Les journaux du Têt d’hier et d’aujourd’hui

Parmi les traditions du Nouvel An lunaire, on trouve une qui est moins connue des étrangers : celle de la publication de journaux du Têt. Cette coutume centenaire est née avec la publication de Luc Tinh Tân Van (Gazette des six provinces).

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Lors de la fête nationale de la presse printanière 2021 dans la province de Ninh Thuân (Centre).

Les journaux traditionnels du Têt sont publiés généralement entre le 20e et le 28e jours du dernier mois lunaire. Selon l’expert Son Nam, c’est le journal Luc Tinh Tân Van qui fut le premier à être publié le 27e jour du dernier mois de l’année Dinh Ty (Serpent), soit le 30 janvier 1908. Dans ce premier numéro était notamment publié un article intitulé "Conseils pour célébrer le Têt", demandant aux gens de réduire leurs divertissements, de critiquer les mauvaises coutumes telles que brûler des papiers votifs, déclencher des pétards, etc. Ce journal était aussi politique puisqu’il soutenait le mouvement de rébellion contre le Protectorat français conduit notamment par le jeune souverain Duy Tân en 1916. Le journal continua d’être publié jusqu’en 1944.

Dans les années 1910, plusieurs autres journaux verront le jour, comme Les femmes de Tân Van ou le magazine Nam Phong (Le vent du pays du Sud). Avant l’année 1932, les journaux du Têt publiaient généralement des messages de félicitations simples et des articles détaillant les activités pendant le Têt. On y retrouvait des illustrations joyeuses et significatives ou des articles parlant de l’animal de l’année par exemple. En somme, le divertissement prenait une place importante. Généralement, dans les journaux du Têt, tout le bruit, les controverses et le chaos du quotidien sont momentanément mis de côté pour laisser place aux émotions profondes sur l’année écoulée et à l’espoir d’une nouvelle année plus belle.

Mais parfois, le contenu des journaux prenait une teneur plus politique, notamment en publiant les textes et les lettres de révolutionnaires comme Nguyên Van Tao, Duong Bach Mai et Nguyên Van Nguyên se trouvant en prison à l’occasion du Têt.

Les journaux du Têt sont souvent le moment de faire des récapitulatifs des réalisations de l’année écoulée. En 1970, par exemple, le journal Khoi Hành (Le départ) publiait l’article de Nguyên Nhât Duât intitulé Regard sur la littérature vietnamienne en 1969.

Certains sont plus personnels et humoristiques, comme celui intitulé Les Vietnamiens du Sud ont de nombreux vices adorables de Son Nam publié dans Thoi Nay (Époque actuelle) en 1969.

Couleurs de la joie

Belles couvertures de journaux du Têt.

Dans le journal Song Thân (Le tsunami), on y trouve des dossiers dont Vivre ensemble publié en 1973, regroupant les articles Les artistes et la cohabitation, Le monde est sur le point de vivre ensemble et dans la paix. La même année, dans le journal La Torche de Nha Nam, on y trouvait un dossier sur L’argent. Ses articles traitaient des anciennes pièces d’Indochine ou encore des histoires d’argent durant la Grande Dépression de 1929. En 1966, le journal Thoi Nay publiait un supplément spécial intitulé Les 100 ans de journalisme vietnamien.

De très nombreux sujets ont émaillé ces publications qui apparaissent être de très bon révélateurs de l’air du temps de leur époque de publication.

Après la réunification du pays en 1975, c’étaient le bonheur et la joie répandus dans les pages des journaux. Dans le contexte de la mondialisation et de l’intégration internationale, il y a plusieurs articles qui font la promotion de l’image du pays, du peuple et de la culture du Vietnam.

Sur la forme, dans le passé, lorsque les techniques et la technologie de l’imagerie n’étaient pas aussi évoluées qu’aujourd’hui, les peintres devaient consacrer beaucoup de temps pour créer La Une. Considérée comme le "visage" pour chaque publication, celle-ci doit être la plus bellle et la plus impressionnante.

En 1918, Nam Phong a publié son numéro unique du Têt. Celui-ci comptait 126 pages, sa première couverture était orange claire avec des photos de deux vieillards, l’un brillant et l’autre flou. Chacun tenait une branche de pêcher. Ils représentaient le génie de l’Année du cheval (tenant une branche de pêcher fraîche), celui de l’Année de serpent (tenant une branche de pêcher sans fleurs). Tous les articles étaient placés dans des cadres fleuris, avec de nombreuses illustrations et aucune publicité.

Aujourd’hui, grâce au développement exceptionnel de la technologie, le journal améliore continuellement son contenu et sa forme pour répondre aux goûts des lecteurs. Ce sont des résultats du travail créatif des designers et des journalistes.

À l’ère 4.0, bien que l’approche des lecteurs envers l’information ait beaucoup changé, les journaux du Têt en papier restent dans le cœur des lecteurs fidèles qui souhaitent préserver l’identité culturelle unique des Vietnamiens pendant les jours du Têt.

Thao Nguyên/CVN

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