"Le jeu de la dame", série royale pour un fabricant espagnol d’échiquiers

Dans l’usine de David Ferrer, les ouvriers s’activent à la coupe et à la couture de fines lames de bois pour fabriquer des échiquiers. Ces plateaux de jeu "made in Spain" s’arrachent depuis la série "Le jeu de la dame".

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Dans l’usine Rechapados Ferrer à La Garriga, près de Barcelone.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous n’avons jamais connu un tel boom de la demande d’échiquiers", affirme le gérant débordé de Rechapados Ferrer, une petite entreprise familiale située à La Garriga, dans le Nord-Est de l’Espagne, dans la zone industrielle autour de Barcelone.

L’intérêt pour le jeu de société suscité par la mini-série primée de Netflix et l’apparition de certains de ses plateaux artisanaux dans certaines scènes ont généré un tel bond des commandes qu’ils commencent déjà à programmer la production pour 2022.

De pères en fils

"En un an, nous fabriquons environ 20.000 unités d’échiquiers. Grâce à la série, nous avons reçu des commandes pour plus de 40.000 unités et il reste encore de nombreux mois avant la fin de l’année", se réjouit David Ferrer, 30 ans.

Cette petite entreprise de 14 employés a été fondée par ses grands-parents dans les années 1950 pour fournir des placages de bois pour les meubles. Ce n’est que dix ans plus tard qu’elle a commencé à produire des échiquiers.

"Si mes parents pouvaient voir ça...", plaisante Joan Ferrer, père de David et fils du fondateur. Il revoit encore ses parents, à leurs débuts, "dans une petite pièce, cousant et coupant les bandes de bois". Leur seul client était au départ un fabricant de pièces d’échecs voisin, la clientèle s’est ensuite étendue à toute l’Espagne, puis au monde entier.

Aujourd’hui, 98% de leurs produits partent à l’exportation, certains pour des tournois et des championnats mondiaux. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils n’ont pas été surpris de découvrir leurs planches dans la série.

Un employé de Rechapados Ferrer vérifie la finition d’un échiquier, à La Garriga, près de Barcelone.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans le dernier épisode, lorsque la jeune prodige Beth Harmon joue contre le champion du monde russe Vasily Borgov, ses yeux sont fixés sur le plateau, avec un élégant cadre en bois noir et un filet de marqueterie jaune et rouge. "Il y a des plateaux très spéciaux que nous sommes les seuls à fabriquer et ce plateau était le nôtre, à 100%", explique le responsable de production Miguel Berbel.

Le damier qui apparaît à l’écran a été spécialement imaginé pour le premier client international de l’entreprise, un distributeur de jeux de société à Berlin... où a été tournée une partie de la série.

"Nous étions déjà apparus dans d’autres films et séries, donc j’étais excité (...) Je ne m’attendais pas du tout à cette répercussion", reconnaît Ferrer.

Perfection

Depuis, "la demande est folle. Nous recevons des courriels en permanence et nous n’arrivons pas à répondre à tous", constate Miguel Berbel.

Les commandes avaient déjà commencé à augmenter avec le confinement au printemps, au cours duquel beaucoup ont redécouvert l’attrait des jeux de société. Elles ont explosé avec la série, qui les a obligés à embaucher trois personnes supplémentaires.

"Mais pour y répondre, nous devrions doubler ou tripler le personnel. Et nous ne voulons pas entrer là-dedans, car nous ne savons pas combien de temps cela va durer", déclare M. Ferrer. Car la fabrication d’une planche est lente et artisanale. Un ouvrier sélectionne du bois de haute qualité et le découpe en feuilles fines et longues de couleurs claires et foncées.

À l’aide d’une machine, un autre artisan les coud ensemble avec un fil collant, en vérifiant à chaque étape qu’aucun rayon de lumière ne passe entre elles. En découpant et recollant les feuil-les, il réalise la grille d’échecs, qui est ensuite pressée sur du bois aggloméré, puis vernie avant d’être emballée.

"Nous accordons beaucoup d’atten-tion à la finition, nous essayons d’atteindre la perfection", explique Oscar Martinez, artisan de 40 ans.

Former ces manufacturiers de damiers prend "quatre à cinq ans", précise David Ferrer, qui veut laisser sa firme se développer "naturellement". "C’est un travail très artisanal, tout prend du temps. C’est un métier", résume-t-il.


AFP/VNA/CVN

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