Les zones économiques spéciales, facteur d’essor de l’économie

Le Vietnam doit élaborer une loi sur les zones économiques, les centres économiques et administratifs spéciaux pour promouvoir son économie. Entretien avec Vuong Dinh Huê, chef de la Commission de l’économie du Comité central (CC) du Parti communiste du Vietnam (PCV).

>>Zones économiques spéciales, un choix intelligent

Vuong Dinh Huê.

Quelles seront les incidences de la création de zones économiques spéciales sur le développement de l’économie nationale ?

Les zones de libre-échange et zones économiques spéciales sont largement établies dans le monde. Elles sont le fruit du processus de la mondialisation. Leur fonction est d’exploiter les ressources internationales en matière de technologies avancées, de capitaux, de ressources humaines de haut niveau, mais aussi les initiatives de développement afin de soutenir l’économie locale comme nationale. C’est d’autant plus vrai que, en général, on teste dans ces zones économiques spéciales de nouvelles institutions et de nouveaux mécanismes pour les généraliser, le cas échéant, à l’ensemble du pays.

La base de ce modèle de zone économique spéciale repose sur celui de zone industrielle et, pour partie, celui de zone de libre-échange. Ces dernières sont apparues depuis longtemps dans le monde. On peut citer le «premier port franc» d’Italie apparu en 1547, puis en Asie-Pacifique au début du XVIIe siècle, la zone de libre-échange de Singapour en 1819, celle de Hongkong (Chine) en 1842. Aujourd’hui, les plus de 3.500 zones de libre-échange impliquent 135 pays du monde.

Au Vietnam, l’initiative de créer des zones économiques spéciales a été avancée, en décembre 1997, lors du 4e plénum du CC du PCV (VIIIe mandat). En 2002, le pays a décidé d’expérimenter le modèle de zone économique ouverte, celle de Chu Lai dans la province de Quang Nam (Centre), mais aussi plusieurs zones économiques sur le littoral. Ces dernières, qui sont désormais au nombre de 18 pour une superficie totale de 54.000 ha, ont abouti à des résultats encourageants en termes d’attrait de l’investissement qu’il soit domestique ou étranger, tout en créant de l’emploi pour des milliers de personnes. Néanmoins, ces deux modèles ne peuvent concurrencer sérieusement les zones de libre-échange de la région ou du monde, car leur attrait ne repose que sur des dispositions fiscales et foncières privilégiées. La conséquence est que peu d’investisseurs étrangers s’y implantent, en particulier ceux qui sont stratégiques comme les entreprises des secteurs de technologies avancées. Les zones économiques spéciales sont conçues pour remédier à cette situation.

Le Vietnam dispose de nombreux potentiels en terme d’économie maritime.

Sous la direction du Parti et de l’État, le pays exploitera ses atouts, notamment ceux économiques en zone maritime ou insulaire, en développant de telles zones, ainsi que des zones administratives spéciales, lesquelles vont «doper», en quelque sorte, notre économie. Elles nous permettront à la même occasion de tester de nouvelles politiques et institutions, ce en vue de leur généralisation à tout le pays si elles s’avèrent bondées.

Que pensez-vous des conditions actuelles pour développer de telles zones dans notre pays ?

Le Vietnam a de nombreux potentiels en terme d’économie maritime, avec déjà plus de 50 ports, mais aussi 40 baies et 3.000 îles, grâce à une façade maritime de 3.260 km, faisant de celui-ci l’un des 10 premiers pays du monde en termes de longueur du littoral.

Les trois premières zones économiques spéciales qui seront créées seront celles de Vân Dôn, dans la province de Quang Ninh (Nord), de Phu Quôc, dans la province de Kiên Giang (Sud), et de Bac Vân Phong, dans la province de Khanh Hoà (Centre).

Leur succès dépendra de quels facteurs ?

