Les Allemands dans la rue contre le libre-échange transatlantique

Du Nord au Sud de l'Allemagne, des centaines de milliers d'opposants au projet controversé de traité de libre-échange transatlantique (TTIP) sont attendus dans les rues samedi 17 septembre alors que le scepticisme n'a cessé de grossir en Europe, en particulier en France.

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À Hambourg des activistes se préparaient, le 15 septembre 2016, à la manifestation de samedi 17 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans un pays où la population est largement hostile à ce traité en cours de négociation entre les États-Unis et l'UE, les organisateurs des manifestations de samedi 17 septembre -une trentaine d'ONG, de syndicats et partis politiques- espèrent mobiliser plus de 250.000 personnes dans sept villes.

Soutenues par la chancelière Angela Merkel, ces négociations divisent cependant son gouvernement, le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel ayant vertement critiqué le traité.

À Berlin, où la mobilisation avait déjà été forte l'an dernier, jusqu'à 80.000 manifestants doivent défiler à partir de la mi-journée contre ce texte dont l'objectif est de doper les échanges américano-européens.

"Commerce équitable"

Les autres manifestations avec pour mot d'ordre "Pour un commerce mondial équitable" se dérouleront à Hambourg, Munich, Francfort, Cologne, Stuttgart et Leipzig. Outre le TTIP, pour lequel un nouveau round de négociations vient d'être fixé à début octobre, les manifestants entendent également exprimer leur opposition au Ceta, le traité de libre-échange avec le Canada dont la signature finale est attendue à la fin du mois prochain.

Ces deux traités inquiètent de longue date les Allemands alors qu'à l'inverse Merkel n'a cessé de leur affirmer son soutien, insistant sur les "chances de créations d'emploi" qui doivent en découler, selon elle. "Il est dans notre intérêt de ne pas rétrograder derrière d'autres régions du monde, comme par exemple les régions asiatiques qui ont déjà conclu un tel accord avec les États-Unis", a-t-elle également plaidé.

Mais selon un sondage de l'institut Ipsos, 52% des Allemands estiment que le libre-échange mène à un affaiblissement des normes sociales et permet l'importation de produits dommageables pour la santé. Ceux qui ont lancé les négociations "ont mal anticipé le fait que dans la période post-crise de 2008, l'idée de libéraliser encore plus, de déréguler encore plus, allait mal passer auprès des opinions publiques", avait récemment indiqué à l'AFP Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Le ministre de l'Économie et vice-chancelier, Sigmar Gabriel, a quant à lui jeté un pavé dans la mare au début du mois en assurant que le TTIP avait "de facto échoué". "Nous, Européens, ne devons bien sûr pas céder à leurs exigences" (celles des Américains), avait assuré Gabriel.

Les Sociaux-démocrates sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à ne plus y croire au point que certaines fédérations locales ont appelé à manifester samedi 17 septembre. Le SPD doit d'ailleurs décider lundi lors d'un mini-congrès s'il approuve ou non le Ceta, que le gouvernement juge être "un accord très réussi".

Négocié depuis mi-2013 par le gouvernement américain et la Commission européenne, l'accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, également connu sous un autre acronyme anglais, Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange.

"Attaque contre la démocratie"

Ses détracteurs craignent, outre une remise en cause des normes sociales, sanitaires et environnementales européennes, la création d'un mécanisme d'arbitrage parallèle pour les investisseurs étrangers qui viendrait affaiblir le pouvoir des autorités publiques face aux grandes entreprises.

Les organisateurs des manifestations en Allemagne ne cessent également de dénoncer des négociations tenues dans le plus grand secret. Il s'agit d'une "attaque contre la démocratie", juge l'ONG Foodwatch. D'autres pays européens, comme l'Autriche mais surtout la France, sont opposés au traité.

Mercredi 14 septembre, le secrétaire d'État français au Commerce extérieur Matthias Fekl a affirmé que les négociations entre la Commission européenne et les États-Unis n'avaient plus le soutien politique de Paris. Le Premier ministre français Manuel Valls a également demandé "un coup d'arrêt clair" dans les négociations.

Washington, tout comme Merkel, veulent encore achever les négociations avant la fin de l'année, tant que Barack Obama se trouve à la Maison-Blanche.


AFP/VNA/CVN

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