Les grandes villes dévoilent leurs plans anti-bouchons

Les embouteillages ont explosés ces dernières années dans de nombreuses villes à travers le monde. Au Vietnam, le phénomène est quotidien à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Les rues saturent, les citadins aussi.

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Les embouteillages aux heures de pointe deviennent chroniques.
Photo : VNA/CVN

Les embouteillages constituent un gros problème dans les grandes villes vietnamiennes, en raison de l’explosion des moyens de transport individuels. Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, les deux grands centres urbains du pays, sont les plus touchés depuis des années. Selon l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), les préjudices causés par les embouteillages pourraient s’élever à 2% ou 3% du PIB.

«Chaque année, les embouteillages à Hô Chi Minh-Ville causent près de 23.000 milliards de dôngs de pertes», explique Nguyên Minh Hoà, chef du Département de l’urbanisme, relevant de l’Université des sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville. Le budget annuel consacré au développement des infrastructures de communication est estimé à 50.000 milliards de dôngs

(2,5 milliards de dollars) pour la seule mégapole du Sud, mais seulement 6.000 milliards sont réservés à la lutte contre les embouteillages.

Le nombre de «méga-bouchons» a considérablement baissé ces dernières années mais il existe encore bien des carrefours et des rues où ils sont récurrents.

En cause, la très forte hausse du nombre d’habitants et, corrélativement, de véhicules individuels, qui dépassent largement les capacités des rues actuelles et du réseau de transport public. À quoi s’ajoutent de trop nombreux conducteurs irresponsables qui font fi des règles élémentaires du Code de la route (notamment s’arrêter à un feu rouge), des travaux de voirie qui empiètent sur la chaussée

Un réseau routier engorgé

«À Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, on assiste à une congestion du trafic. La solution consisterait à réduire la densité de population en centre-ville ainsi qu’à délocaliser hôpitaux, universités et usines en banlieue. Des mesures qui ne pourront être réalisées que sur le long terme», estime Nguyên Van Thach, chef du Département de la sécurité de la circulation du ministère des Communications et des Transports.

«Le nombre de véhicules individuels augmente de jour en jour. Selon certains données, fin 2015, le Vietnam comptait 2,6 millions de voitures et près 49 millions de motos enregistrées dont 12 millions à Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. C’est 2,7 fois plus qu’en 2005. Cela signifie que le nombre de véhicules individuels augmente de 10% par an, alors que les infrastructures, elles, ne se développent pas à la même vitesse».

Les embouteillages, fléau moderne de la société vietnamienne.
Photo : VNA/CVN

L’incivilité de conducteurs, notamment à Hanoï, est aussi pointée du doigt. «Je ne peux pas comprendre pourquoi certaines personnes grillent le feu rouge ou passent quelques secondes avant que celui-ci ne vire au vert. Parfois, certains klaxonnent alors que le feu est encore au rouge. Pourquoi une telle impatience ?», déplore Sam Watson, 28 ans, un Canadien installé à Hanoï. «Les embouteillages sont monnaie courante de 16h00 à 18h00. Les motos, les voitures et les bus se mêlent. C’est chaotique !», précise Nguyên Van Bôn, un habitant de la rue Khuât Duy Tiên.

Passer des paroles aux actes

Les autorités municipales n’ont d’autres choix que de rapidement prendre des mesures. Doubler les frais d’immatriculation, doubler voire tripler les frais de parking ou encore augmenter les amendes sont des solutions proposées par la municipalité de Hô Chi Minh-Ville.

À Hanoï, la ville a adopté diverses pistes de solution comme l’interdiction du stationnement dans 262 rues principales, un plan de développement du réseau de transports publics d’ici 2020, avec 600 nouveaux bus par an, trois lignes de bus de haute qualité et deux lignes ferroviaires urbaines. La circulation demeure encore difficile, mais depuis que des autoponts en acier ont été mis en service, les congestions ont pu être rapidement évitées dans ces deux grandes villes.

Hanoï et Hô Chi Minh-Ville prévoient toutes deux de limiter le nombre de véhicules individuels. «En centre-ville, il n’y a pas assez de rues pour le nombre de véhicules. Avec la vitesse de croissance de la population et des véhicules individuels, en 2030, le réseau sera complètement engorgé. Il faut agir maintenant sous peine d’être face à un problème insoluble dans une décennie», prévient Bùi Danh Liên, président de l’Association des transports de Hanoï.

Selon lui, la ville a déjà élaboré un plan concret de limitation des véhicules individuels et d’interdiction des motos en centre-ville. «Parallèlement, il faudra perfectionner les infrastructures, développer les transports publics et déplacer un certain nombre d’établissements scolaires en banlieue», précise-t-il.

Selon le Comité national de la sécurité de circulation, les organes compétents devront traiter sérieusement les cas de violation du Code de la route, parallèlement au renforcement des activités de sensibilisation au respect de celui-ci.

Et qu’en pensent les usagers eux-mêmes ? Trân Hà Phuong, une enseignante d’école primaire, suggère de «s’intéresser davantage au paysage urbain. Plus d’arbres devraient être plantés dans les rues, en particulier aux carrefours, afin que tout le monde se sente à l’aise pendant la période estivale. Ainsi, moins de tentation de griller le feu rouge !». Bùi Hông Tâm, un employé de banque, propose quant à lui de mieux former et responsabiliser les usagers de la route : «Il faudrait un programme de formation continue obligatoire sur le Code de la route. Il faut en finir avec l’incivilité, l’incompétence, l’individualisme et l’irresponsabilité de trop nombreux conducteurs».


Thuy Hà/CVN

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