Le savoir-faire canadien au service des champignons vietnamiens

Pour la première fois au Vietnam, une ferme dédiée à la myciculture applique des techniques importées du Canada. Privilégiant la qualité et la production à un niveau local, le concept offre de nouvelles perspectives économiques et sociales pour les habitants de la région.

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La ferme de M. Duc produit en moyenne dix tonnes de champignons par mois.

Tang Thành Duc et son épouse Huynh Thi Nghiêm se sont installés au Canada en 1981. Président à l’époque de l’Association canadienne des producteurs de champignons de Paris, il a été notamment à la tête de trois fermes, d’une superficie de près de 100 ha. Se démarquant par la qualité de ses produits, le champignonniste a d’ailleurs été désigné par le gouvernement canadien «Meilleur cultivateur de champignons de Paris» en 1996 et 1997.

«Nous effectuions des allers-retours entre le Vietnam et le Canada, pour nos activités philanthropiques et nous rendre à la pagode. En constatant que le secteur agricole dans mon pays natal était largement sous-exploité, je me suis décidé d’y développer et d’y implanter un processus de production moderne de champignons», confie Tang Thành Duc.

Joindre l’acte à la parole

En 2010, il a joint l’acte à la parole en achetant 5 ha de terres agricoles dans la commune de N’thôn Ha, située dans le district de Duc Trong, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).

«N’thôn Ha est assez excentré dans le district de Duc Trong, et la plupart de ses habitants sont issus d’ethnies minoritaires peu familiarisées aux nouvelles technologies. Cependant, la commune est bercée par un climat doux et un air sain, des conditions appropriées pour la myciculture», explique M. Duc.

Actuellement, sa ferme atteint une superficie de 3.000 ha pour une capacité de production de 10 tonnes de champignons de Paris par mois, et le prix au kilo atteint 100.000 dôngs.

Les champignons cultivés dans la ferme de M. Duc répondent aux normes VietGap.

Son initiative a été appréciée par les responsables de la province. Car à cette époque là, seule une poignée de fermes dans le Sud s’orientaient vers la production de champignons de Paris. Plusieurs entreprises japonaises et taïwanaises avaient investi dans des sites de production de pointe, sans avoir obtenu de résultats probants. Une situation des plus paradoxales, alors que la demande est élevée au niveau national et international.

Selon Tang Thành Duc, outre leurs qualités nutritives, les champignons en général sont très appréciés pour leurs propriétés bénéfiques pour la santé, comme par exemple améliorer la résistance de l’organisme, lutter contre les effets du vieillissement ou encore réduire les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires.

Nouvel outil anti-pauvreté

«Notre objectif est de transférer les techniques modernes aux locaux, raison pour laquelle notre ferme conserve une superficie modeste de 3.000 ha, soit le tiers de celle que nous avions au Canada», explique M. Duc. Et d’ajouter : «Je suis très heureux de voir de nombreux habitants se rendre à ma ferme pour apprendre quelques-unes des techniques appliquées par mes soins. J’espère que ce modèle de myciculture sera multiplié dans d’autres communes, permettant dès lors d’améliorer la vie des locaux».

L’utilisation de technologies modernes facilite grandement la production. Tang Thành Duc et ses deux employés peuvent donc transporter 60 tonnes de substrats, indispensables pour la culture de champignons, en une seule soirée. Et après, il suffit de faire fonctionner les machines.

«La ferme de M. Duc applique les techniques les plus avancées au Vietnam. Les champignons de Paris cultivés entre ces murs répondent aux normes VietGap, et leur qualité est équivalente à celle des champignons cultivés au Canada. Ces derniers sont par ailleurs importés dans le monde entier», insiste Lê Xuân Tham, directeur du Service des sciences et des technologies de la province de Lâm Dông.

Il a constaté que la myciculture pouvait devenir une activité rentable pour les habitants de Lâm Dông qui bénéficient que d’une infime superficie pour la riziculture. Les techniques présentées par M. Duc permettront aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus, mais aussi d’offrir une opportunité pour diversifier leurs affaires, étant donné que les champignons consommés au Vietnam sont importés, notamment de Chine.

Le directeur estime que si le modèle de culture de M. Duc est reproduit dans l’ensemble du pays, les conditions de vie des agriculteurs s’en trouveront nettement améliorées.

Phuong Nga/CVN

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