À Paris, parmi moult désaccords, Américains et Français ont affiché leurs griefs communs à l'égard de la Turquie. Mike Pompeo veut "convaincre" le président Recep Tayyip Erdogan de cesser ses actions "très agressives". Il se rend justement, dans la foulée, à Istanbul. Cela tombe bien.
Ou pas : malgré d'intenses tractations, Washington et Ankara n'ont pas réussi à glisser une entrevue avec des responsables turcs dans cette visite consacrée à la "liberté religieuse", le principal - l'unique disent ses détracteurs - cheval de bataille de Mike Pompeo, chrétien fervent, en matière de droits humains. "Incompatibilité d'agendas", minimise-t-on côté américain.
Côté turc, on fulmine sur ce qui ressemble à une critique en creux du bilan de la Turquie en matière religieuse. La relation américano-turque, en dents de scie mais souvent sauvée par "l'amitié" Trump-Erdogan, semble traverser une mauvaise passe en cette fin de mandat. Le président turc a, aussi, déjà félicité Joe Biden.
Géorgie, comme un écho
Scrutin contesté, recomptage des voix, méfiance dans le système électoral. Si Mike Pompeo espérait s'évader du chaudron politique américain, le voilà servi à Tbilissi: la Géorgie du Caucase traverse une crise interne qui résonne fortement avec celle qui agite les Etats-Unis et, particulièrement, l'Etat de... Géorgie où un recomptage confirmera, plus tard au cours de cette tournée, la victoire de Joe Biden malgré les contestations du camp Trump.
Jérusalem, nouveaux tabous brisés
Muet depuis le début du voyage, le secrétaire d'Etat s'exprime enfin. C'est qu'il est à Jérusalem et au Moyen-Orient pour parfaire son bilan autour de l'alpha et l'omega de la stratégie trumpiste: soutien inégalé à Israël, "pression maximale" sur l'Iran.
C'est l'heure des derniers coups de canif à la tradition diplomatique américaine et au consensus international: il devient le premier secrétaire d'État à se rendre dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée - plus précisément au vignoble de Psagot et sa "cuvée Pompeo" - et également le premier au Golan, ce plateau syrien annexé par Israël et dont l'administration Trump a reconnu la souveraineté israélienne.
"Mike Pompeo semble non seulement vouloir compliquer la présidence Biden mais aussi servir ses propres intérêts", proteste sur NBC Ben Rhodes, ex-conseiller de Barack Obama. Traduction: en multipliant les gestes unilatéraux favorables à l'État hébreu, le ténor républicain veut flatter les chrétiens évangéliques américains, un électorat-clé pour celui à qui l'on prête des ambitions présidentielles pour 2024.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, assez fin politique pour omettre en sa présence d'évoquer la "conversation chaleureuse" qu'il vient d'avoir par téléphone avec le président-élu Biden, n'est lui que louanges pour son "ami Mike". Mais ses propos, véritable discours d'adieu, doivent avoir un goût amer pour l'Américain. Même l'indéfectible "Bibi" regarde déjà vers l'après-Trump.
Golfe, front anti-Téhéran
Dernières étapes, à Abou Dhabi, au Qatar et en Arabie saoudite, pour consolider l'union naissante anti-Téhéran dans le sillage des accords historiques de normalisation des relations conclus, sous l'égide de Donald Trump, par Israël avec les Emirats arabes unis et Bahreïn. Et parler avec les talibans, au moment où le président sortant hâte le retrait américain.
Mike Pompeo entend-il éclairer les alliés arabes sur les intentions du gouvernement américain pour ses deux derniers mois, entre la promesse de nouvelles sanctions contre des intérêts iraniens, la menace de mise à l'index des rebelles Houthis du Yémen et l'hypothèse, non confirmée, d'actions plus spectaculaires encore pouvant aller jusqu'à des frappes militaires visant l'Iran?
Difficile de le savoir. Et difficile de savoir s'il soutient toujours Donald Trump dans sa croisade pour nier sa défaite.
Au neuvième et avant-dernier jour de ce voyage affecté aussi par les restrictions sanitaires, les journalistes qui l'accompagnent n'ont toujours pas eu la moindre occasion de poser des questions à Mike Pompeo - rarissime, sinon sans précédent, dans l'histoire des déplacements des secrétaires d'État.
AFP/VNA/CVN
Jeudi 21 janvier, à Hanoï, Google Arts & Culture a annoncé un projet intitulé ''Merveilles du Vietnam'', qui présente en ligne la beauté naturelle, les patrimoines matériels et immatériels du Vietnam reconnus par l'UNESCO.