Les premières concrétisations du Brexit font à nouveau flancher les marchés

Les premières répercussions concrètes du Brexit sur l'économie ont à nouveau fait flancher le 6 juillet les places boursières mondiales, à l'exception de Wall Street, ainsi que la livre britannique et propulsé à l'inverse l'or, valeur refuge par excellence, vers des sommets.

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Un drapeau européen devant Big Ben à Londres, le 2 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le Brexit suscite une nouvelle poussée de fièvre" avec une "nouvelle baisse significative des marchés actions européens" tandis que "l'or bat de nouveaux records" et que les taux d'emprunts des États "s'enfoncent toujours plus bas", résume le courtier Aurel BGC.

"Les investisseurs sont dans une période absolument opaque. C'est d'ailleurs un cas d'école pour les opérateurs économiques qui ne savent pas à quoi s'en tenir face à ce vote britannique" et "cette absence de visibilité rend les choses très compliquées pour les marchés actions", souligne également Michaël Jacoby, responsable du courtage Europe continentale d'Oddo Securities.

Les Bourses européennes ont clairement accusé le coup, fermant leurs portes sur de nets recul. Paris a perdu 1,88%, Francfort 1,67% et Londres 1,25%. Également en baisse à l'ouverture, Wall Street s'est en revanche reprise à l'aide d'un bon chiffre américain et d'un document jugé rassurant sur les intentions de la Réserve fédérale (Fed): le Dow Jones a pris 0,44% et le Nasdaq 0,75%. La livre payait pour sa part le prix fort et s'installait sous 1,30 dollar pour la première fois en 31 ans.

"L'aversion au risque reprend le dessus avec les craintes d'une diffusion du risque immobilier britannique à l'ensemble du secteur financier européen et les inquiétudes sur les banques italiennes", observent les stratégistes de Crédit-Mutuel CIC.

Les premiers effets économiques concrets du vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne commencent en effet à se faire sentir. Depuis le 4 juillet, six fonds immobiliers britanniques ont brutalement suspendu leur activité face à l'afflux des demandes de retraits d'investisseurs inquiets.

La croissance du secteur des services, prépondérant au Royaume-Uni, a aussi fortement ralenti en juin, selon des données compilées avant et après le vote historique du 23 juin. Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, a incité mardi les banques à ouvrir les vannes pour soutenir une économie britannique en proie aux craintes de récession.

Les marchés financiers semblaient dans un premier temps avoir plutôt bien encaissé le choc de ce référendum pour lequel ils espéraient une autre issue, mais les fissures sont bien réelles et des voies d'eau commencent à apparaître.

"Les marchés ont trop rapidement et trop fortement récupéré", après leur chute dans la foulée des résultats du référendum, il est donc "logique" qu'ils trébuchent de nouveau face à cette "inconnue majeure", analyse M. Jacoby. "Juste quand nous pensions être revenus dans des eaux plus calmes, la livre se fait marteler", relève aussi Stephen Innes, trader de OANDA Asia Pacific.

"Carnage" obligataire

Les investisseurs inquiets recherchent du coup frénétiquement des placements sûrs, à commencer par l'or qui a dépassé le 6 juillet son précédent plus haut enregistré le 24 juin dans le sillage du vote britannique.

Une vue de Londres, le 27 juin.

Le cours de l'once d'or est ainsi monté vers 10h30 GMT (12h30 à Paris) jusqu'à 1.375,45 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 17 mars 2014. Les titres de dette des États ont également été privilégiés avec pour effet une nette détente des rendements de ces derniers.

"Le mot est fort, mais il correspond exactement à ce qui est en train de se passer sur les rendements des obligations d'État : un carnage", relevait John Plassard, directeur adjoint du courtier Mirabaud securities. Le graal obligataire, le Bund allemand, s'est enfoncé à des niveaux jamais vus en territoire négatif, à -0,205% mercredi 6 juillet.

Au-delà du Brexit, un autre élément pèse sur les marchés : les banques italiennes. Elles se font laminer en Bourse et les investisseurs se demandent avec de plus en plus d'insistance si elles ne seront pas le déclencheur d'une nouvelle crise financière en zone euro, d'autant que semble exister un désaccord profond entre le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et ses partenaires européens sur la manière dont il faudra les renflouer.

"Renzi a raison, il y a un problème bancaire", écrit dans le Financial Times Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, le plus gros gestionnaire d'actifs au monde.

Selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets, il y a là un "cocktail empoisonné, qui peut potentiellement mettre le système bancaire européen à genoux, et pour l'instant, il semble que les politiques n'ont pas la moindre idée de la manière dont ils peuvent régler le problème".

AFP/VNA/CVN

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