Migrants : à Paris, les évacuations se succèdent, les campements se reforment

La Chapelle, Jean-Quarré, Stalingrad... les évacuations de migrants se sont multipliées à Paris depuis un an, sans parvenir à prévenir la reconstitution de campements qui reflètent, comme à Calais, l'impact de la crise migratoire.

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Évacuation de migrants installés sous le métro aérien au niveau de la station Stalingrad, le 30 mars 2016 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quel est le bilan des évacuations ?

Depuis le 2 juin, date de la première évacuation sous la station de métro La Chapelle, 18 opérations ont été menées. La dernière, le 30 mars, a concerné près d'un millier de personnes sous la station Stalingrad.

À chaque fois, le scénario est le même : épaulés par des travailleurs sociaux, les services de l’État, la Ville de Paris et la préfecture de police arrivent à l'aube pour inciter les migrants à monter dans des bus et quitter le campement pour des centres d'hébergement, où ils pourront rester un mois en théorie.

Selon les pouvoirs publics, qui préfèrent parler de "mise à l'abri", près de 6.500 propositions d'hébergement ont été faites, sans compter les 500 gérées par la ville pour les femmes et les familles.

Où sont les migrants aujourd'hui ?

Selon la préfecture, 3.080 sont toujours hébergés avec un "accompagnement individualisé" et 670 ont préféré quitter leur lieu d'hébergement.

Du côté des associations, certains nuancent ce bilan "humanitaire". "Le bilan est complexe dans la mesure où les exilés ont été éparpillés dans maints lieux différents, certains corrects et d'autres infâmes", assure-t-on au Comité de soutien La Chapelle. Tous les centres ne ressemblent pas à Jean-Quarré.

De plus, l'hébergement est parfois délaissé à cause de sa localisation. "Certains ont été mis à l'abri sur des sites qui leur semblent trop éloignés de Paris, et tentent une deuxième chance", explique François Dagnaud, le maire PS du XIXe arrondissement.

Les migrants de Calais sont-ils ceux de Paris ?

Un migrant assis sur un matelas dans un camp sous la station de métro Stalingrad à Paris le 24 mars 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Paris est une base arrière assez évidente et les réseaux de passeurs ont repéré le truc", ajoute M. Dagnaud.

Certains migrants "font l'aller-retour, ce n'est pas nouveau. C'est la raison pour laquelle les campements ne sont jamais très loin de la gare du Nord", ajoute-t-il.

Le récent démantèlement d'une partie de la "Jungle" de Calais a pu jouer : "Le rythme s'accélère, je pense qu'il y a un déport important de gens qui étaient à Calais et qui viennent à Paris", avait estimé Sophie Brocas, secrétaire générale de la préfecture d'Île-de-France, lors de l'évacuation du campement Stalingrad.

Pour Aurélie El Hassak-Marzorati, la directrice générale adjointe d'Emmaüs solidarité, les "retours de Calais" ne sont toutefois pas majoritaires. "À un moment, on estimait leur proportion à 10%", explique-t-elle, le reste étant constitué par des arrivées de province, des retours de centres d'hébergement et "beaucoup de primo-arrivants".

La population est-elle homogène sur les campements ?

Les migrants évacués à La Chapelle étaient surtout soudanais et érythréens. Mais "depuis quelques mois, on voit arriver des Afghans à Paris", souligne Didier Leschi, le directeur général de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration).

Autre phénomène nouveau : la présence, sur les campements, de demandeurs d'asile déjà engagés dans une démarche, voire de réfugiés statutaires.

Selon le décompte de la préfecture, 630 personnes ont ainsi été orientées vers des structures pour demandeurs d'asile et 131 réfugiés vers un logement.

De nouveaux campements vont-ils se reconstituer ?

"Il est évident qu'un démantèlement ne peut pas ne pas avoir de répercussions, ces gens-là ne disparaissent pas", estime M. Dagnaud.

Même si elle n'est pas la destination favorite des migrants, la France ne peut s'extraire de la crise migratoire qui a vu un million de personnes arriver en Europe l'an dernier.

Le campement de Stalingrad, objet d'une première évacuation le 7 mars, s'est ainsi reconstitué en trois semaines. Et dès cette semaine, plusieurs dizaines de personnes avaient commencé à se réinstaller chaque soir près de l'emplacement évacué.

AFP/VNA/CVN

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