Les éboueurs de la baie de Ha Long en action

La baie de Ha Long est un des sites naturels les plus connus du Vietnam. Une autre facette moins glamour de ce «Patrimoine naturel de l’Humanité», ce sont les déchets flottant entre deux eaux. Heureusement, les éboueurs de la baie veillent...

C’est au levé du soleil que la baie de Ha Long est la plus belle. La mer est calme. Dans les eaux émeraude se mirent des pains de sucre au pied desquels se faufilent des jonques aux voiles colorées. Et là, une vision vient gâcher tout le spectacle : des radeaux d’immondices que le vent pousse et accumule dans les criques. L’image de la baie de Ha Long «Merveille du monde» en prend un sérieux coup...

Le village flottant de Ba Hang.

Chaque jour, à 07h00 du matin, de l’embarcadère de Doan, un bateau du Centre de protection des parcs de Van Canh (CPP de Van Canh), avec à son bord une trentaine de personnes, part en mer. Direction : les grottes de Thiên Cung, Dâu Gô, Hoa Cuong, puis le village flottant de Ba Hang. «Notre mission, c’est de nettoyer ces sites», indique Dô Thi Hoi, 30 ans. Et d’ajouter avec un sourire qu’elle a déjà onze ans d’ancienneté.

Un travail de Sisyphe

On arrive au village flottant de Ba Hang après 45 minutes de navigation. À 08h00 précises, les nettoyeurs en imperméable prennent leurs barques, à raison de deux personnes par barque.

Dans l’une d’elles, Dô Thi Hoi et Hà Thi Hang. La petite barque en bambou tressé longe les parois rocheuses. «Normalement, les ordures dérivent un peu partout. Mais aujourd’hui, le vent les a poussées au pied des rochers», explique Dô Thi Hoi. Une longue épuisette en mains, les deux femmes ramassent cannettes de bière, bouteilles, sacs plastiques, papiers d’emballage… En l’espace d’une heure, elles ont rempli deux grands paniers.

«Le travail est moins dur les jours de soleil. Nous pouvons ramasser chaque jour dix paniers et plus», confie Dô Thi Hoi. Selon elle, le travail est un peu décourageant. Car «un quart d’heure après notre passage, poussées par le vent et les vagues, d’autres ordures arrivent».

Selon Ha Thi Hang, son équipe comprend quatre femmes, toutes originaires du village flottant. «Je suis issue d’une famille de pêcheurs depuis quatre générations. J’ai adhéré au CPP de Van Canh il y a six ans et je compte pratiquer longtemps mon métier». Outre le ramassage, les nettoyeuses vont souvent à la rencontre des familles de pêcheurs pour les sensibiliser à abandonner cette vilaine habitude de balancer les détritus dans la mer.

Une goutte d’eau dans la mer ?

Le village flottant de Ba Hang compte 83 familles de pêcheurs. Dans la maison du chef, Nguyên Van Duyên, tout est propre et bien rangé. Sa fille de dix ans est en train de repêcher des ordures autour de la maison avec une épuisette, puis les met dans une poubelle. Selon Nguyên Van Duyên, grâce au CPP de Van Canh, les habitants ont changé leurs habitudes. La sensibilisation commence très tôt, dès l’école primaire. L’écocitoyenneté, ça s’apprend ; et plus on commence jeune, plus les choses se font naturellement. «Auparavant, les gens d’ici avaient l’habitude de jeter leurs poubelles dans la mer. La situation a bien changé ces derniers temps. L’Agence japonaise de coopération internationale -JICA a offert à chaque famille une poubelle», raconte le chef du village. Et d’ajouter avec un brin d’orgueil qu’à maintes reprises, son village s’est vu décerner le titre honorifique d’«Agglomération civilisée».

Une longue épuisette en mains, ces nettoyeurs ramassent cannettes de bière, bouteilles, sacs plastiques, papiers d’emballage…

L’assainissement des eaux de Ba Hang et Hoa Cuong est à la charge d’un groupe de 16 membres relevant du CPP de Van Canh. «Équipé de trois barques à moteur et de trois à rames, notre groupe peut récupérer quotidiennement deux tonnes d’ordures. Elles sont ensuite transportées vers la terre pour être traitées», révèle son sous-chef Pham Duyên.

Ces dernières années, de nombreux programmes d’assainissement de Ha Long ont été déclenchés, avec la participation d’organisations vietnamiennes et internationales, et de la population locale. «Ce travail exige des efforts de tous. Car, outre des villages flottants avec plus de 600 familles de pêcheurs, la baie accueille chaque jour des centaines de bateaux touristiques sans compter les restaurants et hôtels flottants», explique Pham Duyên. Et d’informer d’une bonne nouvelle: en fin d’année, dans le cadre d’un programme humanitaire, plus de 300 familles vivant sur des radeaux seront sédentarisées sur «la terre ferme». Pour le moment, 364 maisons en dur sont en construction dans le quartier de Ha Phong, ville de Ha Long.

Comme pour conclure, il précise l’aspiration des autochtones : «La beauté de la baie et sa renommée mondiale font notre fierté. Nous nous engageons à faire de notre mieux pour qu’elle soit digne à jamais de son titre de Merveille du monde».


La nouvelle Merveille du monde

Deux fois reconnu par l’UNESCO «Patrimoine naturel de l’Humanité» (en 1994 pour ses paysages et sa biodiversité, et en 2000 pour ses valeurs géologique et géomorphologique), la baie de Ha Long, dont le secteur admis s’étend sur 434 km² avec 775 îles et îlots, est devenu en 2011 l’une des sept nouvelles Merveilles du monde, suite à une sélection mondiale qui a duré quatre ans déclenchée par l’organisation New 7 Wonders.

Nghia Dàn/CVN

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