Les Génies du vent et de la foudre

Au Vietnam, les orages ne sont pas rares, et nombreux sont les jours où le vent souffle en toute puissance. Parfois même à se transformer en ouragan. De quoi en faire une légende.

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Selon la croyance populaire des Dao rouge, le Génie de la foudre est le plus haut gradé de la cour céleste, qui a pour mission de veiller sur le monde d’ici-bas.
Photo : CTV/CVN
Photo : CTV/CVN

Parmi toutes les divinités qui peuplent les légendes, impossible de trouver meilleure paire d’amis que le Génie de la foudre (Thần Sét) et celui du vent (Thần Gió). Rien de plus normal, après tout, car a-t-on jamais vu un bel orage sans un vent violent ? En outre, les deux génies étaient connus partout comme de joyeux lurons, qui adoraient jouer toutes sortes de farces aux humains, bonnes ou mauvaises !

Le Génie du vent était le seul dieu du royaume céleste à posséder son propre palais. Au début, il vivait en compagnie d’autres divinités dans la demeure de l’Empereur du Ciel. Mais, il se montrait tellement insupportable que les autres se lassèrent très vite de ses mauvais tours.

"Écoute, +Gió+, lui dit un jour l’Empereur du Ciel, faut-il vraiment que tu souffles sans cesse ? Chacun se plaint ici du courant d’air perpétuel". Gió haussa les épaules et laissa entendre qu’il n’y pouvait rien, mais ses yeux pétillaient d’une joie maligne. L’Empereur continua sa réprimande : "Toutes les déesses rechignent : il paraît que tu les décoiffes et que tu arraches les rideaux. Il semblerait même que tu aies décroché à dessein les rubans qu’elles avaient mis à sécher sur une corde".

Devant ces remontrances, Gió se rendit compte que le souverain était sérieux et il promit de faire un effort. Mais ses bonnes résolutions ne durèrent pas longtemps. Un jour qu’il était invité à un repas de noce au palais et qu’il avait bu plus de bon vin qu’il ne pouvait en supporter, il éternua si fort que la table s’envola avec les mets et les boissons célestes. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et l’Empereur du Ciel, lui-même, le chassa de sa demeure.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Gió se construisit donc son propre palais. Puis, comme il se sentait seul dans sa grande maison, il trouva une déesse et se maria. Peu après, sa femme lui donna un fils qui lui ressemblait trait pour trait : c’était un enfant aussi turbulent et aussi insupportable que son père. Sa mère ne parvenait à en venir à bout.

Gió, qui contemplait la terre du haut du Ciel, fut saisi d’effroi quand il vit cet épouvantable gâchis.

Quant à Gió, il était toujours parti par monts et par vaux, à souffler sur les humains. Un jour où ses parents étaient absents de la maison, le petit garçon eu l’idée de jouer avec l’éventail de son père. Cet éventail magique recelait en lui la force de tous les vents réunis : si on l’agitait très légèrement, une brise légère se mettait à souffler ; mais si on l’agitait plus fort, c’était une tempête qui se déchaînait !

Punitions terribles

Curieux, comme tous les enfants, le petit garnement secoua l’éventail de toutes ses forces et déclencha un terrible typhon qui courba les arbres comme des fétus de paille, détruisit les maisons, arracha les toits, enflamma les champs et saccagea les récoltes. Gió, qui contemplait la terre du haut du Ciel, fut saisi d’effroi quand il vit cet épouvantable gâchis. Il devina tout de suite qui en était la cause et rentra chez lui à vive allure.

"Qui t’a permis de jouer avec mon éventail ?, hurla-t-il. Regarde un peu les désastres que tu as provoqués !". Et il infligea une bonne correction à son fils. Mais dès qu’il eut à nouveau quitté la maison, le garnement recommença à jouer avec l’éventail. Cette fois-ci, le typhon provoqua des inondations gigantesques dans lesquels les hommes moururent par milliers. Quand l’Empereur du Ciel apprit l’affaire, il entra dans une terrible colère. Il appela Gió et l’informa de sa décision : "Ton écervelé de fils doit payer pour ce qu’il a fait. C’est pourquoi je vais le changer en buffle afin qu’il se mette au service des hommes et répare les dommages qu’il leur a infligés".

Des génies toujours présents dans la vie des hommes.

Comme il n’y avait rien à faire contre la volonté du plus puissant des Dieux, Gió reprit tristement le chemin de son palais. Depuis ce temps-là, il ne lâche plus son éventail magique. Mais quand, parfois, il repense à son fils et au sort cruel qui lui a été affligé, il se change alors en un ouragan furieux et souffle sur la terre avec une violence dévastatrice. Pour le plus grand malheur des hommes. Mais ses accès de rage ne durent jamais très longtemps car il se souvient très vite que son fils bien-aimé devra effacer par son travail les ravages du typhon, et il se hâte de ranger son éventail.

Sét, inséparable acolyte de Gió, avait pour tâche de veiller au respect des lois divines par les hommes, et de punir avec sévérité les contrevenants. Dès que quelqu’un transgressait les ordonnances célestes, c’était une véritable calamité : Sét empoignait son gigantesque marteau de feu et foudroyait quiconque se trouvait sur son chemin, même les innocents.

Mais, ces exactions ne restèrent pas impunies et un jour le Maître du Ciel qui pèse très justement les bonnes et les mauvaises actions, demanda au Génie de la foudre de payer pour ses fautes. Le souverain céleste ordonna à Sét d’envoyer son fils Gióng sur terre, afin qu’il sauve le Vietnam lors des heures difficiles. Mais, il s’agit là d’une histoire que j’ai déjà contée à l'article Gióng, le héros de fer.

Quand les anciens racontent cette histoire aux enfants, ils ajoutent souvent : Mettez-vous vite à l’abri quand le ciel devient menaçant et que le vent se met à souffler plus fort. Les deux génies pourraient encore bien s’amuser à vos dépens !


Ông Ngoai/CVN

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