Les lévriers s’arrêtent de courir à Londres

Autrefois immensément populaires, les courses de lévriers vont s’arrêter fin mars à Londres, avec la fermeture du dernier cynodrome de la ville, refermant un chapitre de la culture urbaine britannique.

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Une course de lévriers à Wimbledon Stadium dans le sud de Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

La capitale du Royaume-Uni a pourtant abrité jusqu’à plus de 20 stades dédiés aux canins, attirant des dizaines de milliers de parieurs pour un loisir peu coûteux.

Son dernier stade encore en activité, dans le quartier de Wimbledon, est promis à la démolition, victime des changements de mœurs et de la crise du logement.

L’édifice de 1928 doit être remplacé par des appartements et par un nouveau stade pour le club de football de 3e division AFC Wimbledon.

Lors de l’avant-dernière course, les amateurs se désolaient. Casquette plate, pardessus beige, foulard en soie bleue à pois blancs et cravate jaune ornée de greyhounds - une race de lévriers anglais -, le bookmaker John Henwood a pris les paris sur presque toutes les courses de Wimbledon pendant 34 ans. La fermeture du stade est «très, très triste», dit-il.

«Autrefois, (ces courses) étaient perçues comme un sport pour les ouvriers», souligne cet homme de 68 ans. «Mais maintenant, vous voyez de tout (dans le public). Et beaucoup de femmes, ce qui n’était pas le cas avant».

Fizzypop Hazard et Mystical Charlie

Introduites au Royaume-Uni en 1926, les courses de greyhounds ont immédiatement rencontré un grand succès. Dans le pays, on compte une trentaine de cynodromes.

Si les pistes ont peu à peu fermé, ce n’est «pas parce qu’elles n’étaient pas populaires», souligne M. Henwood, mais «parce que le prix du terrain a grimpé».

Le prix moyen d’une propriété dans le quartier proche de la piste du cynodrome de Wimbledon a dépassé le demi-million de livres (575.000 euros) en décembre.

Quelque 1.500 spectateurs remplissaient la dernière des quatre tribunes ouvertes pour assister aux 12 courses du jour- une toute les 15 minutes - mélange d’habitués, de hipsters, de fêtards imbibés et de familles.

Certains s’étaient habillés pour l’occasion : blazers et chaussures vernies pour les hommes, robes du soir pour les femmes.

Chaque course est annoncée en fanfare, les six greyhounds paradent à côté de la ligne d’arrivée.

Ces courses de lévriers, «c’est pas cher, sympa, drôle. Vous pariez 2 livres (2,30 euros) et vous vous amusez, vous êtes tout près de l’action», s’enthousiasme Theresa Ajid, venue au bord de la piste avec son mari et ses jeunes enfants.

Chaque course est annoncée en fanfare, les six greyhounds paradent à côté de la ligne d’arrivée. Les parieurs se précipitent ensuite pour placer. Les coureurs portent des noms pittoresques, Art of Illusion, Fizzypop Hazard, Mystical Charlie...

Dans les cages de départ, les chiens, surexcités, aboient. Une cloche sonne, les portes s’ouvrent, les greyhounds se précipitent sur la piste derrière un lièvre artificiel, soulevant le sable sous leurs pattes fines dans leur sprint effréné. Les 480 mètres sont avalés en 30 secondes, sous les encouragements des parieurs.

«Un morceau d’histoire»

Les sommes en jeu sont peu importantes mais dans la dernière course de la soirée, un groupe de jeunes gens venus enterré une vie de garçon mise tout à 10 contre 1 sur un outsider, Office Hazard. C’est le futur marié qui l’a choisi.

Triomphe ! Le chien gagne, cris de joie, bière renversée, ils ramassent leur gain de 850 livres (980 euros) avant de partir danser dans la nuit.

«C’est excitant ! Je suis complètement accro», confie Fred, un retraité de 78 ans, son Racing Post, un quotidien spécialisé en paris sportifs, sous le bras.

Il se dit écœuré par la fermeture du dernier cynodrome de la capitale. «C’est honteux ! Huit millions de Londoniens, et pas un seul cynodrome (...) La fermeture de cette piste, ça pourrait bien être la fin des courses de lévriers dans tout le pays.»

Darren, 40 ans, fréquente le stade depuis vingt ans. «On perd un morceau d’histoire. Une fois parti, on ne le récupérera plus», regrette-t-il.

«C’est une institution, pas seulement une piste pour greyhounds», explique le directeur du stade, Keith Hallinan. «De moins en moins de gens se déplacent, ils regardent sur leur téléphone portable et parient en ligne. Mais ils ne réalisent pas que s’ils ne viennent plus sur la piste, il n’y aura plus de courses de lévriers».

Le stade employait une centaine de personnes, qui cherchent à présent du travail. Les adieux samedi vont être «très émouvants», prédit M. Hallinan. «On veut en faire une nuit dont on se souviendra toute notre vie».


AFP/VNA/CVN

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