Chine
Le rapatriement des Français piégés à Wuhan s'organise

Le bilan de l'épidémie de pneumonie virale s'est alourdi à 170 morts jeudi 30 janvier en Chine après un bond sans précédent du nombre quotidien de décès, tandis que s'organisait le rapatriement de Français piégés à Wuhan, désormais coupée du monde depuis une semaine.

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Un homme et un enfant masqués à Pékin, le 30 janvier.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a appelé le "monde entier à agir" face au nouveau coronavirus, tiendra jeudi 30 janvier une réunion pour déterminer si l'épidémie "constitue une urgence de santé publique de portée internationale". Les autorités chinoises ont fait état jeudi matin de 38 décès sur les 24 heures précédentes, soit la plus forte progression quotidienne depuis le début de l'épidémie en décembre, portant le bilan à 170 morts.

Le nombre de patients contaminés a bondi à environ 7.700 en Chine continentale (hors Hong Kong), dépassant désormais largement le nombre (5.327) de personnes infectées en 2002 et 2003 par l'épidémie du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère). Ce coronavirus avait alors fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale. Wuhan, la métropole du centre de la Chine d'où est partie l'épidémie, est désormais coupée du monde depuis une semaine, tout comme la quasi-totalité de la province environnante du Hubei.

Alors que ce cordon sanitaire draconien, imposé le 23 février, interdit à quelque 56 millions d'habitants de quitter la région, les États-Unis et le Japon ont organisé mercredi 29 janvier des opérations pour évacuer une partie de leurs ressortissants. C'est à présent au tour de Paris : un premier avion français devait partir dans la nuit du 29 au 30 à destination de Wuhan, tandis qu'un second est prévu "plus tard dans la semaine", selon la Commission européenne. Les deux appareils pourraient rapatrier au total au moins 250 Français et plus de 100 ressortissants d'autres pays européens.

La ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, avait annoncé mardi 28 janvier qu'un premier avion avec une équipe médicale à bord atterrirait "jeudi après-midi 30 janvier à Wuhan" et serait de retour en France dans la nuit de vendredi à samedi, avec un dispositif de quarantaine de 14 jours pour les personnes rapatriées. D'autres pays planifient des opérations similaires : l'Italie a annoncé l'envoi d'un avion jeudi 30 janvier à Wuhan, Berlin prévoit l'évacuation de quelque 90 Allemands "dans les prochains jours" et le Canada va également affréter un avion. Australie et Royaume-Unis envisagent également des évacuations. La Nouvelle-Zélande a annoncé jeudi qu'elle affréterait un avion de 300 places pour évacuer ses ressortissants de Wuhan.

"Situation nouvelle"

Dans le même temps, 195 Américains arrivés mercredi matin 29 janvier sur une base militaire californienne ont été examinés. Aucun ne présente les symptômes du virus, mais tous y resteront en quarantaine pendant 72 heures.

Membres d'une compagnie aérienne protégés par un masque à l'aéroport international de Los Angeles, le 29 janvier.

En revanche, parmi les 206 Japonais rapatriés mercredi 29 janvier à Tokyo, trois ont été contaminés. Ces trois cas s'ajoutent aux huit déjà recensés précédemment dans l'archipel. Si l'essentiel des contaminations ont été détectées en Chine continentale, une quinzaine d'autres États sont également touchés, avec au total environ 80 cas confirmés - dont un cinquième cas en France mercredi 29 janvier. "Le monde entier doit être en alerte, le monde entier doit agir", a insisté mercredi 29 janvier Michael Ryan, directeur des programmes d'urgence de l'OMS. Signal inquiétant : des transmissions interhumaines ont été enregistrée dans trois pays en dehors de Chine - en Allemagne, au Japon et au Vietnam.

Dans ce contexte, les mesures de précaution se durcissent au niveau international : des compagnies aériennes comme British Airways, l'allemande Lufthansa, l'espagnole Iberia, ou encore l'indonésienne Lion Air (qui exploite la plus grande flotte aérienne d'Asie du Sud-Est) ont annoncé la suspension de leurs vols vers la Chine continentale. Et ce après que plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis, y ont déconseillé tout voyage. Quant à la Russie, elle va fortement limiter ses liaisons ferroviaires, ne maintenant en service que la ligne Pékin - Moscou.

Saison de football reportée

Wuhan, où la circulation des véhicules non essentiels est interdite, gardait des allures de ville fantôme : "C'est le premier jour que je sors depuis le début du confinement. Pas d'autre choix : il fallait que j'achète à manger", confiait mercredi 29 janvier un des rares piétons à s'aventurer dans les rues. Dans le reste de la Chine, où les congés du Nouvel an lunaire ont été prolongés jusqu'au 2 février, la plupart des habitants, effrayés, désertent centres commerciaux, cinémas et restaurants. Après l'annulation de plusieurs compétitions sportives internationales, dont les épreuves de Coupe de monde de ski alpin, la Chine a annoncé jeudi le report de la saison 2020 de football dans le pays.

Au-delà du secteur aérien, l'épidémie génère une "incertitude" pour l'économie mondiale, a averti mercredi le président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell. Un constat que font également les multinationales, des constructeurs automobiles aux sous-traitants de l'industrie électronique, alors que de nombreuses entreprises et usines chinoises resteront fermées jusqu'au 9 février au moins. Les secteurs du luxe et du tourisme pourraient être, eux, plombés par la chute du nombre de voyageurs chinois.


AFP/VNA/CVN

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