Strasbourg
Le Parlement européen devient centre de dépistage du coronavirus

En lieu et place d'eurodéputés en costume ou en tailleur et de leurs assistants pressés, des blouses blanches et des visages masqués : le Parlement européen à Strasbourg est devenu un vaste centre de dépistage du coronavirus pouvant réaliser 2.000 tests par jour.

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Un homme attend pour se faire dépister, dans le centre COVID installé au sein du Parlement européen, à Strasbourg, le 12 mai
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le médecin nous a envoyé par sécurité, car nous avons été en contact avec un porteur (du virus) asymptomatique", explique Philippe, 62 ans, venu se faire tester avec son épouse. "Cela peut rassurer et peut éviter d'aller contaminer quelqu'un d'autre", ajoute-t-il.

Au pied des drapeaux des 27 pays de l'Union européenne flottant au vent devant l'imposant bâtiment circulaire qui abrite l'hémicycle du Parlement, des pompiers ont pris place dans une tente. Ils s'assurent que les personnes venues se faire tester, sur prescription et rendez-vous, ne présentent pas de symptômes de la maladie.

En cas de fièvre, de toux ou autre, le patient sera placé à l'écart et mis en contact avec SOS Médecins. Ceux sans symptôme peuvent descendre la longue rampe d'accès normalement empruntée par les berlines ou vans des membres du Parlement européen puis rejoindre... la cantine.

Recherche des "personnes contact"

De multiples cloisons blanches ont remplacé les tables du self, pour former vingt-et-un boxes occupés par quatre laboratoires d'analyses. D'abord le box du secrétariat avec bureaux et parois de protection, puis celui où le prélèvement est réalisé : on libère son nez du masque, on se mouche, un écouvillon est enfoncé dans chaque narine, mis dans un double sac plastique, et c'est terminé. Au bout de quelques minutes, le patient peut ressortir par l'autre côté de la cantine. D'ici environ 24 heures, il saura s'il est porteur du virus ou pas.

"Nous avons mis une signalétique adaptée pour que les personnes qui sortent du bâtiment ne croisent pas les personnes qui entrent", explique Alexandra De Wael, ingénieur bâtiment du Parlement européen, dont le travail s'est fait en collaboration avec la préfecture du Bas-Rhin, l'Agence régionale de santé (ARS) et la ville.

Début avril, le président du Parlement européen, l'Italien David Sassoli, avait proposé qu'à défaut de sessions plénières mensuelles des eurodéputés, l'immense bâtiment strasbourgeois soit mis à disposition pour aider dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus.

Prise d'échantillons sur un patient pour détecter une éventuelle contamination au COVID-19, le 12 mai au Parlement européen de Strasbourg
Photo : AFP/VNA/CVN

Lundi 11 mai, journée de démarrage du centre, une petite quinzaine de personnes ont été testées. La montée en puissance devrait se faire au fur et à mesure que vont s'étendre les recherches des "personnes contact", c'est-à-dire ayant été à proximité d'une personne malade au moins quinze minutes sans protection.

Tester en masse

"Pour un patient symptomatique, on risque de devoir détecter une vingtaine de personnes contact, donc cela risque de faire un très gros afflux", explique Pascal Wittersheim, pharmacien biologiste du laboratoire Biogroup. Les tests réalisés au Parlement européen sont des tests dits PCR, qui permettent de détecter si l'on est porteur du virus au jour du test. Celui-ci doit être fait dans la semaine qui suit le contact avec la personne malade.

La région Grand-Est va pouvoir faire désormais jusqu'à 18.000 de ces tests par jour sur 220 lieux de prélèvement. Avec 2.000 prélèvements possibles, le centre du Parlement européen a la plus forte capacité. "L'objectif était de pouvoir tester dans certains endroits en masse, c'est le cas ici", souligne Virginie Cayré, directrice générale adjointe de l'ARS Grand Est.

Mais "on espère ne pas l'utiliser à pleine capacité", relève Stéphanie Jaeggy, déléguée territoriale adjointe ARS Bas-Rhin. Cela serait un mauvais signe sur le ralentissement de l'épidémie et le respect des gestes barrière. Pour le Dr Dan Sellam, président de SOS Médecins Strasbourg, "ce qui est très important est d'arriver à bien détecter les patients, à les suivre et à les isoler de la population générale". "En espérant que cela suffise et qu'on puisse reprendre une vie un peu plus normale", ajoute-t-il. Mais "le COVID nous a appris la prudence médicale", pointe-t-il.

Le Parlement européen, dont des cuisines servent en parallèle à préparer 500 repas quotidiens pour des personnes dans le besoin, a prêté ses locaux en principe jusqu'à fin juillet. En septembre, les eurodéputés devraient être de retour.


AFP/VNA/CVN

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