L’extraordinaire soie de lotus vietnamienne

Un voyage dans le village de Phùng Xá, situé à 40 km au sud de Hanoï, pour découvrir la soie de lotus.

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Phan Thi Thuân montre une écharpe en soie de lotus.
Photo : Thuc Nhi/CVN

Désireux de découvrir toutes les étapes de production de la soie de lotus, je me rends à l’atelier de Phan Thi Thuân par une journée ensoleillée du mois de juillet, en pleine saison des lotus. Sur place, à Phùng Xa donc, les travailleurs rentrent avec de gros fagots de tiges de lotus sur les épaules. Ils les plongent tout de suite dans le bassin qui est au milieu de l’atelier, puis ils les lavent soigneusement, pour enlever la boue et les épines.

"Toutes les étapes de la fabrication de la soie de lotus nécessitent soin et attention", nous explique Phan Thi Thuân. "Une fois récoltées, les tiges de lotus doivent être nettoyées deux fois car plus la tige sera propre, plus la fibre obtenue sera blanche et brillante. Elles doivent ensuite être traitées le plus rapidement possible, avant qu’elles ne s’assèchent et deviennent inutilisables".

Pour extraire la fibre, Phan Thi Thuân utilise un petit couteau pour faire des entailles autour de la tige, qu’elle casse en deux avant de tirer délicatement les filaments. "Cette étape, en particulier, demande beaucoup d’habileté", nous dit-elle. "Si la tige est coupée trop profondément, ça endommage les filaments qui sont extrêmement minces. Aujourd’hui, je fabrique essentiellement les écharpes en soie de lotus. Il faut savoir qu’un artisan qualifié ne peut traiter que de 200 à 250 tiges par jour. Or, pour confectionner une écharpe de 1m7 de long et 25 cm de large, il faut à peu près 4.800 tiges et un mois et demi de travail… Pour ce qui est du tissage, on utilise des métiers à traditionnels en bois afin d’assurer la qualité de la soie… Vous pouvez imaginer la pénibilité, alors... C’est du reste ce qui explique les prix élevés de la soie de lotus".

Dans le monde, seuls le Myanmar, le Cambodge et le Vietnam produisent de la soie de lotus. 
Photo : Thuc Nhi/CVN

À l’heure actuelle, la soie de lotus est un produit très recherché sur le marché mondial de la haute couture. Cette variété de soie est non seulement douce, lisse, fraîche et légère comme de la soie traditionnelle, mais elle est également spongieuse et possède un léger arôme naturel. Aujourd’hui dans le monde, seuls le Myanmar, le Cambodge et le Vietnam en produisent.

C’était en 2016 que Phan Thi Thuân, soutenue par l’Union des associations des Sciences et des Technologies du Vietnam, a réussi pour la première fois à produire de la soie de lotus, s’arrogeant ainsi un monopole artisanal qu’elle conserve encore à ce jour. Nguyên Duy Chuyên, qui est le directeur de l’Institut de l’économie circulaire, apprécie beaucoup le talent mais aussi la détermination de Phan Thi Thuân. "La soie de lotus a été inventée au Myanmar. Nous nous sommes rendus sur place pour comprendre et adapter le procédé de fabrication au Vietnam. Nous avons été surpris de constater que la soie fabriquée par Phan Thi Thuân était de meilleure qualité que celle du Myanmar. Le lotus rose vietnamien produit plus de soie que celui du Myanmar et les fils sont aussi de meilleure qualité", nous confie-t-il.

À ce jour, l’atelier de Phan Thi Thuân emploie une vingtaine de travailleurs opérant dans la fabrication de produits textiles confectionnés à partir de vers à soie et de fibres de lotus. À la saison des lotus, des travailleurs saisonniers viennent grossir les effectifs. Ils peuvent compter sur la générosité de Phan Thi Thuân qui est toujours prête à partager son savoir-faire. Son but ? Faire du tissage de la soie de lotus la nouvelle spécialité artisanale de son village.


VOV/VNA/CVN

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