Les ventes de cigarettes électroniques bientôt restreintes aux États-Unis

Les autorités américaines ont décidé d'imposer des restrictions draconiennes sur les ventes de cigarettes électroniques pour enrayer "l'épidémie" parmi les jeunes irrésistiblement attirés par ce produit sous sa forme aromatisée.

>>Un homme tué en Floride dans l'explosion de sa cigarette électronique

Une cigarette électronique de marque Juul, le 2 octobre à Washington.
Photo: AFP/VNA/CVN

L'Agence de santé américaine (FDA) a annoncé jeudi 15 novembre avoir proposé l'interdiction des ventes des e-cigarettes aromatisées sur internet. Celles-ci ne seront donc disponibles qu'en magasins, des espaces fermés inaccessibles aux mineurs. Elle a en revanche exempté les cigarettes électroniques parfumées à la menthe et au menthol, qui sont populaires chez les adultes et susceptibles d'être utilisées dans le cadre d'un sevrage au tabac. L'agence entend par ailleurs imposer une interdiction des ventes sur les cigarettes et les cigares mentholés, soulignant que "le menthol sert à masquer les aspects repoussants de la fumée qui découragent un enfant de fumer".

Avant de prendre effet, ces propositions doivent être soumises à une période de consultation publique jusqu'en juin. Le nombre de vapoteurs a augmenté de 78% dans les lycées américains de 2017 à 2018, et de 48% dans les collèges, selon les dernières données d'une enquête nationale. "Ces chiffres choquent ma conscience", a réagi Scott Gottlieb, responsable de la FDA dans un communiqué. "Cette hausse (de la consommation) doit cesser. (...) je ne laisserai pas une génération d'enfants devenir accrocs à la nicotine par le biais des cigarettes électroniques", a-t-il ajouté.

Depuis 2016, la FDA régule les e-cigarettes, interdites par exemple à la vente pour les mineurs. Mais face à la hausse vertigineuse du nombre de vapoteurs parmi les jeunes Américains, elle a décidé de sévir. Au total, 3,6 millions de collégiens et lycéens consomment actuellement des cigarettes électroniques, soit 1,5 million de plus qu'en 2017, a déploré jeudi la FDA. Plus d'un quart des lycéens vapotent régulièrement (au moins 20 jours au cours du mois passé). Et 67,8% d'entre eux vapotent des e-cigarettes parfumées, des chiffres en forte hausse, souligne-t-elle.

Future génération de fumeurs?

"Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour ces tendances ne se poursuivent pas", a insisté Scott Gottlieb, soulignant l'enjeu: empêcher que les adolescents vapoteurs d'aujourd'hui ne deviennent les adultes fumeurs de demain, puis des malades incurables. La quasi totalité des fumeurs adultes ont commencé quand ils étaient mineurs, observe-t-il. La cigarette est encore la première cause de maladie et de décès évitable aux États-Unis, et tue environ 480.000 Américains chaque année. Quelque 16 millions d'Américains souffrent en outre de maladies liées au tabac. Récemment, Scott Gottlieb avait qualifié d'"épidémie" le vapotage chez les jeunes.

Les spécialistes de la santé ont salué ces propositions. "L'interdiction d'arômes, populaires chez les adolescents, serait définitivement un pas important pour enrayer l'épidémie", a commenté Patricia Folan, directrice du centre de contrôle du tabac un réseau hospitalier de New York. "Il est largement reconnu que les e-cigarettes sont une porte d'entrée vers les cigarettes pour les ados et les jeunes adultes", a renchéri Len Horovitz, un spécialiste des maladies pulmonaires à l'hôpital Lenox Hill. Si on ne retrouve pas de nombreux produits cancérigènes des cigarettes, comme le goudron, dans les cigarettes électroniques, ces dernières contiennent de la nicotine, un produit qui n'est pas lié au cancer mais qui provoque l'addiction.

La FDA avait déjà sommé il y a quelques semaines les fabricants d'e-cigarettes de trouver le moyen d'empêcher les jeunes d'acheter leurs produits. Le groupe de tabac américain Altria (Marlboro aux États-Unis, Chesterfield...) avait pris les devants en annonçant le 25 octobre qu'il allait cesser de vendre une partie de ses cigarettes électroniques, les plus populaires auprès des jeunes. Attaqué de toutes parts, le numéro un des cigarettes électroniques Juul avait, à son tour mardi, annoncé la suspension des ventes de ses produits également les plus prisés des adolescents. Il va cesser de commercialiser dans les magasins la plupart de ses recharges aromatisées, celles visées précisément par la FDA. Le fabricant, dont les produits connaissent un succès fulgurant auprès des jeunes, mettra également fin à leur promotion sur les réseaux sociaux.

L'entreprise, basée à San Francisco, comme nombre de fabricants de e-cigarettes, arguent que leurs produits ciblent les fumeurs adultes désireux de se sevrer du tabac. Mais certains de ces produits ressemblent à une clé USB dans laquelle on insère des recharges avec un liquide contenant de la nicotine et aromatisé à toutes sortes de parfums. Attirants pour les ados, ils se sont imposés parmi la jeunesse du monde entier. En Europe, l'efficacité de ces cigarettes, censées aider les fumeurs à se sevrer, est remise en question. En France, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient ainsi de lancer une étude nationale pour évaluer l'efficacité de ce produit en comparaison à un médicament. À Wall Street, les groupes de tabac étaient chahutés. Le titre Altria a clôturé en baisse de 3,08%, British American Tobacco en repli de 3,64%.


AFP/VNA/CVN

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