France
Le Salon de l'Agriculture ouvre ses portes dans un climat de crise

Crise, tension, déprime, le Salon de l'Agriculture qui s'ouvre le 27 février à Paris en présence de François Hollande, n'a pas le coeur à la fête et les politiques qui se risqueront dans la "plus grande ferme de France" sont prévenus : ça peut chauffer dans les allées.

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"À partir du moment où il y a un problème de revenu dans les exploitations, la fête ne sera pas complète", reconnaissait le 26 février Jean-Luc Poulain, président du Salon. Malgré "une certaine morosité" annoncée, il dément toute défection ou annulation. Avec l'effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40.000 exploitations sont en situation d'extrême urgence, selon le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Plus de 60.000 (sur 490.000) ont réclamé de l'aide alors qu'un éleveur de porcs, en Bretagne, perd jusqu'à 6.000 euros par semaine. Des chiffres que François Hollande aura forcément en tête quand il inaugurera le Salon samedi à l'aube, à son retour d'Amérique du Sud.

"Le coeur n'y est pas"

Stéphane Le Foll, bousculé jusque dans son jardin et dont 73% des Français jugent qu'il a un bilan négatif, selon un sondage OpinionWay pour le Figaro, et le chef du gouvernement Manuel Valls n'ont rien ménagé ces derniers jours pour calmer les esprits à l'approche de ce rendez-vous annuel, foire-exposition de l'excellence des terroirs français et d'un modèle qui s'interroge sur son avenir.

Même le commissaire européen, l'Irlandais Phil Hogan, est venu le 25 février à la rescousse, assurer les agriculteurs français de sa détermination à trouver des solutions. Rien ne dit que ce sera suffisant, mais les professionnels n'entendent pas boycotter pour autant cette sortie, parfois l'occasion unique de l'année de quitter sa ferme plusieurs jours et retrouver les collègues.

"Les éleveurs seront là et viendront avec leurs animaux", rassure aussi Xavier Beulin, président de la FNSEA, le premier syndicat agricole. "On est là pour avoir une vraie discussion avec le public". "On y va même si le coeur n'y est pas. C'est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau", confie Florent Dornier, secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA). Sans prédire de "débordements", il reconnaît que "c'est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans".

"Les politiques, il va falloir qu'ils fassent très attention à ce qu'ils nous disent. Il y a un risque de douche froide", prévient-il. Par ailleurs le contexte sécuritaire et l'état d'urgence ont réduit les festivités : outre les contrôles renforcés aux entrées, les nocturnes et la soirée des professionnels, le jeudi, ont été annulés.

Cul des vaches et petit verre

Pourtant, à l'approche du compte-à-rebours électoral de 2017 et en vue des primaires à droite, plus que jamais le rendez-vous du Salon sera aussi celui des politiques - surtout de l'opposition - qui s'apprêtent à fouler en rangs serrés les allées parmi les près de 700.000 visiteurs attendus jusqu'au 6 mars.

Vue d'ensemble du Salon de l'Agriculture, à Paris, le 26 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Entre taureaux de compétition et bêtes à concours, vont ainsi se glisser le Premier ministre dès 7h00 lundi 29 février, et dans l'opposition Marine Le Pen (mardi 1er mars), Nicolas Sarkozy et François Fillon (mercredi 2 mars), Alain Juppé (jeudi 3 mars) et Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Agriculture qui a prévu un triplé minuté - lundi, mardi, mercredi.

À tous, la FNSEA a adressé un questionnaire en 13 points : sur le rapport de forces producteurs/distributeurs, les réglementations sociales et environnementales, l'installation des jeunes, le bétonnage des terres agricoles, la présence des loups ou la volatilité des prix agricoles... "Ceux qui n'auront pas répondu feront mieux de ne pas s'arrêter à notre stand", reprend Xavier Beulin. "Le cul des vaches, le petit verre qui va bien et le sourire sur photo... aujourd'hui on est sur autre chose", avertit-il carrément.

Il ajoute que son syndicat n'appelle pas à manifester pendant le Salon. "Ca ne veut pas dire qu'il n'y aura pas quelques mouvements, y compris contre le président de la FNSEA...", reconnaît-il. Sur les barrages et dans les manifestations qui s'enchaînent depuis plus d'un mois, le nom de Xavier Beulin a été plusieurs fois conspué par une base excédée.


AFP/VNA/CVN

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