Le prince héritier saoudien et Macron affichent leur proximité mais pas sur l'Iran

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) et le président français Emmanuel Macron ont affiché mardi 10 avril leur proximité sur les différents dossiers diplomatiques qui agitent le Proche-Orient, tout en actant leurs divergences de vue sur la question essentielle du nucléaire iranien.

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Emmanuel Macron (droite) et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à l'Élysee, le 10 avril.

Guerre en Syrie, au Yémen, expansionnisme iranien... "nous avons eu le temps de discuter tous les sujets" a déclaré le président français au côté du prince héritier, Mohammed ben Salmane, un acteur clé des nombreuses crises qui secouent la région. Cette visite de trois jours, initialement axée sur la culture et l'économie - 18 milliards de dollars de protocoles d'accord ont été signés - a été dominée par les sujets diplomatiques alors que M. Macron déclare souhaiter être un partenaire stratégique de Ryad au Proche-Orient après "une décennie (qui) a mis entre parenthèse (la) relation bilatérale".

Se montrant l'un envers l'autre très chaleureux, souriants, les deux hommes ont affiché une grande proximité mardi devant la presse. Ils avaient déjà dîné ensemble dimanche en tête à tête au Louvre et devaient encore dîner ensemble mardi soir 10 avril, avec comme invité de dernière minute le Premier ministre Saad Hariri. M. Macron a loué une "volonté commune de stabiliser la région" tandis que MBS a souligné les intérêts communs nombreux entre les deux pays.

Le président Emmanuel Macron (gauche) et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane devant la pyramide du Louvre à Paris le 8 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais tout en affichant cette complicité, le jeune président français et l'encore plus jeune futur monarque saoudien ont acté une divergence de poids sur le futur de l'accord nucléaire iranien de 2015, que la France veut préserver alors que l'Arabie saoudite est sur la même ligne que Donald Trump qui est prêt à le remettre en cause.

"Vue tactique différente"

"Nous avons une vue tactique différente sur l'accord mais nous avons une vision stratégique cohérente" pour stabiliser la région, éviter que l'Iran ne devienne ne puissance nucléaire et limiter l'influence de Téhéran de l'Iran jusqu'au Liban, a déclaré le président français. Répétant que l'accord de 2015 est "le seul qui permet d'avoir une forme de contrôle", il a ajouté qu'il fallait le compléter par un travail "de limitation de l'activité balistique de l'Iran et de l'expansionnisme régional" de Téhéran.

"Nous allons œuvrer ensemble" sur ces "deux voies complémentaires", a déclaré le président français, tandis que MBS a vilipendé l'Iran, qu'il accuse de "soutenir le terrorisme". Ryad est engagé dans une lutte implacable avec Téhéran pour l'influence régionale. Sur le nucléaire iranien notamment, MBS est adossé à la position de Washington, qui menace de se retirer de l'accord d'ici le 12 mai.

La cité antique d'Al-Ula en Arabie saoudite, qui fait l'objet d'un accord entre Ryad et Paris pour son développement touristique.

Au Yemen, où l'Arabie saoudite mène une guerre contre les rebelles houthis soutenus par Téhéran, la France ne "tolèrera aucune activité qui menace l'Arabie saoudite", a déclaré M. Macron en référence aux missiles houthis. Sous la pression d'ONG qui dénoncent les ventes d'armes françaises à Ryad, qui seraient ensuite utilisées contre les civils yéménites, le président français a souhaité que "que toute la clarté soit faite sur les inquiétudes".

"Nous allons organiser d'ici à l'été une conférence humanitaire sur le Yémen à Paris pour faire la clarté sur ce qui est fait et qui permettra de prendre de nouvelles initiatives humanitaires au Yémen", a déclaré M. Macron. Concernant la Syrie, où la perspective de frappes militaires de représailles contre Damas se précise après l'attaque chimique présumée de samedi, Emmanuel Macron a déclaré que la France ne viserait pas les alliés russes ou iraniens de Damas.

"Dans les prochains jours, nous annoncerons nos décisions (...) En aucun cas les décisions que nous prendrions n'auraient vocation à toucher des alliés du régime ou s'attaquer à qui que ce soit mais bien à s'attaquer aux capacités chimiques détenues par le régime", a-t-il dit. MBS n'a pas exclu de participer à telles frappes. "Si notre alliance avec nos partenaires l'exige, nous répondrons présent".

AFP/VNA/CVN

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