États-Unis
Le stade des Yankees lance la vaccination des New-Yorkais défavorisés

Malgré le froid et la pluie, enveloppées dans d'épais manteaux, des centaines de personnes se sont fait vacciner contre le COVID-19 vendredi 5 février dans le célèbre stade de baseball des Yankees du Bronx, un quartier défavorisé et très touché par le coronavirus à New York, aux États-Unis.

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Des résidents du Bronx, quartier de New York très touché par la pandémie, attendent pour se faire vacciner au stade des Yankees, le 5 février 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est comme choisir entre la vie et la mort", a indiqué Ines Figueroa, Portoricaine de 64 ans, résidente du Bronx, après avoir reçu le précieux antidote. Son mari est mort en janvier de complications liées au virus, qu'elle a attrapé aussi, mais sans développer de symptômes.

Le taux de positivité aux tests dans le district du Bronx est le plus élevé des cinq districts new-yorkais : il était vendredi 5 février de 6,67%, soit le double du taux des quartiers généralement aisés de Manhattan, selon le gouverneur Andrew Cuomo.

C'est pour cela que les autorités de ce bastion démocrate qu'est New York ont décidé de réserver les vaccinations effectuées dans ce stade aux seuls résidents éligibles du Bronx.

"Justice et équité"

Depuis le début de l'épidémie aux États-Unis en mars, le taux de mortalité du virus parmi les populations noire et latino new-yorkaises est le double de celui enregistré chez les blancs. Une inégalité face à la maladie qu'on retrouve à l'échelle de l'ensemble des Éats-Unis, où la pandémie a déjà tué plus de 458.000 personnes.

Or, ces minorités sont aussi celles qui ont jusqu'à présent été les moins vaccinées.

À New York, des chiffres publiés dimanche 31 janvier montrent que, parmi les quelque 500.000 doses de vaccin déjà administrées, seules 15% étaient allées à des personnes d'origine hispanique, alors que les Latinos représentent près de 30% des huit millions de New-Yorkais. Et 11% seulement à des personnes afro-américaines, qui représentent 25% de la population.

"Il s'agit d'équité et de justice. Il s'agit de protéger les gens qui ont le plus besoin de l'être, car le Bronx est un des endroits qui ont été les plus touchés par le coronavirus", a répété vendredi 5 février le maire démocrate Bill de Blasio, à l'entrée du stade.

Sur les 15.000 rendez-vous offerts dans les jours qui viennent pour se faire vacciner, 13.000 avaient déjà été alloués le 5 février.

Lenteurs

Des gens attendent pour se faire vacciner contre le COVID-19 devant le stade des Yankees à New York, le 5 février 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Bien que le stade des Yankees ne vaccine en principe que sur rendez-vous, de nombreuses personnes présentes dans la file d'attente n'en avaient pas : pour beaucoup, le processus d'enregistrement est inadapté. Il nécessite une bonne connexion Internet, une bonne connaissance de l'anglais, et parfois des heures de patience.

Après avoir essayé pendant 15 jours, en vain, d'obtenir un rendez-vous, Manuel Rosario, 76 ans, a ainsi réussi à se faire vacciner au stade vendredi 5 février, moyennant quatre heures de queue.

"Il faudrait trois autres centres comme celui-ci dans le Bronx", a-t-il indiqué, lui qui avait attrapé la maladie sans développer de symptômes en avril.

À ce rythme, "ils auront fini de vacciner tout le monde dans deux ans", a-t-il ironisé.

À ce jour, seuls un peu plus de 8% d'Américains ont été immunisés, selon des données officielles.

"C'est vraiment troublant de penser qu'on pourrait administrer 400.000, 500.000 vaccins par semaine, et qu'on n'a pas les doses suffisantes", a indiqué M. De Blasio.

La méfiance envers les autorités, la circulation de fausses informations sur la dangerosité des vaccins, ou encore la peur d'une arrestation pour les sans-papiers contribuent aussi à la lente vaccination des minorités, selon les experts.

"Il faut que cela s'arrange car nous sommes tous des êtres humains et nous avons tous besoin du vaccin pour survivre", dit Manuel Rosario.

Comme lui, Mercedes Ferreras, une Dominicaine de 73 ans, est venue le 5 février sans rendez-vous. "J'ai un ordinateur, mais je ne sais pas m'en servir", a-t-elle expliqué.

Même chose pour Fausto Lopez, 72 ans, venu en quête de rendez-vous, même si un ami croyant a tenté de l'en dissuader en lui disant que le vaccin serait prétexte à l'implantation d'une puce qui ferait de lui "un robot".

"Il y a trop de fausses informations", a déploré cet ex-agent de nettoyage, qui souffre de diabète, de tension élevée, et a déjà subi sept opérations. "Le vaccin va me changer la vie".

AFP/VNA/CVN

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