Mobilités délectables : trilogie de cycle à la mode vietnamienne

Le 27 avril 2010, pour notre numéro 5.000, le Français Philippe Castel a offert à nos lecteurs un dessin superbe d’un cyclo-pousse. Il se souvient bien de la découverte de ce moyen de transport typique du Vietnam.

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Il y a quelques années, bien avant que les drones autonomes de leurs élytres programmés ne puissent nous arracher du sol pour nous projeter là où il convient que nous soyons déposés, il me fut révélé au Pays du Dragon des transports héroïques à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Imaginer que vous montiez à bord d’un taxi ou d’une voiture de transport avec chauffeur et que le chauffeur s’installe à l’arrière ayant pris la peine auparavant de retirer toute protection de l’habitacle. Plus de pare-brise, plus de portière, ni air bag, mais de l’air en direct et à volonté.

On s’approche et l’on s’aperçoit que l’engin ne correspond à aucune référence de véhicule que l’on a pu fréquenter auparavant. Il faut se l’avouer, on se lance instinctivement dans un diagnostic visuel pour évaluer le risque potentiel quant à la décision de monter à bord du tricycle. Allure du chauffeur, accès, dispositif éventuel de sécurité, on se rassure (au moins on sera partiellement abrité du soleil et des intempéries). On étudie la partie cycle : pédalier, chaîne de transmission, ça doit avancer. Mais comment ça freine ? Alors le regard s’attarde sur cette longue tige métallique munie d’une poignée près du siège du pilote. Peut-être un dispositif d’urgence (pas de parachute dans le dos du chauffeur, ni de fusée de propulsion sous la selle...). Serait-ce alors pour éjecter quelque passager récalcitrant, remettant en cause l’itinéraire adopté par le cyclo-pousseur ?

Comme un voyage à tapis

Philippe Castel.

Une fois la course négociée, on ne peut plus reculer, on embarque. Et là, soudain, le pousseur-cycliste devient Aladin. On est sur son tapis volant, et les flots urbains s’ouvrent devant vous par on ne se sait quel sortilège, c’est Moïse à bicyclette ! Étrangement, on lâche prise bien calé comme dans le berceau de son enfance, en immersion on peut laisser alors tous ses sens en éveil pour un spectacle vivant à nul autre pareil. Point de trompeuse virtuelle réalité numérique, mais une incontrôlable expérience dépourvue d’algorithmes au plaisir des excès délectables de l’inattendu.

"Qui veut voyager vite doit emprunter de vieilles routes ?", dit un proverbe vietnamien. Ce voyage n’en serait-il pas meilleur accompli avec de vieilles machines ?

Texte et photo : Philippe Castel/CVN

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