Le marché du travail se réveille après le déconfinement

La 4e vague épidémique a gravement affecté la production, le commerce et la vie de la population. Avec la réouverture totale de l’économie, les entreprises s’activent pour reprendre le plus rapidement possible leurs activités et faire revenir leurs travailleurs.

La province de Binh Duong (Sud) aura besoin d’au moins 40.000 ouvriers ces prochains mois
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN

En raison de la flambée de l’épidémie, le grand nombre de travailleurs quittant les grandes villes pour retourner dans leurs régions natales a mis davantage de pression sur le marché de l’emploi. Malgré la "nouvelle normalité", beaucoup d’entre eux ne sont pas retournés au travail, créant de graves pénuries dans certaines professions.

Pénurie de main-d’œuvre

Le 4e trimestre est généralement le moment où les entreprises fonctionnent à plein régime pour achever les commandes. Toutefois, depuis début novembre, il est difficile de rétablir les capacités de production en raison du manque de main-d’œuvre. Il faudra peut-être un an ou plus pour que le marché du travail revienne à la normale. Le secteur du tourisme est le plus durement touché.

En 2020 et au cours des trois premiers trimestres de 2021, 90% des voyagistes ont suspendu leurs activités. Les employés ont dû changer d’emploi. Selon les prévisions, il faudra environ cinq ans pour rétablir ce secteur.

D'après le Département de l’emploi, la période de distanciation sociale prolongée a poussé de nombreux travailleurs migrants à retourner dans leurs localités d’origine. Dans le Sud, à Hô Chi Minh-Ville, Dông Nai et Binh Duong, 70% à 80% de la main-d’œuvre a repris le travail. Les entreprises doivent recruter des dizaines de milliers de travailleurs supplémentaires afin de répondre aux commandes, notamment dans les secteurs du textile-habillement, des chaussures en cuir, de l’ameublement, de l’électronique et des services.

Selon la Direction de la Compagnie par actions de confection Viêt Thang (ville de Thu Duc, Hô Chi Minh-Ville), le taux d’ouvriers ayant repris le travail n’est que de 80%. Certains travailleurs migrants qui sont retournés dans leurs régions d’origine ont retrouvé de l’emploi sur place. Et des femmes ont cessé de travailler pour rester à la maison afin de s’occuper de leurs enfants qui doivent suivre leurs études en ligne à domicile.

Si la compagnie Viêt Thang a pris de nombreuses mesures pour compenser les employés absents, elle peine cependant à recruter pour répondre à ses besoins. "Malgré nos efforts, nous n’avons embauché qu’une dizaine d’ouvriers alors que les commandes augmentent. Les matières premières continuent de s’entasser dans les entrepôts. Si la pénurie de main-d’œuvre dure longtemps, notamment en travailleurs qualifiés, nous perdrons des commandes", a soupiré Dàm Minh Hoa, présidente du Syndicat de la compagnie Viêt Thang.

"Les entreprises textiles ont reçu des commandes pour le 4e trimestre 2021 et début 2022, mais elles craignent que lorsque la production reprendra, elles ne pourront rappeler qu’environ 60% de leurs travailleurs. Cela retardera le calendrier de livraison et affectera les exportations", a expliqué le président de l’Association vietnamienne du textile et de l’habillement, Vu Duc Giang.

Une situation sanitaire loin d’être maîtrisée

Parallèlement à la pénurie de travailleurs, les entreprises de Hô Chi Minh-Ville s’inquiètent également de la situation compliquée de l’épidémie avec un rebond du nombre de cas de COVID-19.

Il est nécessaire de mettre en œuvre les mesures de prévention du COVID-19 afin de préserver la santé et la sécurité des travailleurs.
Photo : VNA/CVN

"Dans les usines de la ville, de 80% à 90% des ouvriers sont revenus travailler. Dans les provinces voisines comme Dông Nai, Binh Duong, Long An..., ils sont également retournés au travail. D’ici la fin de l’année, si les usines augmentent leurs capacités, la main-d’œuvre manquera", a averti Lê Minh Tân, directeur du Service municipal du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales.

À présent, environ 134.000 ouvriers sont rentrés à Hô Chi Minh-Ville pour travailler dans les zones franches et industrielles. À cela s’ajoutent 5.000 autres revenus travailler dans les arrondissements, districts et la ville de Thu Duc. Ce sont donc près de 140.000 personnes qui sont revenues en ville après la longue période de distanciation sociale.

D’après le Service du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales de Binh Duong, grâce aux solutions flexibles et au soutien actif de la localité, la situation de l’emploi dans les entreprises est fondamentalement stable.

