L'économie allemande entre résilience et inquiétudes pour 2021

Touchée mais pas coulée : l'économie allemande résiste à la seconde vague de COVID-19 grâce aux bons chiffres de son industrie, sans effacer les inquiétudes après la récession de 2020 dont l'ampleur est dévoilée jeudi 14 janvier.

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Des conteneurs dans le port de Bremerhaven (Allemagne), le 30 décembre 2020.

La première économie de la zone euro devrait connaître une chute de 5,5% de son PIB sur l'année, un plongeon comparable à celui de la crise financière de 2009, selon les prévisions officielles.

L'Allemagne s'en sortirait mieux que ses partenaires européens, comme la France (-9,3%), l'Italie (-9,0%) ou l'Espagne (-11,1%), selon les récentes prévisions de la Banque centrale européenne.

Une performance due notamment aux bons résultats de l'industrie, en dépit du retour depuis novembre de fortes restrictions pour endiguer l'essor de la pandémie dans le pays.

Par rapport au brutal coup de frein du printemps, le secteur industriel, pilier du modèle allemand, n'a pas connu de baisse d'activité en fin d'année.

Bien au contraire : les commandes à l'industrie manufacturière ont bondi de 2,3% en novembre, au plus haut depuis le début de la crise, tandis que la production a augmenté de 0,9% sur un mois.

Ces deux indicateurs progressent depuis plusieurs mois, grâce au dynamisme du marché chinois, l'un des principaux débouchés de l'Allemagne.

Avec "les bons chiffres de l'industrie, les chiffres du quatrième trimestre pourraient réserver une bonne surprise", affirme donc Carsten Brzeski, analyste pour ING.

"Confinement partiel"

Malgré ces signaux positifs, l'horizon n'est pas entièrement dégagé pour 2021, espéré comme l'année de la reprise.

L'Allemagne vit depuis mi-décembre sous "confinement partiel" avec fermeture des commerces non essentiels, tandis que bars, restaurants, lieux de loisirs et de cultures, ont tiré le rideau depuis début novembre.

Une rue de Munich, bordée de magasins et de restaurants fermés en raison de la pandémie de COVID-19, le 11 janvier.

Les fédérations des commerçants craignent une vague de faillites, avec la disparition de "50.000 magasins" dans les prochains mois.

Dans les petites et moyennes entreprises, colonne vertébrale de l'économie allemande, ce sont près d'un million d'emplois qui sont menacés, selon une étude de la banque publique allemande KfW.

Pour épauler les entreprises, le gouvernement a prolongé les aides spéciales jusqu'à fin janvier.

Mais le patronat se plaint de la lenteur du versement, ainsi que du changement des règles de calcul depuis le 1er janvier, qu'il juge moins avantageuses.

Le gouvernement a mis fin à ses soutiens basés sur l'indemnisation d'une partie du chiffre d'affaires perdu, préférant un remboursement des coûts fixes (loyers, électricité etc.).

Côté grands groupes, des restructurations douloureuses sont en cours comme chez le voyagiste TUI ou le groupe aérien Lufthansa, qui ont dû faire appel au soutien massif de l'État pour ne pas couler.

Assez épargnée par la première vague de coronavirus, l'Allemagne est désormais fortement touchée, avec des bilans quotidiens dépassant régulièrement les 1.000 morts.

Incertitudes

Or la possibilité d'une aggravation de l'épidémie, avec la propagation sur le continent de variants du virus considérés comme plus contagieux, inquiète aussi le monde économique.

La chancelière Angela Merkel a averti que les prochaines semaines verraient "la phase la plus dure de la pandémie".

Le ministre de la Santé, Jens Spahn, a exclu que toutes les restrictions puissent être levées début février. Le calendrier de la vaccination sera crucial, l'objectif du gouvernement étant que tous ceux qui le souhaitent puissent se faire vacciner à partir de cet été, après la phase actuelle dédiée aux publics prioritaires.

L'avenir de l'économie allemande dépendra de l'évolution de la situation sanitaire, ont prévenu les "sages économiques", comité d'experts qui conseille le gouvernement.

"Si en février ou mars nous allégeons un peu les restrictions, nous aurons au deuxième trimestre une forte croissance comme cet été", a estimé le président de l'organisme, Lars Feld, dans une interview au journal Handelsblatt.

Sans levée, même partielle, de ces mesures, le PIB allemand pourrait de nouveau "légèrement baisser" au premier trimestre 2021, car l'industrie ne suffira plus à compenser la chute des activités de services, prévient de son côté Andrew Kenningham, analyste en chef pour Capital economics.

Le gouvernement prévoit toujours une reprise de 4,4% en 2021, et de 2,5% en 2022, soit un retour à la dynamique "d'avant crise".


AFP/VNA/CVN

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