Migrants : 3.800 morts en Méditerranée en 2016, chiffre record

Vingt-neuf migrants ont été retrouvés morts dans la nuit du 25 au 26 octobre dans un mélange d'essence et d'eau de mer au fond d'un canot surchargé en Méditerranée, dernière tragédie en date d'une longue série en cette année record où au moins 3.800 personnes sont mortes ou ont disparu.

>>Des milliers de migrants débarquent en Italie

Des migrants dans l'attente de leur sauvetage au large des côtes libyennes, le 12 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous pouvons confirmer qu'au moins 3.800 personnes ont péri ou ont disparu en mer Méditerranée depuis le début de l'année, soit le bilan le plus élevé jamais enregistré", a déclaré à William Spindler, porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Pour l'ensemble de l'année 2015, le bilan avait été de 3.771 morts. Plus d'un million de personnes avaient alors tenté l'aventure, contre quelque 330.000 cette année, marquée par un net coup de frein sur les côtes grecques après l'accord en mars entre l'Union européenne et la Turquie.

Le taux de décès est donc passé de un pour 269 l'an dernier à un pour 88 en 2016, arrivant même à un pour 47 sur la route de Méditerranée centrale, entre la Libye - et dans une moindre mesure l'Égypte - et l'Italie.

Sur cette route, le carnage se décline en naufrages massifs d'embarcations en bois entraînant des centaines de personnes au fond de l'eau et en lent mais quasi-quotidien décompte de tous ceux qui n'ont pas survécu sur les canots pneumatiques surchargés.

Beaucoup tombent à l'eau quand ces canots se dégonflent, d'autres meurent asphyxiés par les émanations de carburant, étouffés par la masse des passagers, parfois sous les coups d'un voisin qui cherche à se faire de la place, noyés dans quelques centimètres d'eau au fond du canot, brûlés par le mélange sournois de l'essence et de l'eau de mer ou encore victimes d'hypothermie, de déshydratation ou d'épuisement après des semaines, voire des mois ou des années, de périple puis de détention et de violences en Libye.

Des cercueils contenant des cadavres de migrants sont évacués d'un bateau utilisé par Frontex à Palerme, le 24 octobre en Italie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Et la multiplication des navires de secours patrouillant en face de la Libye n'y fait rien : les conditions dans lesquelles les passeurs font partir les migrants tuent en quelques heures.

«Une course dans un cimetière»

D'autant que le phénomène des départs par vagues s'est accentué cette année: secourir des milliers de personnes le même jour est délicat, secourir des milliers d'autres dès le lendemain, quand les navires de secours sont en route pour conduire les premiers en Italie, devient un véritable défi.

Les 29 morts découverts dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 octobre se trouvaient à bord d'un canot pneumatique à 26 milles nautiques des côtes libyennes. Ils ont probablement été asphyxiés ou noyés dans un fond de carburant et d'eau de mer.

Le Bourbon Argos, un navire affrété par Médecins Sans Frontières (MSF), avait auparavant secouru 107 survivants de ce canot.

Il a ensuite fallu des heures, et l'aide de l'équipage de l'ONG allemande Sea-Watch, pour récupérer les corps. "Le mélange d'eau et de carburant était tellement fort que nous ne pouvions pas rester sur le canot trop longtemps. Cela a été horrible", a raconté dans un communiqué Michele Telaro, chef de projet à bord.

Des migrants durant un sauvetage en Méditerranée, le 20 otobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Bourbon Argos a récupéré 11 corps à bord, et le navire de Sea-Watch, 18. MSF avait d'abord fait état d'un bilan de 25 morts, pensant que Sea-Watch n'en avait pris que 14.

Parmi les survivants, 23 souffrent de brûlures dues au mélange de carburant et d'eau de mer. Plusieurs d'entre eux ont dû être évacués rapidement vers un hôpital italien, dont une jeune femme dans un état critique.

L'équipe de MSF a également apporté un soutien psychologique aux survivants, en particulier à un homme dont l'épouse figure parmi les victimes et qui se retrouve seul avec leur fils de 8 mois.

"C'est une tragédie, mais malheureusement on ne peut pas dire que ce soit une journée exceptionnelle en Méditerranée. La semaine dernière a été terrible pour nos équipes, constamment engagées dans des opérations de secours où trop d'hommes, de femmes et d'enfants ont perdu la vie", a déclaré Stefano Argenziano, responsable des activités migrations à MSF, évoquant "une course dans un cimetière".

AFP/VNA/CVN

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