Mathias Cormann, nouveau patron de l'OCDE et bête noire des ONG pro-climat

L'ancien ministre australien des Finances Mathias Cormann, qui a pris mardi 1er juin les manettes de l'OCDE où il succède au Mexicain Angel Gurria, est un fervent défenseur du libre échange, dont le bilan mitigé en matière de climat lui a attiré les foudres des ONG.

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Mathias Cormann à Canberra, en Australie, le 22 août 2018, alors ministre des Finances du pays.

Né en septembre 1970 en Belgique, le quinquagénaire diplômé de droit dans ce pays, parle couramment le français, l'anglais, le flamand et l'allemand. Il a émigré au milieu des années 1990 en Australie, où il est entré en politique.

Vice-président du parti libéral de centre-droit, il a fini par prendre les rênes du ministère des Finances de 2013 à 2020.

Son arrivée à la tête d'une institution qui regroupe 38 pays représentant 60% de la production économique mondiale constitue une première, l'Organisation de coopération et de développement économiques n'ayant jamais été dirigée par un citoyen d'un pays de la région Asie-Pacifique.

Fidèle à sa réputation, le nouveau secrétaire général a livré mardi 1er juin un plaidoyer en faveur de l''économie de marché et de la concurrence, qu'il a jugée "inévitable" et qualifée de "puissant moteur de progrès, d'innovation et d'amélioration des niveaux de vie".

Tenant un langage prudent, il a dit vouloir établir avec la Chine "la meilleure relation possible". Mais "il nous faudra défendre nos valeurs quand cela sera nécessaire", a-t-il ajouté lors de sa première conférence de presse.

Sur l'écologie, où il était attendu au tournant, le nouveau secrétaire général s'est contenté de constater que "de plus en plus de pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone dès que possible et pas plus tard qu'en 2050".

"Comment faire de ces engagements une réalité concrète et atteindre notre objectif d'une manière qui soit économiquement responsable et acceptable par l'opinion, sans laisser personne de côté, tel est le défi qu'il nous faut relever", a-t-il dit.

Plus d'une vingtaine d'ONG avaient écrit une lettre ouverte pour s'insurger contre la candidature de M. Cormann à la tête de l'OCDE, pointant du doigt certaines déclarations provocatrices ou ses liens avec l'industrie minière. Il avait ainsi qualifié d'"extrémiste" l'objectif de parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050.

L'ancien ministre a aussi fait campagne contre le système de tarification du carbone destiné à réduire les émissions de l'industrie australienne, qui a été abrogé en 2014.

Opposé dans la dernière ligne droite à l'ex-commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, M. Corman a verdi son discours pour séduire une OCDE soucieuse de donner la priorité aux questions climatiques aux côtés du développement économique.

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Il a ainsi déclaré que le changement climatique figurait parmi les principaux défis de l'Organisation, au même titre que l'éducation, les compétences et "la réduction des différences en matière de politique fiscale".

Manifestation de jeunes Australiens pour la lutte contre le réchauffement climatique, à Melbourne le 21 mai.

Son plus grand chantier dans l'immédiat sera certainement de mener à bien une vaste réforme de la fiscalité des multinationales, dont le pilotage a été confié à l'OCDE par le G20.

Les discussions, qui duraient depuis des années, ont été relancées ces dernières semaines par la prise de position de l'administration Biden en faveur d'un taux d'imposition minimal de 15% sur les bénéfices des entreprises à l'échelle mondiale.

M. Cormann a aussi vanté son parcours à cheval entre deux continents, soulignant avoir "partagé (sa) vie à parts égales entre l'Europe et l'Asie-Pacifique".

Selon des sources proches de l'OCDE, il a de fait bénéficié de la volonté de l'organisation, héritée du plan Marshall, de s'ouvrir vers l'Asie.

Malgré dix ans passés au Parlement australien et sept aux manettes des Finances, un record, M. Cormann est peu connu du public australien. Il est cependant un acteur influent du parti libéral au pouvoir et a contribué à l'ascension de l'actuel Premier ministre Scott Morrison.

Sa campagne pour conquérir la tête de l'OCDE a suscité la controverse en Australie lorsqu'il est apparu qu'il utilisait un jet de l'armée de l'air pour sillonner l'Europe afin de plaider sa cause auprès d'autres dirigeants, un exercice jugé coûteux et injustifié alors que des dizaines de milliers d'Australiens étaient bloqués à l'étranger en raison de la pandémie.

Le gouvernement australien l'a défendu en soulignant vouloir épargner à M. Cormann le risque de contracter le COVID-19 sur des vols commerciaux.


AFP/VNA/CVN

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