Les pangasius vietnamiens à la conquête des marchés difficiles

Les États-Unis viennent de juger conforme le système vietnamien d’inspection du poisson tra. Une démarche importante pour assurer la durabilité de la chaîne d’approvisionnement de ces pangasius dans son ensemble.

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Le département de l’Agriculture des États-Unis a officiellement rendu publique le 31 octobre la décision de reconnaître l’équivalence du système de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments à base de pangasius du Vietnam destinés à l’exportation vers ce pays, a annoncé le vice-ministre vietnamien de l’Agriculture et du Développement rural, Phùng Duc Tiên.

Les États-Unis viennent de reconnaître l’équivalence du système vietnamien d’inspection du poisson tra.
Photo : Nguyên Van Tri/VNA/CVN

Pour continuer d’y exporter ces produits, le Vietnam doit élaborer et mettre en place un système d’inspection équivalent à celui des États-Unis, selon trois groupes de critères : contrôle de la qualité et de la sécurité sanitaire ; capacité des organes compétents dans l’application de la loi ; respect des normes alimentaires durant toute la chaîne d’approvisionnement, depuis l’élevage et la transformation jusqu’à la gestion et l’exportation.

Grâce à cette reconnaissance, le Vietnam aura plus d’entreprises satisfaisant aux normes pour exporter des pangasius aux États-Unis (actuellement elles sont 13). De plus, les importateurs américains auront davantage confiance en les produits vietnamiens, contribuant ainsi à la promotion de leurs exportations.

Les États-Unis réduisent
les droits antidumping

Doté d’une façade maritime longue de 3.260 km et de dizaines de milliers de kilomètres de fleuves et rivières, le Vietnam dispose d’un potentiel halieu-tique de premier ordre. Les établissements piscicoles sont localisés essentiellement dans le delta du Mékong qui représente l’un des réseaux d’eau douce les plus importants dans le monde. L’eau du fleuve est le support d’élevages qui ont essaimé un peu partout dans le delta. Poisson rustique et omnivore à croissance rapide, le panga est synonyme de rentabilité immédiate depuis l’élevage jusqu’à la transformation et l’exportation. Le pays compte actuellement quelque 5.000 ha d’élevage, pour une production annuelle d’environ 1,3 million de tonnes. Plus de 140 pays importent des pangasius vietnamiens, les principaux étant la Chine, les États-Unis et le Mexique.

Selon Nguyên Nhu Tiêp, chef du Département national de l’assurance de la qualité des produits de la pêche et de l’agro-foresterie (NAFIQAD), hormis la reconnaissance de l’équivalence du système de contrôle de la sécurité sanitaire des pangasius du Vietnam exportés aux États-Unis, le 11 octobre 2019, le département américain au Commerce (DOC) avait annoncé sa décision préliminaire sur le 15e réexamen administratif (POR15) pour ces produits vietnamiens. Ainsi, les sociétés Vinh Hoan et Biên Dông sont exemptées d’impôt. Quatre autres entreprises vietnamiennes devraient bénéficier du même taux de 0 dollar/kg.

Exportation : 2,1 milliards d’USD
prévus en 2019

Le DOC a décidé que NTSF Seafood JSC et Can Tho Import-Export Seafood JSC (CASEAMEX) étaient toutes deux assujetties à un taux nul, alors qu’un tarif de 2,39 dollars le kilo a été appliqué à tous les autres exportateurs vietnamiens.

L’an dernier, dans le cadre du résultat final du POR14, un taux de 3,87 dollars/kg a été imposé à Hung Vuong Group, tandis que celui de 1,37 dollar était appliqué à NTSF, CP Vietnam Corporation, Cuu Long Fish JSC, Green Farms Seafood JSC et Vinh Quang Fisheries Corporation.

Le DOC publiera les résultats définitifs du POR15 dans les 120 jours après la publication de ses taux préliminaires, soit en février 2020.

Entre-temps, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce continuera de coopérer avec tous les acteurs de la filière afin de prendre les mesures nécessaires pour protéger les droits et intérêts de cette dernière.

Le pangasius vietnamien est soumis aux droits antidumping américains depuis 2003. L’an dernier, le pays a exporté des produits à base de ce genre de poisson pour 550 millions d’USD vers les États-Unis, son deuxième marché.

Selon les statistiques du Département général des douanes, à la mi-octobre 2019, les exportations nationales de pangasius atteignaient 1,56 milliard d’USD, en baisse de 8,9% par rapport à la même période de l’année dernière. Trois des quatre marchés importants du Vietnam en Amérique ont accusé une forte chute : États-Unis (-44,4%), Brésil (-26,4%) et Colombie (-21,4%). Pour le Mexique, une légère hausse de 3,9% a été enregistrée.

"Début 2019, la filière pangasicole vietnamienne s’est fixée comme objectif de 2,4 milliards d’USD d’exportation cette année. Mais avec les chiffres réalisés jusqu’à maintenant, je pense que nous n’atteindrons qu’environ 2,1 mil-liards", a prévu Truong Dinh Hoè, secrétaire général de l’Association vietnamienne des producteurs et exportateurs de fruits de mer (VASEP).

D’après lui, si la production destinée à l’exportation est toujours équivalente à celle de 2018, le prix à l’exportation baisse parce que l’offre dépasse la demande. Par conséquent, dans les années à venir, cette filière devra disposer d’un équilibre plus approprié dans l’élevage pour éviter cette situation.

Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, l’an dernier, la filière a enregistré une croissance impressionnante en matière de chiffre d’affaires à l’export, passant de 1,78 milliard d’USD en 2017 à 2,26 milliards en 2018, contre 1,9-2 milliards fixés initialement, soit une croissance de 26,5% en glissement annuel.

Le panga est maintenant le fer de lance des exportations vietnamiennes.
Photo : Danh Lam/VNA/CVN

L’Union européenne,
un marché prometteur

Aux yeux de nombreux experts, face à la chute libre des exportations de poissons tra vers le marché américain, la diversification des débouchés s’avère nécessaire pour limiter la dépendance vis-à-vis des importateurs des Amériques. Ainsi, l’Union européenne (UE), avec ses 508 millions d’habitants, est considérée comme un “recours”, grâce notamment à l’Accord de libre-échange UE - Vietnam (EVFTA) qui devrait entrer en vigueur début 2020.

Selon la VASEP, l’EVFTA créera des conditions favorables à la filière, avec notamment l’imposition à zéro prévue dans les feuilles de route de trois ans. Il aidera aussi le Vietnam à développer ses débouchés et augmenter sa compétitivité face à ses concurrents directs comme l’Inde et la Thaïlande. L’UE est actuellement le deuxième marché à l’export du Vietnam, derrière les États-Unis. Au 1er semestre, les exportations de pangasius en UE étaient de 138,5 millions d’USD (+18%), représentant 14,4% du total. Les entreprises de poissons tra, et celles du secteur des produits aquatiques en général, bénéficieront grandement de l’EVFTA. En effet, lorsque le taux d’imposition tombera à 0%, les pangasius pourront plus facilement concurrencer les autres poissons à chair blanche au sein du marché européen.

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong, a demandé aux entreprises du secteur de continuer d’enchaîner toutes les étapes de la chaîne de valeur pour relier la production à la consommation, afin de limiter le risque de déséquilibre entre l’offre et la demande. En outre, localités et entreprises continueront de mettre l’accent sur la mise en œuvre de solutions visant à améliorer la qualité des alevins, ces derniers jouant un rôle décisif dans l’efficacité de la production.


Thê Linh/CVN

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