L’Irak divisé face au président qui menace de démissionner

Les Irakiens sont partagés vendredi 27 décembre sur la menace du président Barham Saleh de démissionner face au camp pro-Iran, certains y voyant une "violation de la Constitution", d’autres un acte de "civisme" en réponse aux "partis corrompus".

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Des Irakiens manifestent contre la classe politique, le 27 décembre 2019 sur la place Tahrir, à Bagdad.

M. Saleh résiste depuis des jours aux pro-Iran qui veulent placer un de leurs hommes au poste de Premier ministre, après la démission il y a un mois d’Adel Abdel Mahdi sur fond de contestation inédite contre la classe politique. Et jeudi 26 décembre, il a écrit au Parlement qu’il préférait démissionner plutôt que de proposer aux députés des noms de responsables également rejetés par la rue.

Certains espéraient que le sermon de la figure tutélaire de la politique irakienne, le grand ayatollah Ali Sistani, contribuerait à sortir de l’impasse. Mais ce dernier a refusé d’évoquer la situation politique, voulant visiblement se démarquer encore plus d’une classe politique jugée corrompue et dénoncée par une révolte qui ne faiblit pas.

Alors qu’il s’apprête à entrer dans son quatrième mois, le mouvement de contestation a déjà été marqué par près de 460 morts et 25.000 blessés. Sur la place Tahrir de Bagdad, son épicentre, une nouvelle banderole est venue rejoindre les portraits des Premiers ministrables barrés de croix rouges.

"Merci Barham"

Il y est écrit sous le portrait de M. Saleh: "Merci Barham d’avoir pris le parti des revendications du peuple en refusant les candidats des partis corrompus". Mais tous les protestataires ne partagent pas cet avis. Pour Ali Mohammed, dans la province de Babylone, "cette démission va mener au chaos". "Il faut que le président reste pour résister aux partis", affirme-t-il.

Sur le campement des manifestants de Diwaniyah, plus au sud, Mohammed Mehdi espère, lui, que "cette démission va devenir effective et entraîner la dissolution du Parlement et donc des élections anticipées pour enfin en finir avec tous les corrompus". "On salue cette action parce que depuis le début, on demande la démission de tous les dirigeants", assure-t-il.

Les politiciens sont également divisés. Le bloc parlementaire des paramilitaires pro-Iran, qui revendique le titre de "plus grande coalition" et donc le droit de désigner le Premier ministre, appelle les députés à "prendre des mesures judiciaires contre le président pour violation de la Constitution". La liste d’un ancien Premier ministre, Haider al-Abadi, désormais dans l’opposition, exhorte, elle, M. Saleh à "revenir sur sa démission" et à travailler à "un changement radical".

Arrivée troisième aux législatives de 2018, cette liste est cependant amputée de la moitié de ses députés qui ont rejoint le camp pro-Iran. En attendant, la pression des pro-Iran est "énorme", déplore de son côté Wataniya --liste emmenée par un autre ancien Premier ministre, Iyad Allaoui, et dominée par les sunnites. Wataniya salue une "position civique" du président mais l’incite à rester pour former "un gouvernement de transition" qui travaillera "sous supervision onusienne" à sortir l’Irak "de l’impasse".

Deuxième producteur de pétrole de l’OPEP, le pays est toujours pris en étau entre l’intransigeance des pro-Iran et celle des manifestants.


AFP/VNA/CVN

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