Les petites et moyennes entreprises
à l’heure de l’intégration

L’adhésion à l’Accord de partenariat transpacifique et aux accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux génèrera opportunités et défis pour le Vietnam. Entretien avec Pham Binh An, directeur du Centre de soutien à l’intégration à l’Organisation mondiale du commerce de Hô Chi Minh-Ville.

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De combien d’accords de libre-échange le Vietnam fait-il désormais partie ? Et en quoi l’Accord de libre-échange Vietnam-Union européenne et l’Accord de partenariat transpacifique sont-ils considérés comme étant de «nouvelle génération» ?

Le Vietnam a achevé les négociations de 12 accords de libre-échange (FTA) bilatéraux et multilatéraux. Parmi eux, Accord de libre-échange Vietnam-Union européenne (EVFTA) et l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) auront une profonde influence sur l’économie nationale. Alors que les FTA «standards» ne cherchent qu’à supprimer les barrières non tarifaires, ces deux accords englobent de nombreux domaines comme l’ouverture des marchés des biens de consommation, des services, de l’investissement ; les achats gouvernementaux; les entreprises publiques ; la propriété intellectuelle ; les ressources humaines ; et le développement durable.

Quels avantages, mais aussi quels inconvénients impliquent le fait d’être membre de la Communauté économique de l’ASEAN (AEC) ?

Cette intégration a ouvert un immense marché de libre-échange. Le nombre de consommateurs est passé subitement de 90 millions de personnes (population du Vietnam) à 630 millions (population de l’ASEAN). Le développement de l’investissement et de la production offriront de nouveaux emplois aux travailleurs. Cependant, le personnel vietnamien devra se heurter à la concurrence professionnelle étrangère. Et ce ne sera pas une mince affaire, le Vietnam figurant dans la liste des pays les moins avancés de l’ASEAN. Les indices de l’environnement des affaires et de la compétitivité restent très modestes et difficiles à améliorer sur le court terme.

Que devront faire les entreprises et les produits vietnamiens pour s’adapter à cette nouvelle donne que constituent les FTA ?

La plupart des produits vietnamiens affichent des faiblesses criantes : manque de créativité, de diversité, de professionnalisme, etc. Le fait que 93% des entreprises vietnamiennes soient des petites et moyennes entreprises (PME) ayant peu d’expérience dans les affaires et pas de vision à long terme est un élément d’explication. Sans compter que la coopération entre ces dernières est, de loin, insuffisante. Au regard de ce diagnostic, il sera compliqué pour elles d’améliorer rapidement leur compétitivité, travail nonobstant capital afin de s’adapter à l’intégration économique.

Les accords de libre-échange sont à double tranchant pour le Vietnam.
Photo : An Hiêu/VNA/CVN

Que doivent-elles faire précisément ?

En premier lieu, elles doivent s’informer de leurs concurrents et des soutiens étatiques. Ensuite, il leur faut définir une stratégie à long terme, en plus de s’efforcer à surmonter les problèmes actuels. Enfin, elles doivent suivre les critères concernant les affaires, les travailleurs, la finance et l’administration pour s’intégrer correctement dans l’économie mondiale.

Selon vous, quel est le pourcentage d’entreprises qui s’intéressent à l’AEC ?

La plupart des PME négligent l’ouverture du marché domestique, pensant, à tort, que cela ne concerne que les entreprises spécialisées dans l’import-export. En effet, faire partie de l’AEC implique que le marché du Vietnam et celui de l’ASEAN forment un seul et même marché. En d’autres termes, que les produits et services se retrouvent directement confrontés aux produits étrangers, lesquels présentent de nombreuses qualités.

En 2013, 76% des entreprises vietnamiennes ne connaissaient pas l’AEC, et 63% pensaient que cette communauté ne les concernait pas. Un chiffre record parmi les pays du bloc régional. En 2014, l’Université de l’économie de Hanoi a mené une enquête similaire. Verdict : 47,6% savaient précisément quand serait édifiée l’AEC, et 82,1% que cela signifiait la mise en place d’un grand marché de libre-échange. Et aujourd’hui encore, la plupart des entreprises délaissent la recherche d’informations sur l’AEC...

Que doit faire l’État pour soutenir les entreprises vietnamiennes ?

L’intégration à l’économie internationale mène à un marché de libre-échange certes plus vaste, mais où la concurrence est plus forte. Le succès de l’économie nationale dépend principalement de la compétitivité des entreprises domestiques. D’autre part, les soutiens de l’État sont indispensables, à condition qu’ils soient adaptés aux besoins des entreprises.

Pour cela, les trois acteurs de ces aides : les autorités, les experts et les entreprises bénéficiaires doivent se concerter pour trouver les solutions les plus appropriées. Et l’État doit encourager les entreprises à faire de leur mieux pour ne pas dépendre de ces soutiens ou succomber à la tentation de le faire. Parallèlement à ces mesures, il faut mener une large étude visant à évaluer les influences du TPP et des autres FTA sur tous les secteurs.

Huit FTA déjà en vigueur :
- L’Accord de libre-échange de l’ASEAN (signé en 1996)
- Cinq FTA entre l’ASEAN et pays partenaires :
+ Chine (2004)
+ République de Corée (2006)
+ Japon (2008)
+ Inde (2010)
+ Australie et Nouvelle-Zélande (2010)
- Deux FTA bilatéraux :
+ L’Accord de partenariat économique Vietnam-Japon (2009)
+ L’Accord de libre-échange bilatéral Vietnam-Chili (2012)
Quatre FTA en passe de l’être :
- FTA Vietnam - République de Corée (signé le 5 mai 2015)
- FTA Vietnam-Union européenne (signé le 2 décembre 2015)
- Le TPP (négociations achevées le 5 octobre 2015).

Thuy Hai - Ngoc Yên/CVN

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