Légendes du bétel

Les contes vietnamiens font souvent la part belle à l’amour. Filial, fraternel, conjugal, il peut causer bien des tourments, parfois finir mal, parfois finir bien. Voici une belle légende, encore vivante dans les coutumes d’aujourd’hui.

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Le conte explique la coutume de mâcher du bétel existant depuis le règne des rois fondateurs Hùng.

Jadis, sous le règne du IVe roi Hùng (rois fondateurs de la nation), vivaient deux frères jumeaux, Cao Tân et Cao Lang. Ils se ressemblaient tellement qu’il était difficile de les distinguer.

Unis à jamais

Orphelins dès leur tendre enfance, ils furent adoptés par un lettré généreux du village qui avait une fille unique. Ils y suivirent les cours et grandirent avec la fille de leur père adoptifs. Très souvent, pour arriver à les distinguer, la fille avait recours à un petit subterfuge lors du repas : le premier à prendre les baguettes pour manger serait l’aîné.

Adulte, la fille dont la beauté était digne de tous les hommages des jeunes de la région choisit l’aîné Cao Tân pour époux. Cao Tân reçut la main de la magnifique fille de son maître. Cao Lang, par fidélité fraternelle, continua à vivre avec la famille de son frère dans une harmonie complète et avec un bonheur sans faille. Mais, de temps en temps, Cao Tân réserva moins son temps et son soin au cadet qui pensa que son frère ne s’occupa pas de lui comme avant. Cao Lang vécut alors dans la tristesse et la solitude.

Un soir, de retour du champ, Cao Lang entra le premier dans la chaumière qui  baigna dans la pénombre. Sa belle-sœur, croyant qu’il s’agissait de son mari Cao Tân, vint non sans un élan de tendresse à sa rencontre. Cao Tân, passant par-là, vit la scène et devint injustement soupçonneux. Incapable de se justifier, Cao Lang décida de s’enfuir.

Trois morts

Après plusieurs jours de marche, Cao Lang traversa monts et forêts, il arriva enfin au bord d’un ruisseau et y tomba épuisé. À force de pleurer, il expira sur la berge déserte du ruisseau et se transforma en un bloc de calcaire d’un blanc immaculé. Durant ce temps, l’aîné, saisi d’une inquiétude grandissante pour son frère partit à sa recherche. Il suivit le chemin pris par son cadet.

Un beau matin, après tant de jours de marche, Cao Tân arriva près du bloc calcaire, s’y assit et succomba d’inanition. Il fut métamorphosé en un bel arbre haut avec des palmes vertes et de petits fruits oblongs. L’arbre commença à étendre sa ramure et son ombre au-dessus de l’amas calcaire comme pour le protéger des intempéries.

Une chique de bétel, cadeau de mariage traditionnel, preuve d’amour éternel.
Photo : CTV/CVN

Restée sans nouvelles de son mari, la jeune femme, quitta à son tour, la maison et se mit en quête de son époux. Elle parcourut des champs et des prairies, traversa des villages et arriva enfin un jour tout près de l’arbre. Fatiguée par la marche, elle s’adossa au pied de l’arbre, mourut à son tour et fut changée en une plante dont les lianes s’enroulèrent autour du tronc de l’arbre avec de larges feuilles d’un vert intense en forme de cœur.

L’arbre était un aréquier, les lianes étaient du bétel. Bien des années plus tard, le roi passa à cet endroit et s’arrêta pour se reposer à l’ombre de l’aréquier, en s’asseyant sur la pierre immaculée. Curieux de voir que tout autour il n’y avait qu’une bien pauvre végétation, il s’enquit auprès des paysans pour savoir quel était la cause de cet arbre, orné de lianes et qui semblait protéger la pierre de calcaire.

Quand on lui raconta l’histoire des deux frères et de la jeune femme, il fut touché par ce bel exemple d’amour fraternel et d’amour conjugal. Il ordonna alors que pour honorer ces merveilleuses marques d’amour, avant chaque fête de mariage on offre aux invités une noix d’arec enveloppée d’une feuille de bétel.

C’est pourquoi aujourd’hui encore, pour les fêtes de mariage, il y a toujours des noix d’arec et des feuilles de bétel d’un vert intense en forme de cœur qui font partie des cadeaux de mariage et qui symbolisent l’union éternelle.


ÔNG NGOAI/CVN

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