"Ma thèse en 180 secondes" : trois minutes pour convaincre ? et faire rire

Faire comprendre le rejet de greffe cardiaque, la décoloration des plastiques, voire "la spectroscopie tunnel à basse température", en trois minutes maximum : 27 valeureux étudiants se sont essayé le 3 juin à la finale de "Ma thèse en 180 secondes", impitoyable défi d'éloquence scientifique.

L'étudiante Nathalie Lagarde participe à la finale de "Ma thèse en 180 secondes" à Nancy, le 3 juin. Photo : AFP/VNA/CVN

La tetherine, obscure molécule à la surface de la cellule ? "Un videur de boîte de nuit mais à l'envers : il laisse entrer le squatteur dans la chambre universitaire, mais ne le laisse plus sortir", résume Grégory Pacini, de la Sorbonne, 3e Prix du jury, qui compare le VIH à "l'attaque des clones qui colonisent la Cité U".
Provenant de toutes les universités françaises, les 27 finalistes se sont retrouvés à Nancy, devant un parterre d'un millier de profanes, où ils devaient rendre limpides leurs sujets de thèse généralement des plus obscurs, souvent avec une bonne dose d'humour.
Le concours, lancé en 2012, et dont le jury est composé de scientifiques et d'universitaires plus ou moins familiers des matières évoquées, est notamment organisé par le CNRS.
Parmi les étudiants, quelques rares spécialistes des sciences humaines, qui tentent en trois minutes d'expliquer l'apparition de la littérature à la Renaissance ou de répondre à "Faut-il tuer l'Homme pour préserver l'humanité ?".
Plus ardu, Rachida Brahim (Aix-Marseille), deuxième Prix du jury, s'est pour sa part attaquée aux "crimes racistes et racialisation" depuis 40 ans.
L'étudiante camille Rouillon participe à la finale de "Ma thèse en 180 secondes" à Nancy, le 3 juin. Photo : AFP/VNA/CVN

Les troupes sont toutefois dominées par les scientifiques purs et durs, qui parviennent à rendre (un peu) moins abscons l'influence du soleil et de la pluie sur "l'altération de la couleur d'un pare-choc en plastique" ou l'avenir des batteries au lithium.
Les feux de l'amour
Diane Bodez, de Paris-Est, rend lumineuses les futures greffes cardiaques : "En analysant l'humeur des supporters du Stade de France, on peut savoir quel est le score en cours sans voir le match : c'est pareil pour savoir si la greffe prend ou si elle est rejetée."
En convoquant une série américaine comme "Les Experts" ou "Les feux de l'amour", en emmenant le néophyte dans les arcanes des "lasers à cascade quantique" en passant par Brad Pitt et George Clooney, ou en se prenant pour un moustique, les étudiants ont souvent fait sourire ? et convaincu.
Alexandre Artaud remporte le premier Prix du jury et le Prix du public de la finale de "Ma thèse en 180 secondes" à Nancy, le 3 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Et puis j'espère qu'un jour, nous moustiques et vous humains partagerons la terre pacifiquement", conclut ainsi ses trois minutes d'exposé, le plus sérieusement du monde, une spécialiste du développement de la dengue.
Alexandre Artaud, de Grenoble, qui a remporté le premier Prix du jury et le Prix du public, va plus loin : pour expliquer la "spectroscopie tunnel à très basse température de graphène sur rhénium supraconducteur", il interpelle solennellement la matière : "électron, quelle voie veux-tu suivre ?"
Car l'électron a "deux destins alternatifs" : la supraconductivité, "permise grâce à l'amour de deux particules", ou une voie "un peu plus sombre, le graphène, où il développe une relation schizophrénique: la performance, certes, mais à quel prix ? Un peu comme une thèse de doctorat, en somme ?"
La thèse de l'étudiant ? "D'un côté, l'amour, de l'autre la thèse. Je veux ne pas choisir. Je veux des thésards amoureux." Et des électrons en couple et ultra-performants.

AFP/VNA/CVN


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