Le père spirituel des pensionnaires de l’île de Truong Sa Lon

Depuis avril 2012, le bonze supérieur Thich Giac Nghia est responsable de la pagode de l’île de Truong Sa Lon. Il fait figure de véritable père spirituel pour les soldats et habitants de l’île, particulièrement exposée aux foudres du climat. Rencontre.

Le bonze supérieur Thich Giac Nghia et des enfants insulaires à la borne de souveraineté sur l’île de Truong Sa Lon.

«Je n’oublierai jamais les regards emplis de tristesse des soldats et des habitants de l’île Truong Sa Lon lorsqu’ils m’ont reconduit sur le bateau mettant cap sur le continent pour que je participe au VIIe Congrès national de l’Église bouddhique du Vietnam (ce Congrès a eu lieu du 21 au 24 novembre 2012). Sur le flanc du bateau, les yeux rivés sur l’île qui s’éloignait, j’ai vu les soldats, la population, que je considère comme ma famille, retourner sans un mot silencieusement à l’intérieur de l’île. Mon cœur s’est alors tordu de douleur, comme si je les abandonnais», a confié le bonze supérieur Thich Giac Nghia. «La corne de brume du bateau exprimait mieux que quelconque autre chose le fait de se séparer, même si c’était de façon temporaire, car je savais que je retournerai auprès d’eux après le Têt traditionnel. J’ai eu les larmes aux yeux en pensant à eux», se souvient-t-il.

En effet, le bonze supérieur Thich Giac Nghia assume le poste de gérant de la pagode de l’île de Truong Sa Lon depuis avril 2012. Il est aujourd’hui un véritable père spirituel pour les soldats et la population du lieu appartenant à l’archipel de Truong Sa (Spratley).

Le bonze supérieur Thich Giac Nghia, alias Lê Van Xuân, est né en 1970 dans la province de Thua Thiên-Huê (Centre). Il se fait religieux en 1982, à l’âge de 12 ans. Après avoir suivi des études dans les écoles bouddhiques, il devient à 24 ans le gérant de la pagode Van Duc, puis celle de Phuoc Tri, toutes dans la ville balnéaire de Nha Trang (Centre).

«Perpétuer l’héritage de nos ancêtres»

Le bonze supérieur Thich Giac Nghia n’est pas seul à officier à la pagode de l’île de Truong Sa Lon. Le bonze supérieur Thich Ngô Thành est également à ses côtés. «Avant d’effectuer notre mission en cette terre sacrée du pays, nous avions tous deux participé à trois grandes cérémonies religieuses sur diverses îles que compte l’archipel de Truong Sa (deux en 2010, une en 2011), ce avec les autres bonzes supérieurs officiant dans les deux autres pagodes sur les îles de Song Tu Tây et de Sinh Tôn. Ces cérémonies ont réveillé en moi le sens de la responsabilité et du devoir vis-à-vis des habitants, des soldats présents sur l’archipel, et plus généralement du peuple et de la nation. C’est ainsi que j’ai décidé de postuler en qualité de gérant d’une pagode en ces lieux, de sorte de perpétuer, d’une certaine manière, l’héritage que nous ont légués nos ancêtres dans la défense de la souveraineté territoriale du pays. Et me voici !», a confié le bonze supérieur Thich Giac Nghia sur ce qui l’a motivé à venir en ce lieu.

Outre la pratique religieuse, le bonze supérieur Thich Giac Nghia enseigne le chant aux enfants insulaires.

On l’a bien compris, la présence de bonzes supérieurs sur l’archipel de Truong Sa est la plus nette affirmation de la souveraineté du Vietnam sur ce lieu, une terre sacrée du pays pour laquelle nos ancêtres n’ont pas hésité à se sacrifier.

De plus, le bonze supérieur Thich Giac Nghia affirme que la pratique des activités religieuses sur l’île profite en réalité à tous. Précisément, elles permettent de donner aux vivants - et aux soldats notamment - une vraie force sur le plan spirituel. Pour les défunts qui ont perdu la vie en mer, les grandes cérémonies religieuses aident leurs âmes à atteindre la délivrance.

Le sentiment humain prévaut sur tout

«Sur cette île, la vie est très difficile. Plus difficile que ce que j’imaginais avant d’y mettre les pieds... Éloigné de tout, l’on manque également de tout : électricité, eau douce, et ce malgré les importants investissements consentis pour améliorer la situation. Un bateau vient régulièrement apporter des denrées alimentaires, des légumes notamment, ainsi que d’autres produits de première nécessité pour les soldats et les habitants. Mais nous, les bonzes, ne nous soucions guère des questions matérielles. Seule la vie spirituelle compte réellement à nos yeux. Avec les autres bonzes de l’île de Song Tu Tây et l’île de Sinh Tôn, nous nous sommes portés volontaires pour séjourner dans les pagodes de l’archipel de Truong Sa. Personne ne nous a forcé la main !», a déclaré, déterminé, le bonze supérieur Thich Giac Nghia.

Le fait de pratiquer des activités religieuses sur l’île de Truong Sa Lon permet de tisser des liens très forts avec l’armée et la population locale. Ici, les gens vivent loin de leurs proches. «La question est de lier toute cette communauté. Pour cela, les sentiments que génère notre présence en cette terre pour une même cause sont le meilleur allié pour y parvenir», a-t-il partagé.

Une journée se déroule en général comme suit. Il organise trois séances de récitation d’extraits de livres liturgiques sur le bouddhisme : de 5 h à 7 h, de 9 h à 11 h, puis enfin de 15 h à 17 h. Entre temps, il consacre du temps pour aider les soldats à apprendre le Zen, de 7 h à 9 h, ainsi qu’à l’enseignement du Dharma.

«Je suis prêt à partager le bonheur avec l’armée et la population, des confidences avec les soldats, notamment avec ceux qui viennent d’arriver à Truong Sa. Je veux les aider à moins souffrir de l’éloignement du continent, de leurs proches. Je leur donne quelques menus conseils. Après les séances de récitation des livres liturgiques du bouddhisme, je rends visite aux soldats, aux habitants. J’apprends le chant aux petits enfants. Et je ne peux m’empêcher de me prendre d’affection pour eux», a souligné le bonze supérieur.

Thich Giac Nghia espère rester le plus longtemps possible sur l’île de Truong Sa Lon. Jusqu’à ce que sa santé le lui permette. Cet homme de conviction est un exemple à suivre, avec son sens du devoir et son abnégation pour cette terre qu’il chérit plus que tout.

Diêu An/CVN

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