Les prix agricoles mondiaux continuent de plonger vers leur plus bas

Moins 10, moins 15% sur un mois : les prix agricoles ont poursuivi en août leur dégringolade dans des proportions inédites, annonçant des temps difficiles pour les producteurs, comme l'ont déjà montré les crises de l'été en Europe et notamment en France.

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Le panier moyen de denrées, témoin mensuel de l'Organisation des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO, basée à Rome) pour surveiller les prix alimentaires, a enregistré le mois dernier sa plus forte baisse en sept ans (-5,2% en un mois) a indiqué jeudi l'organisation.

Cette baisse concerne les principales denrées comme le lait, les huiles végétales, le sucre ou les céréales qui accusent un recul de 7% par rapport à juillet et 15% sur un an. Les huiles végétales ont également baissé de 8,6% par rapport à juillet et ces deux catégories de produits touchent leur plus bas niveau depuis mars 2009.

Vente de riz à Calcutta, en Inde. Photo : AFP/VNA/CVN

"Le plus spectaculaire est cette chute drastique des prix en août", a confirmé Abdolreza Abassian, économiste en chef de la FAO, joint à Rome au siège de l'organisation. "L'offre excédant la demande, elle va continuer de peser sur les prix" prédit-il.

Seuls les cours mondiaux de la viande semblent être épargnés, "mais il faudra sans doute revoir nos prévisions le mois prochain", estime M. Abassian.

Ralentissement chinois

La FAO attribue principalement cette baisse généralisée à l'abondance de l'offre mondiale, à l'effondrement des prix de l'énergie dans le sillage du pétrole et au ralentissement de la demande chinoise, qui frappe en priorité le lait.

Les poudres de lait, les fromages, le beurre ont cédé 9% sur le marché mondial.

Quant au sucre (qui sert aussi à la fabrication d'éthanol et subit le contre-coup de la baisse du pétrole) il a perdu 10% de son prix en un mois, face à une nouvelle dépréciation du real brésilien (le marché directeur) par rapport au dollar, mais aussi de l'émergence de l'Inde, qui devient le deuxième producteur mondiale et sera exportateur net en 2016.

"Les producteurs attendaient de meilleurs prix après une année de baisse, reprend M. Abassian, et là ils vont devoir se débrouiller avec des prix encore plus bas come on le voit en France".

Car cette baisse généralisée ne risque pas d'être contrariée de sitôt si l'on en croit les estimations de productions de la FAO : elle table, pour les céréales mondiales, sur 2,54 milliards de tonnes soit 13,8 millions de tonnes supplémentaires par rapport à 2014 - déjà une année d'abondance.

La France, marché directeur du blé en Europe vient de confirmer une récolte "historique" dépassant pour la première fois les 40 millions de tonnes de blé tendre (40,7 Mt), dont elle est le premier exportateur européen et le troisième mondial.

Pour les producteurs, cette chute des cours s'est traduite par une perte de 40 euros/t entre juillet et septembre.

L'offre ne cesse d'augmenter

En lait, la crise qui frappe les producteurs français ou espagnols en raison d'une surproduction déliée par la fin des quotas en Europe, atteint aussi les antipodes; les cours s'effondrent en Nouvelle-Zélande, qui avait tout misé sur son or blanc.

La coopérative Fonterra, qui façonne les cours mondiaux avec ses 10.500 fournisseurs, a annoncé des prix réduits de moitié cet été par rapport à 2013 avec une moyenne de 200 euros la tonne.

Qu'ils soient européens ou néo-zélandais, les éleveurs souffrent en partie des mêmes maux entre baisse de moitié des achats chinois, embargo russe en vigueur depuis un an et ralentissement économique des pays producteurs de pétrole.

À l'inverse l'offre ne cesse d'augmenter. Ce mouvement de baisse généralisée est déjà confirmé sur trois ans : en 2014, les céréales avaient perdu 12,5% sur l'année, et dès décembre, les produits laitiers atteignaient leur plus bas niveau depuis 2009.

La dernière flambée des prix agricoles en 2007-2008, qui s'était traduite dans de nombreux pays par des émeutes de la faim, de nouveau brièvement éprouvée en 2012 sous l'effet de la sécheresse estivale aux États-Unis, semble aujourd'hui bien loin, malgré une augmentation constante de la demande mondiale.

AFP/VNA/CVN

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