Les révélations des «Panama Papers» en cours de vérification

Le Département général des impôts a décidé le 10 mai de créer un sous-comité afin d’enquêter sur 189 individus et organisations vietnamiens liés au scandale des «Panama Papers». Plusieurs incriminés s’en défendent et clament avoir agi conformément à la loi.

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Composé des représentants de l’inspection, de la réforme, de la coopération internationale et d’autres services, le groupe de travail aura pour but de démêler et d’éclaircir les suspicions de fraude fiscale autour de ces 189 noms. Le Département général du fisc va référencer des données sur les transactions bancaires et d’autres activités, et consulter en parallèle les informations venues de la police. Leurs déclarations de revenus seront passées à la loupe. En outre, des fiscalistes vont estimer les degrés de relations entre ces organisations et les particuliers avec les entreprises à l’étranger pour cerner l’ampleur de l’affaire.

Une source d’information non officielle

Pour rappel, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a poursuivi la publication des données détaillées figurant dans les «Panama Papers», et qui concernent environ 200 personnes et sociétés au Vietnam. Il est cependant possible que ces dernières, bénéficiaires de larges revenus, n’aient pas fraudé aux impôts. En effet, le Vietnam a par le passé mis en place des politiques incitatives pour attirer les entreprises. Implantées dans certaines zones économiques précises, elles ont été exonérées d’impôts sur le revenu pendant quatre ans à partir du lancement de leurs opérations, et ont pu bénéficier par la suite d’une réduction de 50% sur les montants dus, pendant neuf ans.

Le Consortium international des journalistes d’investigation a poursuivi la publication des données détaillées figurant dans les «Panama Papers», et qui concernent 189 personnes et sociétés au Vietnam.

D’après le rapport sur les conséquences des politiques de privilèges fiscaux accordés aux entreprises issues de l’investissement direct étranger (IDE), réalisé par Action Aid Vietnam et l’Association vietnamienne des entreprises spécialisées dans le conseil fiscal, le pays accuserait une perte de 20 millions de dollars. Selon les experts, notamment étrangers, le Vietnam devrait réviser ses politiques en la matière.

Les révélations des «Panama Papers» doivent être considérées comme une source d’information, qui doit être vérifiée par les services compétents du Vietnam, a annoncé Pham Trong Dat, chef du Département de lutte contre la corruption relevant de l’Inspection du gouvernement. «L’important est de déterminer leur justesse pour prendre des mesures nécessaires», a-t-il ajouté.

De plus, il a souligné que figurer dans les «Panama Papers» ne veut pas automatiquement dire que les individus et les entreprises ont violé la loi. Il a ajouté que ce n’était pas une source d’information officielle émanant de services compétents sur le plan international, mais de révélations issues d’une organisation de journalistes. Son département a d’ailleurs transmis les informations au gouvernement et au Comité central du Parti communiste vietnamien.

Selon Nguyên Van Ngoc, chef du Département de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent, relevant de la Banque d’État du Vietnam (BEV), la BEV règlera l’affaire concernant les «Panama Papers» selon ses compétences, et elle collaborera avec les ministères et les services concernés pour étudier ladite liste, conformément à la loi. Il a également ajouté qu’il n’y avait aucune information sur les activités et les transactions effectuées par les organisations et les individus listés.

Opérations et montages financiers légaux

Plusieurs personnes liées au monde des affaires vietnamien figurent dans les «Panama Papers», et elles ont déjà fourni des explications sur la présence de leurs noms.

D’après Dàm Bich Thuy, ancienne directrice générale de la banque ANZ Vietnam, la banque avait créé une société de leasing financier sous le nom d’ANZ V-Trac aux îles Vierges britanniques. Mme Thuy était également directrice générale d’ANZ V-Trac, et elle a affirmé aujourd’hui que la compagnie était dotée de la licence légale pour investir à l’étranger.

Femme d’affaires réputée Nguyên Thi Phuong Thao, directrice générale du transporteur aérien Vietjet Air, actionnaire important du groupe Sovico Holdings et compagnie mère de Vietjet Air, est également citée dans les «Panama Papers». Elle a noué des relations avec le groupe Ariana Hotels & Resort International, dont le siège est également aux îles Vierges britanniques. Le groupe possédait le Furama Resort, racheté par Sovico en 2005. Nguyên Canh Son et Nguyên Thanh Hùng, par ailleurs époux de Nguyên Phuong Thao et président de Sovico, se retrouvent sur la liste. La femme d’affaires a expliqué qu’en 2005, «Sovico était une compagnie internationale, et qui avait l’intention d’investir au Vietnam. Sovico a racheté alors le Furama Resort, qui utilisait des services de consulting de la compagnie Mossack Fonseca (l’étude d’avocat panaméenne d’où ont fuité les informations, ndlr). Ainsi, Sovico a fait son apparition dans les Panama Papers».

Les «Panama Papers» citent également certains noms dans le secteur boursier, dont Nguyên Duy Hung, président de la Société boursière Sài Gon (SSI). Selon lui, leur apparition dans ces listes est normale pour les entreprises qui ont des opérations d’investissement à l’étranger, et n’aurait donc rien à voir avec le blanchiment ou les affaires de fraude aux impôts. Par ailleurs, l’ouverture des compagnies à l’étranger est légale avec l’autorisation des organismes compétents du Vietnam, a notifié Nguyên Duy Hung.


Thê Linh/CVN

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