Les candidats et l'agriculture : l'Europe, ligne de fracture

Aides européennes, recherche du juste prix pour les producteurs, Grenelle de l'alimentation : les candidats à la présidentielle qui ont défilé au salon de l'Agriculture cette semaine ont affiné leurs visions pour relancer un secteur sinistré, mais pourvoyeur d'emplois et de devises à l'exportation.

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Ouverture du Salon de l'agriculture, porte de Versailles à Paris, le 25 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Aides européennes, recherche du juste prix pour les producteurs, Grenelle de l'alimentation : les candidats à la présidentielle qui ont défilé au salon de l'Agriculture cette semaine ont affiné leurs visions pour relancer un secteur sinistré, mais pourvoyeur d'emplois et de devises à l'exportation.

À l'exception de Jean-Luc Mélenchon, le candidat de France Insoumise qui soutient une agriculture "paysanne et écologique" et fustige l'agriculture "productiviste" représentée selon lui au salon, les quatre autres principaux candidats ont sacrifié au rituel de la bousculade médiatique entre les vaches primées, fleurons des élevages français.

Les candidats ont rencontré des éleveurs "crevés" et "fauchés", selon Michel Guichot, dont l'exploitation de bovins, maïs et volailles est située près d'Orthez dans les Pyrénées Atlantiques.

Alors que la moitié des agriculteurs français a touché un revenu net mensuel inférieur à 350 euros en 2016 (incluant les aides européennes), la principale ligne de fracture entre les candidats s'est dessinée sur l'Europe, à la veille d'une énième réforme de la Politique agricole commune (PAC) en discussion à Bruxelles.

Première à visiter le salon, Marine Le Pen, candidate Front National, a proposé de "franciser" les aides à l'agriculture et de "revoir totalement le système" en les distribuant différemment.

La candidate du Front national Marine Le Pen (2e à droite) en visite au Salon de l'agriculture de Paris, le 1er mars.
La candidate du Front national Marine Le Pen (2e à droite) en visite au Salon de l'agriculture de Paris, le 1er mars. Photo : AFP/VNA/CVN

Elle a ensuite multiplié les interventions pour fustiger l'UE qui, selon elle, a "décidé la disparition de l'agriculture française" et "porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité alimentaire" du pays.

Quantité ou qualité

En cause, les 9,5 milliards d'euros d'aides directes versés chaque année par Bruxelles aux exploitants français.

La candidate Front National, qui a visité une ferme dans le Lot samedi 4 mars, s'est vu vertement répondre par le commissaire à l'Agriculture l'Irlandais, Phil Hogan.

Selon ce dernier, les agriculteurs français se tromperaient lourdement s'ils croyaient continuer de recevoir le même niveau d'aide directe venant d'un gouvernement national qui aurait choisi de rompre avec Bruxelles, le poids démographique des paysans étant très faible par rapport au reste de la population (-de 3% de la population active).

Le Commissaire européen, en revanche, s'est déclaré favorable à un "plafonnement" des aides de la PAC, pour garantir un soutien accru aux petites et moyennes exploitations en difficulté face à la financiarisation de la terre et au développement des sociétés d'exploitation agricole qui profitent à plein du système PAC, au détriment des petits.

M. Hogan a cité en exemple le sort des paysans britanniques, "grands perdants" du Brexit selon lui. Les aides nationales directes à l'agriculture ne seront pas maintenues au-delà de 2020 une fois que la Grande-Bretagne aura largué ses amarres européennes, contrairement à ce qui avait été promis par les pro-Brexit durant la campagne du référendum.

Le Commissaire européen, en revanche, s'est déclaré favorable à un "plafonnement" des aides de la PAC, pour garantir un soutien accru aux petites et moyennes exploitations en difficulté face à la financiarisation de la terre et au développement des sociétés d'exploitation agricole qui profitent à plein du système PAC, au détriment des petits.

Emmanuel Macron (En Marche), comme François Fillon (LR) et Benoit Hamon (PS) se sont prononcés de leur côté pour une "préservation du budget de la PAC" qui permet à la France d'être une grande exportatrice de produits agroalimentaires.

Le candidat En Marche !, Emmanuel Macron, au Salon de l'agriculture de Paris, le 1er mars.

Les deux premiers affichent une vision nettement productiviste, avec des allégements de cotisations sociales, de taxations, et des "plans de modernisation" (5 milliards pour Macron, 6 milliards pour Fillon), tandis que le candidat socialiste, lui, souhaite repenser la façon de s'alimenter pour privilégier la qualité et le respect de l'environnement à la quantité.

M. Hamon qui souhaite instaurer des "prix plancher" au niveau européen sur le mode du commerce équitable, souhaite notamment "résister" aux lobbies industriels des pesticides et "interdire les perturbateurs endocriniens et les nanoparticules dans l'alimentation".

Suite à son accord avec l'écologiste Yannick Jadot (EELV), il promet aussi l'approvisionnement en bio des cantines à hauteur de 50% d'ici à 2025 et s'engage à réaliser un "Grenelle de l'alimentation et de l'agriculture".

François Fillon souhaite revoir la Loi de modernisation de l'économie (LME) qu'il a lui même fait voter lorsqu'il était Premier ministre de Nicolas Sarkozy, en reconnaissant qu'elle a été trop favorable aux grandes surfaces face aux producteurs qui n'arrivent plus à vivre de leur métier.

M. Fillon, dont le déplacement au salon mercredi 1er mars fut un des moments de suspense le plus intense de la campagne, a été accueilli sous le slogan de "Fillon président" au stand de la FNSEA, principal syndicat agricole, dont beaucoup de membres à titre individuel sont de fervents soutiens de sa campagne, même si le syndicat ne s'engage pas en tant que tel.


AFP/VNA/CVN

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