Les châssis aux batteries, course à la reconversion chez Volkswagen

Souder, découper, plier : le métal n’avait aucun secret pour Michelle Gabriel après son apprentissage chez Volkswagen. Mais quelques années plus tard, la jeune femme jongle avec la programmation de logiciels pour véhicules du futur, à l’issue d’une reconversion express.

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Des robots sur une ligne de production automatisée de Volkswagen, à Wolfsburg (Allemagne).
Photo : AFP/VNA/CVN

À 24 ans seulement, l'Allemande Michelle Gabriel longiligne a déjà changé de voie professionnelle, illustrant la transformation sans précédent en cours dans le secteur automobile, qui tourne progressivement la page du moteur à combustion et se mue en industrie électrique et numérique.

La nouvelle coalition allemande menée par le chancelier Olaf Scholz va accélérer ce virage, avec l’objectif d’avoir sur les routes du pays 15 millions de véhicules à batterie d’ici 2030... contre quelque 520.000 aujourd’hui. Ce basculement révolutionne les métiers de la branche auto et avec eux la vie de milliers salariés. Le défi de la formation professionnelle, pour éviter la casse sociale, est immense.

En voie de disparition

Michelle Gabriel a beau avoir "vraiment aimé le travail manuel et la soudure" durant son apprentissage dans la construction métallique. "Je ne pouvais pas m’imaginer entrer dans une profession qui n’existera peut-être plus dans cinq ans", explique la jeune employée de Volkswagen.

"Mécanicien de construction était déjà un métier en voie de disparition quand j’ai terminé ma formation", se souvient celle qui a débuté, comme tous les apprentis, sur les chaînes de fabrication du groupe.

Aussi, quand le géant automobile lui a présenté la possibilité d’intégrer sa "Faculté 73", un programme de deux ans destiné à former des développeurs de logiciels, elle n’a pas hésité. Ouvert aux employés de Volkswagen comme aux postulants extérieurs - sélectionnés après des tests mais sans critère de diplôme - cet apprentissage est l’une des réponses du constructeur au besoin de développer de nouvelles compétences.

Les véhicules de demain nécessitent moins de carrossiers ou de monteurs mais plus d’informaticiens ou d’électro-chimistes capables de concevoir des batteries, résument les experts.

Avec des promotions d’une centaine d’élèves, la Faculté 73, lancée en 2019 sur le site de Wolfsburg (Nord), fief du groupe, est loin d’être un outil suffisant pour assurer les besoins massifs en qualification.

Des ouvriers travaillent sur la ligne de production de véhicules électriques ID 3 de Volkswagen à Dresde, dans l’Est de l’Allemagne.
Des ouvriers travaillent sur la ligne de production de véhicules électriques ID 3 de Volkswagen à Dresde, dans l’Est de l’Allemagne.

Apprentissage numérique

Volkswagen, comme l’ensemble des constructeurs et des gros équipementiers allemands, multiplie les programmes de formation interne pour faire évoluer les emplois traditionnels. Selon les profils, il s’agit de quelques semaines, six mois, un an pour acquérir les savoirs nécessaires.

"La quantité de personnes que nous devons requalifier est telle que nous n’y arriverons plus avec les méthodes traditionnelles", informe Ralph Linde, directeur de la Volkswagen Group Academy, le Centre de formation du groupe.

Séminaires, ateliers ne suffisent plus. "Sans les effets d’échelle de l’apprentissage numérique, nous ne pourrons pas réaliser cette énorme transformation", poursuit-il.

Volkswagen mise notamment sur l’apprentissage "auto-géré" via une plateforme proposant des parcours personnalisés.

L’une des difficultés, reconnaît M. Linde, tient aux "évolutions technologiques si rapides" qu’il est compliqué d’anticiper toutes les nouvelles compétences nécessaires à l’horizon, même court, d’une année ou deux. Cette incertitude alimente les craintes de voir disparaître des milliers d’emplois dans la spectaculaire transformation en cours.

Les quelque 120.000 salariés de Volkswagen en Allemagne (sans les filiales) doivent se préparer à des changements en profondeur, avertit régulièrement le patron Herbert Diess. Son évocation malheureuse, lors d’une récente réunion, d’une possible suppression de 30.000 postes, avait fait bondir les syndicats.

L’ensemble de la filière automobile, avec son tissu de sous-traitants, emploie en Allemagne plus de 830.000 personnes et 1,3 million avec les emplois indirects.

L’électromobilité et le rôle croissant des logiciels constituent un "changement de paradigme fondamental", pour autant "cela n’implique pas forcément moins de travail qu’avant mais un travail différent", veut croire Johannes Katzan, représentant du syndicat de la métallurgie IG Metall en Basse-Saxe et Saxe Anhalt.

Les prévisions des experts sur le nombre d’emplois menacés varient considérablement. L’Institut Ifo, basé à Munich, parle de 288.000 d’ici 2030, dont 150.000 potentiellement compensés par des départs à la retraite.

Mais une étude commandée par Volkswagen à l’Institut de référence Fraunhofer, concluait l’an dernier que le géant de Wolfsburg pourrait effectuer sa mue d’ici 2030 avec une perte d’emplois minime, à condition d’accélérer ses plans de formation.


AFP/VNA/CVN

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