"Les entreprises rétablissent leurs activités en respectant les mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie. Si la production est efficace, en décembre et les premiers mois de l’année 2022, Binh Duong aura besoin de 30.000-40.000 travailleurs dans les secteurs des chaussures en cuir, du textile-habillement, de l’électronique, du bois, de l’alimentation, du commerce et des services", a souligné Pham Van Tuyên, directeur adjoint du Service provincial du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales.

À Dông Nai, à cause de plus de trois mois de distanciation sociale, 50.000 à 60.000 tra-vailleurs ont rompu leur contrat pour retourner dans leurs provinces natales. Actuellement, le taux de salariés retournant au travail est assez élevé (plus de 85%). Quelque 1.872 entreprises ont rouvert avec plus de 610.000 travailleurs à leur poste.

Les quelque 300 entreprises de Dông Nai ont besoin de recruter 48.000 employés pour rétablir la production et répondre aux commandes afin de compenser plus de trois mois de suspension d’activités.

Besoin de travailleurs qualifiés

Le déséquilibre entre l’offre et la demande en matière de main-d’œuvre existe encore entre les régions et les secteurs économiques. Les ressources humaines sont principalement concentrées dans le delta du fleuve Rouge, la partie Nord et la région côtière du Centre et le delta du Mékong tandis que la Région économique clé du Sud-Est en manque gravement.

Toutefois, il y a un fort besoin de ressources humaines bien formées. Or le taux de travailleurs dotés de diplômes et de certificats était de seulement 24,5% en 2020.

La production doit respecter les mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie
Photo : Bùi Lanh/VNA/CVN

La plupart des entreprises ont réduit leur production et certaines ont même mis en pause leurs activités à cause de la propagation de l’épidémie de COVID-19. Selon le ministère du Plan et de l’Investissement, 85.500 entreprises se sont retirées du marché au cours des huit premiers mois de 2021, en hausse de 24,2% par rapport à la même période de l’an dernier. Parmi elles, 43.200 se sont déclarées en suspension temporaire d’activité, soit 50,5% du total. Plus de 90% des entreprises textiles, du cuir et de la chaussure ainsi que de l’électronique ont dû arrêter leur production.

Selon l’Office général des statistiques, les salariés de 15 ans et plus ayant un emploi au deuxième trimestre de 2021 étaient au nombre de 49,9 mil-lions, soit 65.000 de moins qu’au premier trimestre. Au 1er août 2021, le nombre d’employés dans les entreprises industrielles avait diminué de 5,3% en glissement mensuel et de 10,6% en glissement annuel.

La pandémie a ainsi causé de graves difficultés en matière d’emploi, de moyens de subsistance pour de nombreux travailleurs, en particulier migrants, et ce bien que plusieurs mesures d’aide du gouvernement aient été prises. D’après les données de l’Office général des statistiques, au deuxième trimestre 2021, dans tous les pays, environ 12,8 millions de personnes de 15 ans et plus ont été des victimes collatérales de la pandémie, c’est-à-dire ont perdu leur emploi, pris des congés ou ont vu leurs revenus baisser.

L’enquête sur l’impact du COVID-19 sur l’emploi et le marché du travail, menée par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI) en juillet 2021, a montré que le plus grand risque pour les entreprises vient de la pénurie de main-d’œuvre.

Les ressources humaines, défi crucial

Pour relancer la chaîne d’ap-provisionnement en matières premières, les entreprises n’ont besoin que de trois à six mois, mais pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, le processus pourrait prendre de six mois à un an. "Il est actuellement très difficile pour les entreprises d’attirer des travailleurs", a déploré Vu Tiên Lôc, ancien président de la VCCI.

Selon le rapport de l’Office général des statistiques, le développement compliqué de la pandémie a poussé le taux de chômage au troisième trimestre 2021 à son plus haut niveau depuis dix ans. Les chômeurs au cours de cette période ont été plus de 1,8 mil-lion, soit 700.300 de plus qu’au deuxième trimestre et 620.000 de plus en glissement annuel. Au cours des neuf premiers mois de l’année, ce sont plus de 1,3 million de travailleurs qui sont rentrés dans leur localité d’origine.

Pham Xuân Hông, président de l’Association du textile et de la broderie de Hô Chi Minh-Ville, a déclaré qu’il était aujourd’hui plus facile pour les PME de trouver des employés que pour les grandes entreprises, nationales et étrangères, de plus de 1.000 employés. Cette situation perdure alors même que les grands groupes comme Samsung ou Intel se sont fixés comme objectif de rétablir complètement le fonctionnement de leurs usines de Hô Chi Minh-Ville vers la fin novembre. En juillet, Samsung avait fermé 3 de ses 16 usines à la technopole de Hô Chi Minh-Ville et plus de la moitié des travailleurs du complexe Samsung HCMC CE avaient été licenciés.

Mai Huong - Diêu Thúy/CVN

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