D’un cadre juridique idoine et effectif, à commencer par la loi qui leur sera consacrée prochainement. Ensuite, le plus important est le choix de leur emplacement dans le pays, lequel doit cumuler des avantages sur le plan géographique comme économique. En dehors des trois zones précitées, les autres sites potentiels sont, pour le Sud, Hô Chi Minh-Ville et les provinces de Binh Duong, Dông Nai et Bà Ria-Vung Tàu, pour le Nord, Hanoi et les provinces de Bac Ninh, Hai Duong, Hung Yên et Quang Ninh, outre la ville portuaire de Hai Phong, et, enfin, pour le Centre, les provinces littorales de Phu Yên, Khanh Hoà et Binh Dinh.

Le succès de telles zones spéciales dans le monde s’explique par leur attrait spécifique des investisseurs stratégiques. Pour s’en assurer, nous envisageons trois mesures. D’inviter les plus grandes sociétés de conseil du monde, comme McKenzy, pour orienter les investisseurs stratégiques vers ces zones. Notre gouvernement les invitera de même en prenant engagements concrets et réels. Enfin, comme la province de Quang Ninh l’a déjà fait, nous organisons des séminaires et de colloques ad hoc pour solliciter des partenaires stratégiques étrangers.

Quê Anh/CVN

Avis d’un expert
 
D’après Vo Tri Thành, directeur adjoint de l’Institut national d’étude et de gestion de l’économie, fin 2011, le pays possédait 18 zones économiques, mais aucune zone économique spéciale où les institutions et mécanismes sont plus ouverts et modernes, donnant aux investisseurs les meilleures conditions. Pour créer ces zones, nous devrons acquérir l’expérience des pays ayant connu le succès mais aussi l’échec dans ce domaine. Auparavant, les économies dans le monde étaient peu ouvertes, et très peu étaient prêtes à s’intégrer à une économie mondiale qui, d’ailleurs, était relativement développée. L’attraction de l’investissement était d’abord le fait de politiques privilégiées sur le plan économique. Aujourd’hui, de nombreux accords de commerce bilatéraux comme multilatéraux sont en vigueur, et de plus en plus d’économies sont impliquées dans des zones de libre-échange, demeurant, et de plus en plus au détriment du mécanisme de libéralisation du commerce qu’est l’Organisation mondiale du commerce... Compte tenu de cette conjoncture, il nous faut créer de telles zones pour séduire davantage l’investissement étranger, d’autant plus que notre pays s’est engagé dans plusieurs importants accords de libre-échange. Ces zones permettront, entre autres, d’en bénéficier pleinement afin de faire entrer notre économie dans une nouvelle phase de profonde intégration à la chaîne mondiale de production et de valeur.
 

Liste des zones économiques au Vietnam
1. Dinh Vu-Cat Hai (ville portuaire de Hai Phong, Nord)
2. Ninh Co (province de Nam Dinh, Nord)
3. Zone économique littorale de Thai Binh (province de Thai Binh, Nord)
4. Vân Dôn (province de Quang Ninh, Nord)
5. Nghi Son (province de Thanh Hoa, Centre)
6. Zone économique du sud-est de Nghê An (province de Nghê An, Centre)
7. Vung Ang (province de Hà Tinh, Centre)
8. Chân May-Lang Cô (province de Thua Thiên-Huê, Centre)
9. Nhon Hôi (province de Binh Dinh, Centre)
10. Hon La (province de Quang Binh, Centre)
11. Chu Lai (province de Quang Nam, Centre)
12. Dung Quât (province de Quang Ngai, Centre)
13. Zone économique du Sud-Est de Quang Tri (province de Quang Tri, Centre)
14. Vân Phong (province de Khanh Hoà, Centre)
15. Nam Phu Yên (province de Phu Yên, Centre)
16. Phu Quôc-Nam An Thoi (province de Kiên Giang, Sud)
17. Dinh An (province de Trà Vinh, Sud)
18. Nam Can (province de Cà Mau, Sud)
(Source : ministère du Plan et de l’Investissement)

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