Les grands singes capables de deviner si une personne se trompe

Les grands singes comme les bonobos, les chimpanzés et les orangs-outans, sont apparemment capables, comme les humains, de deviner quand une personne se trompe, ont constaté des chercheurs.

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"Comprendre quand quelqu'un d'autre croit quelque chose qui est faux est un signe de cognition sociale avancée et les scientifiques pensaient que les grands singes n'avaient pas cette capacité", expliquent ces primatologues dans leur étude publiée mercredi 5 avril dans la revue américaine Plos One.

Ces scientifiques, menés par David Buttelmann, du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology en Allemagne, sont parvenus à cette conclusion en soumettant 34 primates du zoo de Leipzig à un test mis au point pour des enfants âgés d'un an et demi.

Des chimpanzés à Monrovia, au Liberia, le 29 juin 2015
Photo : AFP/VNA/CVN

Le test consiste en une personne plaçant un objet dans une des deux boîtes situées devant lui et, ce, en présence d'un grand singe.

Ensuite une deuxième personne sort l'objet pour le mettre dans une autre boite puis verrouille les deux boites.

Dans le premier cas de figure, le sujet numéro un reste dans la pièce et voit que l'objet a été déplacé, sachant exactement où il se trouve.

Dans le second cas, la deuxième personne sort de la pièce et ignore que l'objet a été changé de place, ce qui fait qu'elle détient une fausse information et cherche quand elle revient à ouvrir la mauvaise boite.

Capacité d'anticiper

Le singe qui savait comment déverrouiller les deux boîtes pouvait décider laquelle ouvrir pour ces deux personnes pendant le test.

Les chercheurs ont observé qu'à l'instar des jeunes enfants, ces primates avaient clairement aidé davantage la personne qui se trompait.

Ce comportement suggère que ces grands singes utilisent leur compréhension de ce qu'une personne pense être la réalité pour décider de l'aider ou pas, expliquent ces chercheurs.

"Cette recherche montre pour la première fois que les chimpanzés, les bonobos ou les orangs-outans peuvent s'appuyer sur leur compréhension de fausses croyances pour venir en aide aux autres", estime David Buttelmann.

Si ces observations sont confortées par d'autres expériences cela signifiera que les grands singes comme les humains pourraient être capables de "lire" dans la pensée des autres dans le cadre d'interactions sociales, concluent ces scientifiques.

Une autre recherche américano-japonaise publiée fin 2016 dans la revue américaine Science suggérait déjà la capacité de ces primates à deviner les intentions d'autres individus ou de comprendre ce que quelqu'un peut voir ou pas.

Cette capacité apparaît chez les humains à partir de quinze mois.

Dans le sens de Darwin

Pour cette recherche, ces scientifiques ont utilisé l'oculométrie, une technique d'enregistrement du mouvement des yeux qu'ils ont appliquée à une quarantaine de primates, dont 19 chimpanzés, alors qu'ils leur montraient deux courts-métrages.

Dans le premier film, un humain armé d'un gourdin poursuit un acteur déguisé en King Kong qui se réfugie dans l'une des deux bottes de foin à proximité. Puis King Kong change de cachette d'abord sous le regard de l'homme, puis quand ce dernier ne le voit pas.

Dans le second court métrage, King Kong cache une pierre dans une boîte sous les yeux d'un homme, puis la déplace à plusieurs reprises sous le regard -ou non- de l'humain, qui tente de la récupérer dans les deux cas.

Grâce à l'oculométrie, ces scientifiques ont pu déterminer que ces primates ont le plus souvent regardé vers l'endroit où l'acteur croyait -à tort- trouver la pierre ou King Kong.

Ces singes ont même prédit la réaction de l'acteur sans que ce dernier ne donne d'indices, comme un regard ou un mouvement, selon les chercheurs.

Les résultats de toutes ces expériences abondent dans le sens d'une réflexion de Charles Darwin, le père de la théorie de l'évolution en 1871. Il écrivait "qu'aussi importante soit-elle, la différence entre l'esprit de l'homme et celui des animaux les plus supérieurs n'est certainement qu'une différence de degré et non d'espèce".

AFP/VNA/CVN

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