Irak
Le Parlement veut expulser les Américains, roquettes tirées près de l'ambassade

Des roquettes se sont abattues dimanche soir 5 janvier près de l'ambassade américaine à Bagdad, peu après un vote du Parlement réclamant l'expulsion des troupes américaines du pays, encore sous le choc de l'assassinat du puissant général iranien Qassem Soleimani.

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Photo fournie par le bureau de presse du Premier ministre irakien montrant une séance du Parlement le 5 janvier à Bagdad.

Depuis la mort dans un raid américain vendredi 3 janvier en Irak du général Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, l'homme de l'Iran en Irak et numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires intégrés aux forces de sécurité, le monde entier redoute une déflagration.

D'un côté, Téhéran crie "vengeance" et promet une riposte "militaire", de l'autre, le président américain Donald Trump menace de détruire 52 sites "de très haut niveau et très importants pour l'Iran et la culture iranienne".

Dimanche soir 5 janvier, comme la veille, des roquettes se sont abattues près de l'ambassade américaine dans la Zone verte de Bagdad, sans faire de victimes, selon des témoins.

Depuis plus de deux mois, des dizaines de roquettes ont frappé des zones où se trouvent diplomates et militaires américains en Irak, tuant un sous-traitant américain fin décembre.

Au Parlement, en l'absence des députés kurdes et de la plupart des députés sunnites, de nombreux élus ont scandé "Non à l'Amérique !".

"Décision adoptée !"

Le cercueil d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi est porté par des Irakiens à Najaf, le 4 janvier.

Le chef du Parlement, Mohammed al-Halboussi, a ensuite lu une décision qui "contraint le gouvernement à préserver la souveraineté du pays en retirant sa demande d'aide" au Conseil de sécurité de l'ONU pour combattre le groupe jihadiste État islamique (EI) (et donc à retirer son invitation à la coalition internationale).

Cette dernière a déjà dit avoir "suspendu" le combat contre l'EI, car elle se consacre désormais "totalement" à la protection de ses troupes.

Dans le brouhaha, alors que parmi les 168 députés présents (sur 329) certains réclamaient un vote, M. Halboussi a annoncé : "décision adoptée !" avant de se retirer.

Un vote salué par l'Iran qui a estimé qu'"avec l’adoption de cette loi, le maintien de la présence américaine en Irak équivaut à une occupation".

Les Brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, avaient appelé samedi 4 janvier les soldats irakiens à s'éloigner "d'au moins 1.000 mètres" des sites où sont présents des soldats américains à partir de dimanche soir 5 janvier, sous-entendant que ces sites pourraient être la cible d'attaques.

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, dont le pays compte 5.200 soldats en Irak, a estimé qu'il y avait de "grandes chances" que l'Iran s'en prenne aux forces américaines en Irak ou en Syrie.

Le mouvement chiite libanais Hezbollah a affirmé de son côté que l'armée américaine "paierait le prix de l'assassinat" de Soleimani.

Face à la montée des tensions, Washington avait annoncé récemment le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.

Dénonçant des "violations de la souveraineté de l'Irak", Bagdad a annoncé dimanche 5 janvier avoir convoqué l'ambassadeur américain et porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les morts de Soleimani et Mouhandis ont suscité une immense émotion en Irak et en Iran.

Dimanche 5 janvier, une marée humaine d'hommes et de femmes en pleurs cirant "Mort à l'Amérique" a déferlé dans plusieurs villes d'Iran, notamment la cité sainte chiite de Machhad (Nord-Est) où le cercueil de Soleimani est arrivé.

Les "deux occupants"

Photo fournie par l'agence de presse du Parlement iranien montrant des députés crier "mort à l'Amérique" le 5 janvier à Téhéran.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les tensions entre Washington et Téhéran n'ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral des États-Unis d'un accord conclu en 2015, assorti du retour de lourdes sanctions américaines contre Téhéran. Un an après ce retrait, l'Iran a commencé à s'affranchir de certains des engagements pris dans le cadre de l'accord destiné limiter son programme nucléaire.

L'Iran a annoncé dimanche 5 janvier la "cinquième et dernière phase" de ce plan de réduction de ses engagements, affirmant qu'il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite "sur le nombre de ses centrifugeuses".

Téhéran avait indiqué plus tôt que son annonce "tiendrait compte" de la "situation nouvelle" créée par l'assassinat du général.

Le pays a cependant indiqué qu'il continuerait à se soumettre volontairement au programme d'inspection particulièrement draconien mis en place à la suite de l'accord de 2015 sur le nucléraire iranien.

Donald Trump a justifié l'assassinat de Soleimani en assurant qu'il préparait des attaques "imminentes" contre diplomates et militaires américains.

Après la mort du général iranien, "ce n'est plus une guerre par procuration, c'est une guerre directe", assure Erica Gaston, spécialiste de l'Iran à la New America Foundation.

Le président français Emmanuel Macron a assuré Donald Trump de "son entière solidarité avec les alliés" et appelé l'Iran à s’abstenir "de toute mesure d'escalade militaire susceptible d’aggraver encore l'instabilité régionale".

Avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, il a convenu de "travailler ensemble pour réduire les tensions dans la région", selon Berlin.

AFP/VNA/CVN

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