Le Vietnam veut mettre fin à l’utilisation des cornes de rhinocéros

La campagne de sensibilisation sur le commerce illégal de cornes de rhinocéros a été lancée le 3 mars à Hanoi. Il est en effet grand temps d’agir contre ce trafic extrêmement lucratif pour ses acteurs mais ô combien destructeur pour ce grand périssodactyle.

Cérémonie de lancement de la campagne «Mettre fin à l’utilisation des cornes de rhinocéros», le 3 mars à Hanoi.

Placée sous les auspices de l’Organisation internationale WildAid, en collaboration avec le Fonds africain Wildlife et le centre Change, cette campagne vise à sensibiliser la population sur les enjeux de la consommation de cornes de rhinocéros, dans l’objectif de mettre fin au braconnage qui sévit à l’heure actuelle. Son message est simple: «S’il n’y a pas d’acheteur, il n’y aura pas de tueur».

Lors de la cérémonie de lancement, le vice-ministre de l’Information et de la Communication, Truong Minh Tuân, a fait grand cas de cette campagne. Il a affirmé que la sensibilisation de la population jouait un rôle extrêmement important, et que c’était pour cette raison que le Vietnam faciliterait la mise en œuvre de cette campagne à travers la presse pour contribuer à mettre fin aux croyances et superstitions sur les vertus supposées de la corne de ce grand mammifère et à la protection de l’animal.

Plus de deux rhinocérostués par jour

Tout comme les éléphants, les rhinocéros ont été victimes d’un braconnage sans précédent ces cinq dernières années :

668 animaux ont été massacrés pour leurs cornes en 2012. En 2013, l’on ne comptait pas moins de 1.000 rhinocéros abattus en Afrique du Sud, où la population de cet animal est la plus élevée au monde. Cela signifie que, chaque jour, plus de deux individus sont tués.

Selon un récent rapport du ministère sud-africain de l’Environnement, au moins 146 individus ont été tués sur la période du 1er janvier au 26 février 2014. Le chiffre est impressionnant en comparaison avec celui de l’année 2007, où l’on avait dénombré 13 victimes.

Si le braconnage continue à s’accélérer, la population restante de rhinocéros en Afrique pourrait s’éteindre d’ici vingt ans.

Au cours de ces cinq dernières années, le massacre illégal de rhinocéros en Afrique du Sud a pratiquement doublé d’année en année. En cause, l’augmentation du prix au détail des cornes de rhinocéros, qui est passé de 4.700 dollars le kilo en 1993 à 65.000 dollars le kilo en 2013.

«Si le braconnage continue à s’accélérer, la population restante de rhinocéros en Afrique pourrait s’éteindre d’ici vingt ans», alerte Peter Knights, directeur exécutif de l’organisation WildAid.

Mettre fin aux superstitions

En Asie, la demande de produits issus de corne de rhinocéros a explosé. Outre son utilisation dans la médecine traditionnelle, être en possession d’une corne est également signe d’un certain statut social.

Au Vietnam, la hausse de la demande de corne de rhinocéros provient de la croyance en ses pouvoirs de guérison du cancer et, plus largement, d’un regain d’intérêt pour la pharmacopée de la médecine traditionnelle.

«Le massacre de rhinocéros qui se produit à l’heure actuelle est dû à des croyances erronées comme celles-là. Les études scientifiques ont prouvé que la kératine, protéine aussi présente dans les ongles et les cheveux humains, ne possédait aucune vertus thérapeutique ou aphrodisiaque», dénonce Hoàng Thi Minh Hông, directrice du centre Change. Elle ajoute : «Même si vous n’achetez qu’un tout petit morceau de corne de rhinocéros, c’est comme si vous payez pour tuer un animal sauvage dans la nature».

Quand les stars s’engagent

La campagne «Mettre fin à l’utilisation des cornes de rhinocéros» est soutenue par de nombreux artistes vietnamiens. Les musiciens Quôc Trung et Dô Bao, les animateurs Anh Tuân et Phan Anh, l’actrice Hông Anh, Miss Thu Thuy, les chanteurs Duc Tuân et Lê Cat Trong Ly sont devenus des ambassadeurs de la campagne, et se sont engagés pour la sauvegarde des rhinocéros.

Dans une nouvelle vidéo, le musicien Quôc Trung appelle les consommateurs à ne plus acheter de produits fabriqués à base de cornes de ce mammifère. «Nous devons stopper la demande de produits illégaux issus de corne de rhinocéros, sinon cet animal étonnant disparaîtra à jamais de la planète», explique-t-il.

L’ancienne Miss Vietnam Thu Thuy abonde en ce sens : «Mère de deux enfants, je veux qu’ils sachent que les rhinocéros ne sont pas simplement une belle image dans un livre». Elle ajoute : «Pour moi, la possession de corne de rhinocéros n’est pas le signe d’un certain statut social. L’achat de cette corne est plutôt le signe d’un manque de connaissances. Il faut y mettre fin».

Depuis cinq ans, le Vietnam a mis en service un numéro vert (1800-1522) et une adresse e-mail (hotline@fpt.vn) permettant de dénoncer les infractions à la législation sur la protection de la faune sauvage.

Phuong Nga/CVN

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