis-à-vis de Pyongyang.

Lors de sa visite au Nord, M. Moon, qui avait été élu en prônant le dialogue avec Pyongyang, compte encore "jouer le rôle de facilitateur ou de médiateur", a déclaré son conseiller spécial aux affaires étrangères Moon Chung-in. "Il pense que l'amélioration des relations intercoréennes doit permettre de faciliter le dialogue entre le Nord et les États-Unis et de régler la question nucléaire nord-coréenne", a-t-il dit.

Le mois dernier, M. Trump avait subitement annulé une visite à Pyongyang de son secrétaire d'État Mike Pompeo. Le Nord a lui dénoncé les méthodes de "gangster" des Américains, accusés de vouloir obtenir leur désarmement unilatéral sans faire de concession à chaque étape et sans alléger la pression ni les sanctions.

Washington exige "une dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée" tandis que Pyongyang veut une déclaration officielle des États-Unis pour marquer la fin de la Guerre de Corée.

Le président américain Donald Trump (droite) et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le 12 juin à Singapour.
Le président américain Donald Trump (droite) et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le 12 juin à Singapour. Photo: AFP/VNA/CVN

Mais M. Kim a récemment envoyé à M. Trump une lettre pour lui demander un nouveau sommet. Il a organisé un défilé militaire pour le 70e anniversaire de la RPDC dans lequel les missiles balistiques intercontinentaux ont brillé par leur absence, ce qui lui a valu des tweets chaleureux de la part du locataire de la Maison Blanche.

Il est probable que la RPDC souhaite capitaliser sur le désir de M. Trump d'annoncer des progrès concrets avant les élections de mi-mandat en novembre, estime Go Myong-hyun, expert de l'Institut Asan des études politiques.

Mais rien ne dit que Pyongyang ait quelque chose de concret à offrir en retour. M. Moon pourrait tenter de convaincre le dirigeant nord-coréen de s'engager verbalement à fournir une liste des armes nucléaires nord-coréennes, avance Shin Beom-cheol, également de l'Institut Asan. L'étape suivante pourrait être un sommet en octobre entre MM. Kim et Trump.

Si la question de la dénucléarisation patine, les deux Corées sont néanmoins parvenues à faire avancer des projets conjoints. Nord et Sud ont ainsi ouvert vendredi 14 septembre un bureau de liaison conjoint dans la localité nord-coréenne de Kaesong.

Mais les multiples sanctions internationales qui pèsent sur Pyongyang en raison de ses programmes nucléaire et balistique compliquent les efforts pour relancer les coopérations transfrontalières.

Pourtant, M. Moon a invité les dirigeants des plus grands conglomérats du Sud, au premier rang desquels l'héritier de l'empire Samsung Lee Jae-yong et les patrons de SK et LG, à l'accompagner à Pyongyang.

"Il envoie ainsi au Nord le message selon lequel son intérêt est de boucler rapidement la dénucléarisation, de conclure les négociations avec les États-Unis afin que la République de Corée déploie toute la gamme de sa coopération économique", a déclaré M. Go.

AFP/VNA/CVN

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