Le paradis terrestre existe au Tây Nguyên

Le jardin de Troh Bu doit sa renommée à ses orchidées et aussi à quelques objets insolites. Son propriétaire et créateur, Dô Tuân Hung, agrégé d’agronomie, surnomme ce site "Le paradis terrestre".

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Dô Tuân Hung et ses orchidées.
Photo: Thiên Nga/CVN

Pas très loin de Buôn Dôn, le célèbre village aux éléphants de la province de Dak Lak, sur les hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên), le jardin de Troh Bu apparaît luxuriant, refuge de milliers d’orchidées en fleurs. Des centaines d’espèces aux charmes bien différents.

Ce jardin fleuri et parfumé appartient à Dô Tuân Hung, un agronome agrégé, amoureux des orchidées. À l’origine, c’était une vaste étendue de terre inculte qu’il a achetée, en 1995, avec l’ambition de la transformer en un "poumon vert", puis en un site touristique original, caractérisé par des orchidées - fleurs emblématiques des forêts et montagnes.

Troh Bu, en langue Ê Đê, veut dire "le ravin d’ophiocéphales maculés". Selon les anciens, autrefois, à l’arrivée de la saison des pluies, cette espèce de poisson maculé affluait en masse dans ce ravin où elle se multipliait rapidement. Pourtant, il y a une vingtaine d’années, la sècheresse a tari cet endroit, le transformant en une terre stérile et couverte de crevasses, notamment pendant la saison sèche.

Un rêve devenu réalité

Originaire de la ville de Buôn Ma Thuôt, province de Dak Lak, Dô Tuân Hung est passionné par les orchidées depuis son enfance. Sortant de l’Université d’agronomie avec un diplôme mention bien, il revint dans sa ville natale où il se consacra à la culture et au développement du caféier, la principale plante industrielle du Tây Nguyên. Les affaires n’étant pas aussi florissantes qu’il l’aurait souhaité, Tuân Hung décida donc de se diversifier, en créant un secteur de conservation d’espèces végétales et en s’investissant dans le tourisme vert. Soutenu par ses parents, il a vendu ses 2.000 m² de caféiers près de la ville pour acquérir 5 ha de terre aride dans le ravin de Troh Bu. Le début a été difficile, avec des travaux pénibles nécessitant de gros investissements: reboiser le ravin en plantant des milliers de jeunes plants, creuser des puits et des mares, installer un réseau d’arrosage automatique…

En plus de ses heures de travail au bureau, l’agronome se consacrait corps et âme à ce projet, y donnant tout ce qu’il avait: efforts, argent, temps libres… "Heureusement, ma femme ne s’est jamais plainte et m’a toujours encouragé à matérialiser mon rêve", confie-t-il. Comme récompense à son engagement total, peu à peu, la forêt a pris forme, et la verdure a regagné ses droits sur ce terrain autrefois aride.

La plus grande pirogue en bois précieux de Dô Tuân Hung est inscrite dans le Livre des records Guiness Vietnam.
Photo: Thiên Nga/CVN

Pour se procurer plus de fonds et poursuivre son ouvrage, Tuân Hung a dû vendre 3 de ses 5 ha. Exploitant le fait que le type d’arbres plantés possédait un feuillage clairsemé, il a eu l’idée d’y introduire des orchidées, fleurs qu’il adorait. Aussitôt dit aussitôt fait. Lors de ses temps libres, il n’hésitait pas à s’immerger dans les forêts profondes, du nord à l’est sur la cordillère de Truong Son, pour chercher des pieds d’orchidées accrochés aux arbres séculaires. De plus, il a pu aussi se procurer des orchidées d’espèces exotiques. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Le jardin d’orchidées de Dô Tuân Hung s’est enrichi au fil des ans. Les chiffres actuels sont impressionnants: plus de 10.000 pieds d’orchidées épiphytes (relevant de 215 espèces différentes) déjà greffés sur de grands troncs d’arbres, 1.000 pieds d’orchidées terrestres (de 20 espèces) cultivées ici et là partout dans le jardin. Sans oublier plusieurs milliers d’espèces de fleurs diverses.

Trois records pour un jardin

Du point de vue de l’esthétique paysagère, ce jardin d’orchidées n’a rien à envier à d’autres jardins plus célèbres. Nombreuses sont les statues en bois très "vivantes" qui sont installées le long des allées longitudinales et transversales de ce site fleuri et parfumé toute l’année. On comprend pourquoi Troh Bu s’est transformé en un petit "paradis terrestre", qui fait la fierté des habitants de Dak Lak.

Désormais, ce site, qui porte nombre de noms évocateurs donnés par ses admirateurs comme "Troh Bus botanic garden", "le jardin en fleurs", "la collection d’orchidées extraordinaire du Tây Nguyên", "le secteur national de conservation d’orchidées"..., est devenu une destination très appréciée des touristes.

Outre les fleurs, on se plaît à y découvrir des objets rares et impressionnants. À remarquer notamment: deux anciens et gigantesques lithophones (instrument de musique formé de plaques de pierres de différentes longueurs), d’une quarantaine de plaques chacun; une vieille et colossale pirogue, creusée dans un seul tronc d’arbre, mesurant 9 m de long et 1 m de large. Ces objets originaux, Dô Tuân Hung les a achetés à des membres d’ethnies minoritaires. "Enfouies longtemps sous la terre, ces barres de pierre résonnantes ont été trouvées par un paysan alors qu’il creusait un étang dans sa plantation de caféiers près de la forêt de Troh Bu", raconte Dô Tuân Hung. Pour la pirogue, son propriétaire, qui ne voulait pas la quitter, avait refusé l’offre de plusieurs musées. "Mais, par admiration pour mon jardin d’orchidées, il a été d’accord pour me céder son trésor".

D’un ton plein de fierté, Dô Tuân Hung révèle qu’en mai 2017, le jardin de Troh Bu a eu l’honneur d’être inscrit au Livre des records Guiness Vietnam, pour trois de ces œuvres: la plus grande collection d’orchidées du pays, la plus grande pirogue en bois précieux, et le lithophone ancien ayant le plus grand nombre de plaques de pierres résonnantes. À visiter absolument!


NGHIA ÐÀN/CVN

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