Lê Van Hiêp, le «Chevalier à l’armure de céramique»

Hiêp «toilettes» est le surnom que ses proches ont donné à Lê Van Hiêp. Si cela peut paraître saugrenu au premier abord, lui ne s’en offusque pas. Bien au contraire, pour cet ardent militant de l’amélioration de la qualité des toilettes publiques.

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Lê Van Hiêp s’engage à améliorer la qualité des toilettes publiques.
Photo : TV/CVN

«Il est intarissable !, s’exclame Doan Thanh, l’épouse de Lê Van Hiêp, directeur de la société Kim Hoàng Hiêp, spécialisée dans la fourniture de services respectueux de l’environnement, dont le siège se trouve dans la province méridionale de Binh Duong, à propos de son mari sur sa passion pour les toilettes. Il en parle partout et tout le temps, que cela soit en réunion, au café et même à table !».

Des toilettes gratuites et intelligentes

Pensant constamment au perfectionnement des toilettes publiques, Lê Van Hiêp, chef du comité de mobilisation de l’Association des toilettes du Vietnam et représentant de l’Organisation mondiale des toilettes (WTO), rêve d’une révolution en la matière, particulièrement dans les écoles et hôpitaux vietnamiens.

En juin dernier, Lê Van Hiêp a présenté les toilettes intelligentes installées au 5, rue 30 Avril, dans la ville de Thu Dâu Môt (province de Binh Duong). Entièrement automatiques, elles sont jugées intelligentes, les utilisateurs n’ont en effet pas besoin de toucher quoi que ce soit. Concernant les frais d’installation, ils sont tout à fait raisonnables, les outils et équipements étant fabriqués en série. L’innovation est accessible à tous, même aux handicapés, avec une cabine de 2,88 m² qui leur est spécialement réservée. Curieux d’en savoir plus sur ces toilettes nouvelle génération, nombreuses sont les personnes qui s’y sont essayées, et toutes en ont fait un bon écho.

Pas de repos pour les braves ! En effet, «le père» de ces toilettes continue son travail afin d’aboutir à la version finale et parfaite du modèle dans le but de les installer dans les rues de Binh Duong et de Hô Chi Minh-Ville. Huê et Dà Nang (Centre) suivront de près.

L’atout principal de ces toilettes est qu’elles sont gratuites. «Ceux qui soulagent leur vessie dans la rue peuvent être sanctionnés à hauteur de 3 millions de dôngs. Cependant, pensez-y, si l’on doit payer 5.000 dôngs à chaque fois qu’on entre dans les toilettes, quid des personnes telles que les moto-taxis et autres vendeurs itinérants ? Combien doivent-ils dépenser chaque jour pour satisfaire un besoin naturel ? C’est vraiment une question sur laquelle il faut se pencher», a partagé Lê Van Hiêp.

«Afin de changer les habitudes des habitants concernant l’utilisation des toilettes publiques, il faut d’abord les rendre attrayantes», a-t-il poursuivi. Avant d’ajouter qu’«attrayantes» signifie «de bonne qualité». En d’autres termes, que les toilettes soient non seulement propres mais encore parfumées et agréables à l’œil.

Vers une nouvelle vision des WC

Toilettes intelligentes et gratuites conçues par Lê Van Hiêp.

L’idée d’installer des WC «high-tech» dans les lieux publics lui est venue il y a trois ans. À l’époque, alors directeur d’une compagnie immobilière, cet homme d’une quarantaine d’années, comme le commun des mortels, ne s’intéressait pas du tout à ce sujet.

L’élément déclencheur a été sa fille qui, un jour, en rentrant de l’école, lui a confié qu’elle ne s’était pas hydratée de la journée de peur de devoir aller aux toilettes de l’établissement, son «cauchemar» en raison de leur insalubrité. Selon lui, les filles et femmes ont plus de besoins que les garçons, surtout quand elles ont leurs règles. «Je crois, en tant que père, que ma fille, comme les autres enfants, ont droit à des toilettes propres», a partagé ce papa engagé.

Voilà comment il s’est retrouvé, du jour au lendemain, impliqué dans ce combat. Il a confié toutes ses affaires à ses proches, notamment sa femme, pour en finir avec cette situation dans les lieux publics, à commencer par les toilettes des écoles et hôpitaux. Au début, ce travail n’était pas facile. Les uns pensaient qu’il était malade, les autres l’ignoraient voire le chassaient comme un malpropre... Un comble pour ce maniaque de l’hygiène ! Pas échaudé pour un sou, il a mené des enquêtes - surtout auprès des étrangers au Vietnam - sur la qualité des toilettes publiques. Lê Van Hiêp est également parti à l’étranger pour étudier plus profondément le sujet, devenant ensuite le représentant de la WTO au Vietnam.

Au-delà de l’implantation des «petits coins» high-tech, notre révolutionnaire a tenté de sensibiliser le public aux avantages des toilettes de qualité. Il a même organisé, en 2015 et 2016, deux courses à pied pour cette cause, dont les frais d’organisation - financés par lui-même et d’autres particuliers - se sont élevés au total à 5 milliards de dôngs. «La plupart des gens pensent que les toilettes sont secondaires. Du coup, ils ne sont pas très regardants sur leur qualité. Mais en réalité, elles ont un grand impact sur notre santé», a affirmé Lê Van Hiêp.

À noter enfin qu’en partenariat avec la WTO, il a mis en place des cours gratuits de conception des toilettes et de formation des employés de nettoyage. «Les employés de nettoyage ne sont pas bien formés. En outre, ils ne sont pas fiers de leur profession car ils ne sont pas respectés et ne bénéficient pas d’avantages sociaux comme d’autres corps de métiers. Il faut leur faire aimer leur travail pour qu’ils le fassent correctement», a-t-il conclu.


Mai Quynh/CVN

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