L'huile d'olive "équitable" au secours des paysans palestiniens

Nasser Abou Farha a trouvé un bon moyen d'aider les paysans palestiniens de Cisjordanie : le commerce équitable qui lui permet d'exporter de l'huile d'olive "made in Palestine". Et de faire ainsi payer au prix fort, mais politiquement correct, le coût de l'occupation israélienne.

"Les gens achètent (cette huile) parce qu'elle vient de Palestine, et aussi parce qu'elle a un impact social sur le terrain", se félicite le directeur de la société Canaan, une des premières à obtenir la certification "commerce équitable" en Cisjordanie. "Ce qui ne gâte rien, l'huile est bonne", plaisante-t-il.

Depuis sa création en 2004, la société Canaan -spécialisée dans la production d'huile d'olive, de tomates séchées, d'amandes, de miel et de savon (à base d'huile d'olive)- est devenue une coopérative qui emploie plus de 1.700 paysans palestiniens du Nord de la Cisjordanie. Ils sont mieux payés que les prix du marché ne l'autoriseraient. "Le commerce équitable a toujours offert un prix plus élevé, pour être en conformité avec les spécifications internationales, ce qui est bon pour les prix et bon pour les paysans", souligne Samer Al-Ahmad, directeur d'une ONG palestinienne de soutien aux fermiers de Cisjordanie.

Ce surcoût est compensé par les consommateurs en Europe, aux États-Unis et au Japon, qui se considèrent comme "socialement responsables". Une bouteille de 375 ml d'huile d'olive de Canaan se vend 16 dollars (11 euros) aux États-Unis, soit 4 fois le prix pratiqué en Cisjordanie.

L'objectif du commerce équitable est habituellement d'aider les petits producteurs du Tiers-monde à faire face à la concurrence des gros exploitants. Dans le cas de Canaan, il s'agit d'abord d'aider les paysans palestiniens "à travailleur la terre, à ne pas l'abandonner pour aller travailler dans les usines ou sur les chantiers israéliens", explique Nasser Abou Farha.

Beaucoup de cultivateurs de la région de Jénine ont en effet vu leurs revenus fondre après l'érection par Israël en 2004 d'une "barrière antiterroriste" -un "mur de l'apartheid", disent les Palestiniens- qui, une fois achevée, empiètera sur près de 10% de la Cisjordanie, selon l'ONU.

Dans le village d'Anin, les paysans doivent se soumettre chaque jour à un contrôle militaire pour franchir la clôture qui les sépare de leurs champs. Pendant la cueillette des olives, à l'automne, le point de passage est ouvert une heure le matin et une heure l'après-midi. Le reste de l'année, les horaires sont encore plus serrés.

D'autres ne peuvent cultiver leurs oliveraies à cause de certains colons israéliens qui les empêchent de s'y rendre, souvent en usant de la force, quand ils n'arrachent pas ou ne brûlent pas simplement les arbres. "En 2002, j'avais 250 arbres. Aujourd'hui, je n'en ai plus que 40 à 50, et dans quelques années, peut-être plus du tout", témoigne Mouthir Yassin, 27 ans.

Abdallah Zaarour, 52 ans, lui, ne peux plus accéder à une partie de ses oliviers, désormais de l'autre côté de la barrière de séparation israélienne. "Je peux voir mes arbres, là-bas, mais je ne peux plus y aller", se désole-t-il. "L'histoire des producteurs fait partie du produit", souligne Nasser Abou Farha, qui a trouvé son idée en découvrant du café équitable vendu sur le campus de l'Université du Wisconsin où il faisait ses études.

Toutefois, le commerce équitable ne règlera pas tous les problèmes. Les paysans craignent une mauvaise récolte cette année en raison de la météo. "Je devrais produire 70 tonnes d'huile d'olive chaque saison, mais cette année j'aurais de la chance si j'en produit 2", avoue Abdallah Zaarour.

AFP/VNA/CVN

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