Macron et May en chefs de guerre pour frapper le régime syrien

Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May ont étrenné leur uniforme de chefs de guerre en ordonnant une opération militaire d'envergure en Syrie, en coordination avec les États-Unis.

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Emmanuel Macron et Theresa May lors d'une conférence de presse, le 18 janvier à Sandhurst, au sud de Londres

Pour l'un comme pour l'autre, c'est un baptême du feu. Chacun a exposé la nécessité de mener ces opérations. "Nous ne pouvons tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a déclaré M. Macron.
Pour Theresa May, il n'y
avait "pas de solution alternative à l'usage de la force" contre le régime syrien, accusé par les Occidentaux d'avoir utilisé des armes chimiques contre des civils près de Damas la semaine dernière. "Il n'y a pas de moment plus grave pour une Première ministre que de décider de l'envoi de ses troupes au combat. C'est une décision que je n'ai pas prise à la légère", a-t-elle ajouté.

Des deux alliés européens, c'est la France qui s'est le plus impliquée militairement dans l'opération, mobilisant nettement plus de moyens que le Royaume-Uni et confirmant la prépondérance française en Europe en matière d'opérations militaires.

Si Londres a mobilisé quatre avions de combat, Paris en a mobilisé neuf, ainsi que cinq frégates qui ont effectué des tirs de missiles de croisière dans le cadre de cette opération réalisée avec les Américains.

"Les Français avaient le commandement tactique de l'opération aérienne", souligne par ailleurs un gradé français.

Emmanuel Macron a déployé ces derniers jours une intense activité diplomatique et, près d'un an après son élection, il ordonne pour la première fois une opération militaire, après avoir hérité de celles en cours contre les jihadistes au Levant (Chammal) et au Sahel (Barkhane).

C'est aussi la première fois que Theresa May, depuis son accession au poste de Première ministre, à l'été 2016, ordonne une intervention des forces britanniques.

Principales installations militaires en Syrie, cibles possibles de frappes occidentales, système de défense russe.
Principales installations militaires en Syrie, cibles possibles de frappes occidentales, système de défense russe.

Bombardement symbolique

Jeudi 12 avril, elle avait réuni d'urgence son gouvernement pour discuter d'une éventuelle participation du Royaume-Uni sans attendre un vote du Parlement, en vacances jusqu'au 16 avril. Les partis d'opposition britanniques et plusieurs ONG ont condamné samedi 14 avril la décision de Theresa May de procéder à une opération en Syrie sans consulter le Parlement, rompant avec un usage en vigueur depuis l'intervention en Irak en 2003, qui a laissé de profonds stigmates en Grande-Bretagne.

En 2014 puis 2015, les députés britanniques avaient donné leur feu vert à la participation à des raids de la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique en Irak et en Syrie. Le Parlement s'était en revanche opposé en 2013 à des frappes aériennes contre le régime de Bachar al-Assad.

"Le Royaume-Uni devrait jouer un rôle de leader dans la recherche d'un cessez-le-feu dans ce conflit et non recevoir des instructions de Washington pour mettre les soldats britanniques en danger", a ainsi réagi le leader de l'opposition, le travailliste Jeremy Corbyn.

Une intervention télévisée et un débat prévus

En France, où le débat sur le contrôle parlementaire de l'action militaire nationale est moins vif, plusieurs voix ont approuvé la décision de ces frappes.

"La France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie", a tweeté le délégué général du parti présidentiel (La République en marche), Christophe Castaner.

Pour le chef du Parti socialiste (gauche), Olivier Faure, les "attaques chimiques répétées du régime de Damas contre son peuple imposaient une réaction".

Mais nombre de personnalités politiques ont critiqué une action accusée d'"affaiblir" la diplomatie française. "Frapper pour frapper, pour donner le sentiment de faire quelque chose, sans qu'il y ait une quelconque stratégie derrière, je n'en comprends ni l'utilité, ni le sens", a ainsi déclaré Laurent Wauquiez, le chef du parti Les Républicains (opposition de droite), dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. "Ces frappes contre la Syrie nous engagent dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement dramatiques", a mis en garde sur Twitter la présidente du Front national (extrême droite), Marine Le Pen.

"Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l'ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français", s'est emporté de son côté sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise (gauche radicale), dénonçant "une escalade irresponsable".

Emmanuel Macron qui estime que l'opération "a atteint ses objectifs" pourra s'expliquer au cours d'une intervention télévisée prévue pour dimanche soir 15 avril, tandis qu'un débat, sans vote, aura lieu lundi 16 vril à l'Assemblée nationale et au Sénat, après les frappes en Syrie.

AFP/VNA/CVN

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