Les colonies coralliennes en péril

Dans les régions maritimes du Vietnam, les colonies coralliennes, qui convergent surtout vers le Centre du pays, couvrent au total 1,1 million de kilomètres carrés. Quelque 350 espèces de coraux cohabitent avec de nombreuses autres espèces maritimes. L'avenir de cette richesse est incertain, en raison essentiellement d'une exploitation excessive et non planifiée.

Le pays compte plusieurs réserves coralliennes dont Cát Bà (Hai Phòng, Nord), Ha Long et Cô Tô (Quang Ninh, Nord), Núi Chúa (Ninh Thuân, Centre), Côn Co (Quang Tri, Centre), Cù Lao Chàm (Quang Nam, Centre), Hòn Mun (Khánh Hoà, Centre), Phú Quôc (Kiên Giang, Sud)... Considérées comme des "forêts tropicales" sous-marines abondantes en flore comme en faune, ces colonies coralliennes du plateau continental vietnamien se sont singul- arisées, que ce soit du point de vue des espèces, de la forme ou des couleurs. Les statistiques de l'Institut d'océanologie du Vietnam montrent qu'il existe en mer Orientale quelque 350 espèces de coraux, de teinte variée allant du blanc au rouge. Présents en colonie ou en récif sur les fonds sous-marins, ces coraux cohabitent avec plus de 2.000 espèces d'êtres vivants dont plus de 400 espèces de poissons. Il s'agit donc d'une ressource naturelle précieuse susceptible d'être exploitée pour divers emplois.

Un produit polyvalent

En effet, cette espèce animale propre aux mers chaudes est un produit polyvalent. De formes extraordinaires, de couleurs magnifiques d'une grande variété, les coraux se transforment, dans les mains habiles des artisans, en produits de décoration ou touristiques prisés de tout le monde. Un aquarium sera plus beau encore si ses poissons d'agrément nagent à leur gré autour d'un vrai corail tout blanc ou tout rouge. Les chercheurs en médecine lui ont trouvé des vertus thérapeutiques et, depuis longtemps, certaines espèces sont utilisées dans des préparations pharmaceutiques pour le traitement de plusieurs maladies telles qu'ostéopathie ou ophtalmie... Les coraux sont également une matière première pour les fours à chaux. Bref, nombreux sont les secteurs d'activité qui y trouvent un "gain" profitable et s'emploient en conséquence à les exploiter de leur mieux. À ce danger, il faut y ajouter celui de la pollution qui fait peser sur ceux-ci le risque d'une extermination pure et simple, compte tenu de leur sensibilité élevée à la qualité de leur milieu marin.

Faute d'une stratégie pour leur protection, les colonies coralliennes de la mer Orientale subissent actuellement une exploitation excessive, alerte le Département de la mer et des îles du Vietnam. Plus d'une fois, ce service de recherche a clairement exprimé son inquiétude d'une éventuelle disparition, éventuellement dans les 20 ans à venir, de cette ressource naturelle si le pays ne prend pas de mesures efficaces et opportunes. Et ce serait une "double perte", insistent les océanologues qui préviennent d'une disparition subséquente et certains de nombreux autres produits de la mer avec la mort des coraux... L'écosystème marin, profondément atteint, ne pourrait plus assurer la croissance et la subsistance de multiples espèces de poissons comme de crevettes...

Par chance, situées loin des côtes, les colonies coralliennes des îles de l'archipel de Truong Sa (Spratly) sont bien préservées de l'exploitation humaine. Selon une étude du Docteur Nguyên Huy Yêt, un scientifique du Musée de la nature du Vietnam, les coraux de Truong Sa sont riches en termes de biodiversité, 289 espèces différentes dont plusieurs introuvables ailleurs dans le monde.

Hòn Ðo - mer de coraux et de homards

La mer autour de l'île de Hòn Ðo (littéralement îlot Rouge), au large de la commune de Thanh Hai du district de Ninh Hai, (province de Ninh Thuân, Centre) abrite de nombreux massifs et colonies coralliens d'envergure. Là, au fonds de ces eaux, vivent 334 espèces parmi les plus belles du Vietnam. "Le corail est appelé chez nous, littéralement, +fleur de pierre+", explique Pham Van Dua, 62 ans, membre du groupe de volontaires locaux de protection des coraux. Montrant du doigt une vaste étendue d'eau d'une couleur plus sombre de quelque 300 m de long en pleine mer, il précise que c'est là "l'une des importantes colonies coralliennes de Hòn Ðo". Il se rappelle également que pendant longtemps, avant 2003, les commerçants venaient nombreux pour chercher à en acheter à un prix élevé, d'où l'apparition d'une armée de corailleurs locaux se hâtant tous les uns plus que les autres à piller ces fleurs de pierre de la mer. "Imaginez ces scènes déplorables de coraux entassés tous les soirs sur la côte, avant d'être acheminés vers les grandes villes", dit M. Dua.

Une situation inquiétante qui a finalement suscité l'intervention des autorités locales. En collaboration avec le Programme de l'environnement de l'ONU (UNEP), le Service des sciences et des technologies de la province de Ninh Thuân a lancé fin 2003 le projet "Réseau mondial d'action pour les colonies coralliennes".

Depuis, l'île de Hòn Ðo fait partie des régions strictement interdites. C'est à cette époque qu'est né le groupe de volontaires pour la protection des coraux comprenant 6 membres, lesquels ne sont autres que des pêcheurs locaux. "Plus je comprend pourquoi les êtres vivants marins désertent notre mer, plus je suis conscient de protéger l'écosystème sous-marin autour de nous", déclare Diêp Nghia Hung, 42 ans, chef de ce groupe. "En effet, le modèle +les pêcheurs défendent les colonies coralliennes+ a prouvé son efficacité. Loin d'être +appauvrie+, notre mer est devenue aujourd'hui une belle pêcherie", observe le président de la commune de Thanh Hai, Nguyên Khac Hoa. Et comme pour en justifier, il cite des chiffres précis : si avant 2003, on ne pouvait pêcher au plus que près de 10.000 homards par an, depuis 2005 et jusqu'à aujourd'hui, ce sont 42.000 à 45.000 individus/an et sans appauvrir l'espèce. À un prix de 70.000-100.000 dôngs le homard, les revenus des pêcheurs s'en sont trouvés nettement conforté...

Nghia Ðàn/CVN

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