Le Premier ministre islandais résiste mais la gauche le menace

Affaibli par les affaires, le Premier ministre islandais a limité la casse aux législatives anticipées de samedi 28 octobre, mais la dispersion des voix et une poussée relative à gauche menacent son maintien au pouvoir, selon des résultats encore partiels.

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Des candidats prennent part à un dernier débat télévisé avant les élections législatives en Islande, à Reykjavik, le 27 octobre 2017.

Les résultats définitifs de ce scrutin à un tour ne sont pas attendus avant dimanche matin 29 octobre, mais le paysage de la nouvelle assemblée ne préfigurera en rien la couleur du futur gouvernement : la formation d'une majorité de droite ou de gauche pourrait en effet prendre des semaines, voire des mois.

Après dépouillement de près de la moitié des bulletins dimanche vers 03h00 locales (03h00 GMT), le Parti de l'indépendance du chef du gouvernement, le conservateur Bjarni Benediktsson, était crédité de 17 sièges sur 63 à l'Althingi, le Parlement monocaméral de l'île subarctique. "Je me félicite que nous soyons en tête, mais les choses sont très compliquées. Je suis optimiste quant à notre capacité à former un gouvernement", a déclaré M. Benediktsson dans la nuit.

Son parti, qui a siégé dans quasiment tous les gouvernements depuis 1980, perdrait quatre sièges et serait talonné par le Mouvement Gauche-Verts de Katrin Jakobsdottir, qui obtiendrait 11 élus. À un ou deux mandats près, ces chiffres ne devraient pas évoluer significativement.

La gauche à l'affût

En tant que dirigeant du premier parti du pays, M. Benediktsson devrait recevoir mandat du président pour tenter de former une majorité. S'il échouait, Katrin Jakobsdottir prendrait alors la main. Une hypothèse nullement farfelue car les partenaires traditionnels ou potentiels (Parti du progrès, libéraux de Renaissance) des conservateurs marquent nettement le pas et ne leur apporteraient ensemble que 11 mandats.

Le Centre, créé il y a à peine quelques semaines, recueillerait lui six mandats, mais le CV de son dirigeant, l'ancien Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, démissionné en 2016 après avoir été cité dans les Panama Papers, hypothèque sa participation à un quelconque cabinet.

À gauche, Mme Jakobsdottir pourrait inviter à la table des discussions Sociaux-démocrates et Pirates (contestataires). Mais ils ne totaliseraient ensemble que 25 mandats, trop peu pour atteindre la majorité de 32 sièges. Le ralliement d'un quatrième parti serait aussi indispensable qu'improbable, selon les analystes. Interrogée par l'AFP après les premiers résultats partiels, Mme Jakobsdottir s'est montrée réservée. "Tous les partis sont ouverts au dialogue", a-t-elle dit.

Des électeurs votent pour les législatives à Reykjavik, le 28 octobre 2017
Photo : AFP/VNA/CVN

Avec huit partis appelés à siéger - un record -, les médias islandais privilégient même l'hypothèse d'un gouvernement minoritaire. Le Parti du peuple, une jeune formation populiste qui a mis en sourdine son discours anti-immigration face aux critiques, doit faire son entrée au Parlement avec environ cinq élus.

Il s'agit des quatrièmes législatives depuis la crise financière de 2008 qui avait plongé la nation nordique dans le marasme, mis au jour les liens étroits entre élites politiques et économiques, mais fait aussi émerger un mouvement populaire "anti-establishment". Bien qu'elle ait été ministre dans le gouvernement de centre-gauche (2009-2013) chargé de gérer l'après-crise, Katrin Jakobsdottir fédère une partie de ce mécontentement.

Femme de gauche à la réputation de probité, quadra au visage avenant, elle jouit d'une grande popularité et passe pour l'antithèse de Bjarni Benediktsson. Près d'un Islandais sur deux souhaite qu'elle soit Première ministre, un capital confiance très supérieur à l'assise politique de sa formation. Cette ancienne journaliste de 41 ans affirmait pendant la campagne vouloir conduire un gouvernement capable d'assurer une meilleure répartition des fruits de la croissance.


AFP/VNA/CVN

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