Maroc : la fermeture des frontières porte "un coup fatal" au tourisme

Le tourisme au Maroc risque de recevoir le coup de grâce après l'annonce brutale de la fermeture des frontières en raison du variant Omicron, s'alarment les professionnels de ce secteur vital pour l'économie du royaume, déjà miné par une crise sans précédent depuis près de deux ans.

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Des Marocains sur une place à Marrakech, le 6 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Avalanche d'annulations, hôtels et agences de voyage fermés... La suspension des vols réguliers, en particulier avec la France - dont les ressortissants sont les premiers touristes étrangers - "porte un coup fatal au secteur", assène Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc (FNAVM).
Le 25 novembre, le Maroc a décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les vols directs à destination et en provenance de France, du fait de la recrudescence de l'épidémie dans l'Hexagone. Avant de refermer toutes les frontières aériennes pour deux semaines.
Dans un communiqué, la compagnie à bas prix irlandaise Ryanair a fait savoir jeudi qu'elle est "contrainte" d'annuler tous ses vols vers le Maroc jusqu'au 1er février 2022, "en raison d'un manque de clarté de la part du gouvernement marocain concernant son interdiction de vol", laissant "230.000 passagers confrontés à des perturbations dans leurs projets de voyage".
Les opérateurs du tourisme, qui misaient sur les fêtes de fin d'année pour se redresser, voient rouge : "Toutes les réservations ont été annulées et la plupart des hôtels devront fermer, sachant que la moitié d'entre eux le sont depuis le début de la pandémie" en mars 2020, déplore Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH).
Chute des recettes
Le sort des voyagistes n'est pas meilleur. "Quelque 80% des agences de voyages sont déjà à l'arrêt", déplore M. Semlali, "et les récentes décisions vont empirer notre situation".
Sous l'effet des nouvelles restrictions de déplacement, le secteur touristique devrait essuyer des pertes évaluées à "au moins un milliard de dirhams" (88 M EUR) entre Noël et le jour de l'An, selon un opérateur cité par le site d'information économique Medias24.
Sollicité par l'AFP, le ministère marocain du Tourisme n'a pas donné suite.
Si en 2019 les recettes du secteur touristique avoisinaient 80 milliards de dirhams (7,5 milliards d'euros) pour 13 millions de touristes, elles avaient chuté de 65% début 2021, à 28 milliards de dirhams, selon les chiffres officiels.
Les nuitées d'hôtel ont suivi la même tendance en s'effondrant de 25,2 millions en 2019 à 7 millions en 2020, soit une diminution de 72%.

Photo prise le 6 mai de passants sur une place à Marrakech, au Maroc.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais après de longs mois d'isolement, le royaume chérifien a rouvert progressivement ses frontières à partir de juin, permettant un rebond des activités liées au tourisme, qui pèse près de 7% du PIB.
Durant la période estivale, il a accueilli près de 2 millions de touristes – contre 165.000 pendant l'été 2020 –, selon le ministère de l'Économie.
Les professionnels escomptaient voir le bout du tunnel avec l'assouplissement des mesures de restriction grâce à l'amélioration de la situation épidémiologique.
"Très mauvaise nouvelle"
Mais c'était sans compter avec la nouvelle flambée des cas de COVID-19 en Europe, qui a conduit les autorités marocaines à fermer les frontières aériennes d'abord avec l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, puis avec la France, et enfin le reste du monde depuis lundi minuit 29 novembre.
"Nous étions très optimistes avec l'arrivée du Nouvel an, mais cette décision nous a pris par surprise. Nous étions au bord de la faillite. Maintenant, on a mis le pied dans la faillite", avertit Khalid Moubarak, le secrétaire général de la FNAVM.
Les autorités justifient ces mesures drastiques "pour préserver les acquis du Maroc dans la lutte contre la pandémie".
"C'est une très mauvaise nouvelle pour l'économie du pays parce qu’il y avait une accélération des réservations vers le Maroc, devenu une alternative à un certain nombre de destinations fermées", analyse pour l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé français Protourisme.
Rappelant que les Français représentent un tiers des arrivées, il estime que le calendrier tombe mal : "Sur les fêtes de fin d’année, on attendait une centaine de milliers de touristes français au Maroc. Là ils annulent".
L'impact social est également dévastateur : entre 20% et 30% des emplois du secteur ont déjà été détruits, estime M. Zelmat, le patron de la FNIH.
La ministre du Tourisme, Fatima Zahar Amor, citée par Medias24, a annoncé le retour de l'aide mensuelle de 2.000 dirhams (environ 190 euros) aux acteurs du secteur à l'arrêt pendant le dernier trimestre, sans préciser le nombre des bénéficiaires.

AFP/VNA/CVN

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