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Les perches rituelles dans les villages de pêche à Quang Binh

Dans les villages de pêche de la province de Quang Binh (Centre), l’érection du cây nêu (perche rituelle en bambou) est une tradition à l’occasion du Nouvel An lunaire. Le moyen d’attirer la chance et d’éloigner les esprits pernicieux.

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Un lieu de vente de "cây nêu" dans le district de Bô Trach, province centrale de Quang Binh.
Photo : JDQ/CVN

Dans les communes de Thanh Trach, Hai Trach et Duc Trach, l’érection à l’occasion du Têt du cây nêu est une coutume séculaire encore bien ancrée de nos jours.

Selon Lê Xuân Cuong, âgé de 75 ans et domicilié dans le village de Ly Hoà, commune de Hai Trach, district de Bô Trach, les villageois pensent que cette perche repoussera les esprits malfaisants et attirera la chance pour la nouvelle année lunaire.

M. Cuong a raconté que jadis, au début de l’année lunaire, les pêcheurs érigeaient souvent un cây nêu avant de prendre la mer, pour s’assurer une bonne pêche et des conditions météorologiques favorables. Dans les communes littorales de la province de Quang Binh, ces perches font d’ailleurs toujours face à l’océan.

À partir du 26e jour du dernier mois lunaire, les habitants des villages de pêche de Bô Trach partent acheter de belles tiges de bambou. Les marchés de cây nêu sont organisés une seule fois l’an. Autrefois, ils se tenaient sur les plages ou aux estuaires, pour faciliter l’acheminement des perches par voie fluviale ou maritime. Mais avec le développement d’un dense réseau de chemins vicinaux, ces perches se vendent un peu partout dans le district.

Un beau cây nêu doit être lisse et luisant, et non attaqué par les insectes. Le prix oscille entre 300.000 et 500.000 dôngs. Selon Hô Si Tri, âgé de 63 ans, domicilié dans la commune de Thanh Trach, les bambous viennent principalement du district montagneux de Tuyên Hoa (Quang Binh) et de la province voisine de Hà Tinh.

Cérémonie d’érection du cây nêu

La maison commune de Ly Hoà, province de Quang Binh (Centre), où des "cây nêu" sont érigés le 30e jour du dernier mois lunaire.
Photo : JDQ/CVN

Au Vietnam, la semaine des préparatifs du Têt commence par la cérémonie au Génie du Foyer (Táo Quân) et l'érection du cây nêu, qui tombent tous deux le 23e jour du dernier mois lunaire. Mais dans le district de Bô Trach, l'érection du cây nêu se déroule toujours le 30e jour.

Lê Xuân Cuong a informé que le 30e jour à midi, les chefs des lignées et les villageois se réunissent à la maison commune pour rendre un culte aux divinités. Ils érigent deux cây nêu, l’un à l’est et l’autre à l’ouest. Après, des cây nêu sont installés devant les temples et les maisons de culte de chaque lignée. Enfin, une cérémonie identique se déroule dans chaque famille.

M. Cuong a expliqué que ce n’est que lorsque les bâtonnets d’encens sont brûlés à moitié que les villageois de Bô Trach débutent l’érection du cây nêu. Celui-ci est toujours placé au centre de la cour ou devant la maison de chaque famille. Point important : il ne doit dépasser le toit de la maison.

Les cây nêu sont souvent décorés de drapeaux du pays et d’ampoules électriques. Les familles de pêcheurs y accrochent des hameçons pour s’attirer les bonnes grâces des divinités sur lesquelles repose leur sort en haute mer.

Le cây nêu est en général retiré le 7e jour du 1er mois lunaire. À ce moment, on examine la tige et si un bourgeon s’est formé, alors la famille aura une nouvelle année prospère et heureuse !


Cây nêu

Le cây nêu est une grande perche de bambou rituelle installée devant les maisons lors du Têt. Selon la tradition, on coupe un grand bambou et on le décore de feuillage, de plumes et d’un cerceau où sont suspendus de petits objets étincelants en terre cuite. On saupoudre également la cour de chaux, sur laquelle on dessine un échiquier, un arc, une arbalète etc. tout cela dans le but d'éloigner les démons.
Le bambou symbolise la vitalité, la souplesse et la résistance. Ce mât est érigé devant les maisons, les temples, les palais et les pagodes afin d’écarter les esprits pernicieux et jaloux qui sont toujours enclins à venir troubler la paix des hommes. Il joue en quelque sorte le rôle d’instrument d’exorcisme. Cette perche a un second usage qui est d’aider les ancêtres à retrouver la maison de leurs descendants, quand ils reviennent participer à leur fête. Car le Têt n’est pas seulement la fête des vivants, mais encore celle des morts.


Hoàng Phuong/CVN

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