Les vélos en partage libre bousculeront-ils le cadre établi ?

Déjà en croissance explosive en Chine, les vélos en partage libre, disponibles en dehors de stations à l'inverse du Vélib' parisien, s'attaquent au marché français, y compris à Paris où ils ambitionnent de bousculer les services de mobilité.

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Laurent Kennel, directeur général d'Ofo pour la France, une entreprise de vélos en partage libre, le 20 octobre 2017 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au-delà de l'enthousiasme de jeunes pousses et entreprises chantres d'une révolution de la "mobilité douce", les vélos en partage libre posent des défis de régulation, de concurrence voire d'ordre public.

GooBee.bike, oBike, Indigo Weel, Ofo : derrière ces marques se cache un concept fructueux dans le monde entier, une bicyclette pouvant être louée avec un téléphone.

Application téléchargée, carte de crédit mémorisée, un coup de scanner via l'appareil photo sur le code-barre du vélo, et l'antivol intégré se débloque. Certains prestataires annoncent des tarifs de 50 centimes par demi-heure.

Une fois le trajet effectué, on referme l'antivol et la location s'arrête, où que l'on ait garé le vélo. Celui-ci est géolocalisé pour le prochain client, sur un modèle déjà éprouvé par des scooters, voitures et autres véhicules en autopartage.

"Aujourd'hui, avec un vélo connecté et des smartphones, on arrive vraiment à simplifier et à alléger toutes les contraintes", assure Laurent Kennel, directeur général d'Ofo pour la France.

Cette entreprise chinoise fondée en 2014 revendique gérer "10 millions de vélos dans 180 villes et 15 pays" avec 65% de parts de marché en Chine.

Dans ce pays, le secteur devrait réaliser en 2017 un chiffre d'affaires d'environ 1,3 milliard d'euros, soit +736% en un an, selon le cabinet iiMedia Research Group de Hong Kong. De même source, le nombre d'usagers de vélos partagés en Chine atteindra les 209 millions cette année, contre 28 millions en 2016.

Le vélo sans station "a l'énorme avantage de ne rien coûter à la collectivité locale", fait valoir Benjamin Voron, directeur de la communication d'Indigo, gestionnaire français de parkings qui se développe dans les services de "mobilité individuelle".

Indigo vise avec ses vélos partagés Indigo Weel, les "villes de 300.000 habitants ou plus" et va s'installer en premier à Metz à partir du 1er décembre. Le secteur "démarre très fort", juge-t-il : Indigo envisage 80.000 vélos déployés en France à la mi-2018.

Concurrence déloyale ?

Les vélos en partage libre s'attaquent bientôt au marché français.
Photo : AFP/VNA/CVN

"La nuance avec les acteurs chinois, c'est qu'on détermine avec les villes les zones spécifiques pour déposer les vélos, que ça ne soit pas la pagaille complète", souligne Voron, alors que les autorités chinoises ont dû commencer à réguler une emprise problématique sur l'espace public.

Si Gobee.bike, d'origine hong-kongaise, a déjà déployé des dizaines de vélos verts à Paris, d'autres entrants, comme Kennel, disent vouloir "nouer un dialogue" avec les autorités avant de se lancer.

La société oBike, originaire de Singapour et déjà déployée dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est, voudrait travailler à Paris dès ce mois-ci, mais elle souhaite obtenir l'accord de la municipalité "pour voir comment réguler cela, sinon ça va être chaotique", reconnaît Rudy Igoufe, son responsable pour la France.

Concédant qu'il existe un "vide juridique" pour ce genre de système, Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris chargé des transports, a invité les représentants des opérateurs le 16 novembre. "On est favorables à ces nouvelles offres mais il y a besoin d'organiser les choses et de les réguler", dit-il.

Car il s'agit aussi d'une nouvelle concurrence pour le Vélib'. Installé depuis 2007, ce service de vélo partagés en stations moyennant un abonnement annuel ou un ticket à la journée ou à la semaine est en train de changer d'opérateur, de JCDecaux à Smovengo, qui a remporté en début d'année un contrat de 600 millions d'euros pour 15 ans.

Les nouveaux entrants n'ont pas les mêmes frais ni les mêmes obligations de couverture. Soucieux d'"éviter une concurrence déloyale manifeste", Najdovski précise que ses services réfléchissent à "la possibilité d'une redevance d'occupation du domaine public, pour une activité qui est privée et lucrative".

Kennel assure qu'ofo sera "complémentaire" des services déjà installés, mais Indigo, qui fait partie du consortium Smovengo, ne déploiera pas ses vélos à Paris, précise Voron.

AFP/VNA/CVN

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